Bon, moi aussi j'ai vu The Grand Budapest Hotel, ou plutôt, je suis parvenu à le voir ...
Je m'explique ...
Wes Anderson est un des metteurs en scène en activité que j'affectionne le plus, et donc j'attendais assez logiquement son nouveau film. Et puis il y a un mois, j'ai vu que mon cinéma organisait une avant-première du film en la présence de Wes Anderson lui-même. J'avais demandé à mon père de me prendre ma place pour cette AVP, étant donné que j'étais en cours à l'heure de la mise en vente, mais il n'y en avait plus lorsqu'il s'y est rendu. Tout avait été vendu en quelques minutes. Je me suis renseigné, et j'ai appris qu'une seconde AVP avait lieu le même soir, à l'Institut Lumière (là où le cinéma fut), encore une fois avec un discours d'Anderson pour clôturer la séance. Et quelle chance, la vente des billets avait été interrompue et devait reprendre le soir de la projection !
Le soir de la projection, il y a un peu plus de deux semaines, je me rends donc au fameux institut, trois heures avant le début du film. Je patiente gentiment avec mes amis. Quelques minutes avant la séance, l'hôtesse annonce que nous aurons surement une place sur les escaliers (à coût réduit). La file fond, nous nous approchons des caisses, nous sommes désormais à moins de deux mètres du précieux sésame ET LÀ, on nous annonce qu'il n'y a plus aucune place, que l'on doit partir. Et comble de la VDM, on voit Wes Anderson entrer dans la scène de cinéma à quelques mètres de nous ...
Et puis mercredi dernier, lors de la sortie du film, accompagné des mêmes potes, je me précipite au cinéma pour ENFIN découvrir le film. Au bout de 40 minutes, je regarde mon téléphone et je découvre un appel en absence de la personne m'employant comme babysitter ... J'ai oublié que je devais travailler cet après-midi ... Je sors donc immédiatement de la salle, laissant mes amis savourer leur séance ...
ET PUIS AUJOURD'HUI,
MIRACLE, J'AI ÉTÉ VOIR LE FILM INTÉGRALEMENT !
Avis - Encore une perle née de l'imagination folle de Wes Anderson ! Le metteur en scène rassemble ses plus fidèles collaborateurs (Bill Murray, Owen Wilson, Jason Schwartzman, Willem Dafoe, Adrien Brody, ...), et quelques nouveaux (Ralph Fiennes, Mathieu Amalric, Jude Law, F. Murray Abraham, ...) dans ce film choral absolument irrésistible. Comme toujours, il cultive une esthétique qui lui est propre (symétries parfaite dans des plans excessivement travaillés, surréalisme des situations, références à foison), et introduit une chose nouvelle à son cinéma que nous n'attendions pas : de la noirceur. La succession d'intrigues, trouvant leur place dans différents récits enchâssés, confère au film un véritable dynamisme. Ce film aurait pu être le meilleur du réalisateur-maniaque mais manque malheureusement parfois d'émotion. Là où
The Royal Tennenbaums ou
Moonrise Kingdom parvenaient à toucher en dépit du soin, de l'obsession apportée à la mise en scène (la perfection dans la symétrie, par exemple, pourrait être synonyme de froideur, mais ce n'était absolument pas le cas dans les deux films cités), The Grand Budapest Hotel ne m'a pas vraiment ému. Un très bon film, sucré mais pas écoeurant, à la distribution fournie mais pas prétentieuse, qui effleure la note suprême de mon côté.
4,5/5Wes Anderson fait partie de ces rares metteurs en scène actuels à avoir une véritable patte, une signature reconnaissable entre quatorze milliards d'autres, un univers original. Le succès de ses avant-premières montre son succès (100% de moins de 30 ans, une grande partie d'étudiants lors des AVP), la présence d'un public passionné. Du coup je commence à m'interroger : comme d'autres avant lui (Burton, par exemple), va-t-il finir par s'enfermer dans son univers et son groupe de collaborateurs et finir par se caricaturer ? C'est là ma crainte. En entrant dans la pop culture, en devenant une marque, Anderson ne risque-t-il pas de se perdre ?