Cher Riri,
Nous sommes très enthousiastes, l'un l'autre, à la simple idée de pouvoir collaborer, oui, mais avec un allié de choix. Le projet
"Simulation de crise chez Prod'Artaud" répond à une demande de curiosité comme le visiteur achète un billet pour la galerie des monstres.
Bienvenue, donc,
au muséum d'histoires naturelles des producteurs de GM. Le projet suscite une passion pour ce jeu. Nous en espérons des commentaires de même calibre. Et déjà, ici un 3 étoiles, là pousse un 0 étoile. Non vraiment quelle curiosité !
La production
MORCAR déclare ne plus s'amuser et nous prend personnellement à parti. La guerre que nous avons lancée est psychologique et nous pratiquons la torture sur des boucs émissaires de choix. Nous cherchons à ébranler et à remettre en question certains acquis ! En lançant cette bataille, due au départ de Rrose Sélavy, nous savions que nous la perdrions. Le "Cinéma innovant, d'avant-garde et d'auteur" contre "le cinéma de foire, divertissant et visuel", ne s'entendront jamais tout comme la pensée et l'acte. Il s'agit de deux mondes égaux et différents, si différents qu'il convient parfois mieux de les distinguer.
Dans cette bataille, tout n'est que rôle bien sûr. Rrose Sélavy, le loufdingue manipulé ; Marcel Duchampignon, le totalitaire paranoïaque et, bientôt, Nando Arrabal, l'increvable ancien SS reconverti dans la diplomatie. Même nos convictions jouent la comédie : n'oublions pas que nous sommes dans la ville des masques !
Assurément, nous espérons un jour sortir de la petite mégalomanie qui nous tiraille. Mais pour l'heure, Prod'Artaud traverse une crise et c'est en proposant cette dernière oeuvre qu'elle ouvre le champagne.
Alors c'est quoi cette oeuvre ? Une chose est sûre : celui qui prend au sérieux et reste dans les rails droits de la convention sera déçu. Nous avons beaucoup de sincérité et de nos convictions que nous avons choisi, a posteriori, de tourner en ridicule. A la base, c'est vrai, nous voulions rendre un projet vide mais nous nous sommes dit que, tant qu'à perdre notre rang, bousillons toutes les statistiques.
Nous ne voulions pas de discrétion. Cela est pour les modestes et les humbles qui sont des valeurs de pauvres d'esprit. Alors il nous faut zigzaguer entre "Nous voulons voir grand pour GM" et "il ne faut pas péter plus haut que son cul" (en plus ça tâche ton joli pull).
Oui nous fonctionnons à tâtons, un peu aveugle. Nous fonctionnons par déductions et ne sommes sûrs de rien. A notre passage, même la terre devient molle comme un tableau de Dali.
Alors c'est quoi cette oeuvre ? Ce n'est pas un film ! Il n'y a que des références punk, pop'art et dada. Nous ne sommes ni anarchistes de droite ni nihilistes. Nous espérons que, par exemple, d'ici deux ans, nous ferons une biographie acceptable sur Marc-Edouard Nabe et Jean-Edern Hallier.
Alors cette oeuvre c'est quoi ? Le projet signifie aussi, et dorénavant, que vous, Riri, seul vous, avez
5 millions de $ (incompressible) dans notre maison. Cela signifie encore que nous devrons vous inclure dans un projet de série A par an. Cela veut dire aussi qu'à partir d'une de vos idées - y compris concours - développer un film qui symbolisera nos échanges culturels. Cela dit, nous vous assurons que ce n'est pas sans contrepartie : nous n'avons pas le même pouvoir dans votre maison et nous ne voulons pas de ce pouvoir. Nous désirons que vous sortiez un film qui nous serait dédié comme vous aviez prévu de le faire. Nous désirons aussi que nous fixions ensemble une quantité de projets et de réalisation par année. Est-ce si présomptueux ? ... oui - et ça a de la gueule ainsi.
Alors c'est oeuvre c'est quoi ? C'est un projet où la critique peut détruire le projet comme une pinata. Si on met 5 étoiles, on a rien compris car il ne rentre pas dans les conventions de GérardMerveille. Une telle note est une insulte pour tous les autres concurrents ! Si on met un zéro pointé, c'est que le projet a été pris au sérieux sur la forme et sur le fond et on a rien compris aussi.
Alors cette oeuvre c'est quoi ?
C'est la plus belle leçon qu'un projet puisse transmettre à son public et aux autres producteurs : puisque toutes les cabrioles, ne fonctionne pas, puisque ni la langue ni l'acte ne peut contrarier cette provocation, il faut user d'humour, il faut relativiser, prendre du recul - ce qui vient en parfait décalage avec la passion qu'il y a dans le film. Votre critique, Riri, peut devenir le calme après la tempête.
Alors cette oeuvre, c'est quoi ?
Dis, papa, c'est quoi cette bouteille de lait ?
Le Camarade Olivier.
PS : On ne dit plus PS mais Ségolène.
Ségolène : Vous adorez notre affiche ? Nous l'aimons beaucoup aussi mais elle mériterait d'être mieux traitée. Elle est pleine d'influences (pop et constructiviste). Trop primitive dans son traitement cela dit, dommage. Nous ne voulions pas d'un packaging, nous voulions pas être noté pour l'affiche.