En furetant dimanche après-midi au vidéo club de mon quartier dans l'idée de louer une bonne grosse bouse américaine pétée de tunes et bourrée d'incohérences (les merdes, je les cultive en vidéo !), j'ai la surprise de constater que toutes les nouveautés sont sorties : normal, c'est le week-end, les gens aiment bien mâter du cinéma formaté sur leur grosse télé HD, ou pire, leur plasma...
Déçu, je me rabat alors vers du vrai cinoche, celui fait avec des tripes et des sentiments, et là, que vois-je tout en bas de l'étagère consacrée aux nouveautés ? Deux vignettes en plastiques m'indiquant que 2 DVDs sont encore dispo. Faut comprendre, l'étagère est vide de chez vide à l'exception de ces deux pauvres petites vignettes glissées tout en bas comme si les tenanciers de la boutique n'avaient aucun espoir de les louer. Je prends un des boîtiers et lis le titre :
BUG.
Tiens, le dernier Friedkin que j'ai raté en salles, cool, je vais le mâter avec ma femme, elle qui en a marre que je lui montre des films de tarés !
Et bien, autant le dire tout de suite, ce fut une ENORME claque dans nos gueules !! Il y avait bien longtemps que je n'avais pas vu un film aussi intense, aussi puissant, aussi troublant, le genre de film qui vous fout le malaise tout le long mais qui vous subjugue en même temps. Une plongée cauchemardesque de 90 minutes au coeur de la folie humaine, un film totalement schizophrénique interprêtée quasiment par seulement deux comédiens,
Ashley Judd que je n'avais pas revu depuis quelques années, et
Michael Shannon que je ne connaissais pas. Ces deux là sont formidables et nous livrent une prestation inoubliable ! Complètement investis dans leur rôle, habités comme jamais, du grand acting comme on en voit peu ; pour moi, c'est un oscar chacun !!
Plaisant de voir qu'à plus de 70 ans, William Friedkin en a encore dans le calcif ! Son film est un véritable chef d'oeuvre, émotionnellement puissant et terriblement dérangeant, un huit-clos monstrueux (dans tous les sens du terme) où se mêle terreur, tension, angoisse et paranoïa, accompagnés d'une violence physique et psychologique inouïe. Un modèle de mise en scène, sobre et intelligente, où vient également se mêler une pointe de fantastique...
Un film a ne définitivement pas mettre entre toutes les mains, mais qui vous captivera jusqu'à l'incroyable dénouement final. Véritable film d'auteur, Bug est une pure névrose autant qu'un film de malade mental !