Je viens de me rattraper sur une grosse lacune cinéma:
| Réalisé par Andrew Niccol
Avec Ethan Hawke Uma Thurman Jude Law Alan Arkin Loren Dean |
Bienvenue à Gattaca a été, au fil du temps, considéré comme l'un des classiques modernes de la Science-Fiction. Inspiré sans nul doute en partie de la société futuriste présentée par Aldous Huxley dans
Le Meilleur des Mondes (
Brave New World en version originale), qui présentait l'avenir comme un endroit où les enfants été créés génétiquement et où créer un enfant de façon naturelle (de notre point de vue, le leur de la façon naturelle étant de les créer en laboratoires) est un acte primitif, écœurant. Mais la comparaison s'arrête là : le reste est quand même relativement différent : une intrigue qui n'a strictement rien à voir avec le classique d'Huxley, ainsi que beaucoup de différences au final entre les deux sociétés qui restent donc au final, relativement distinctes.
Gattaca, contrairement à la critique de la drogue lancée par Huxley, s'élève contre la génétique, la discrimination, les préjugés et tout un tas d'autres sujets tabous qui sont très présents aujourd'hui dans tous les domaines. J'ai pour preuve le nom du film (
Bienvenue à Gattaca en français,
Gattaca tout court en version originale), qui est d'ailleurs le même que le lieu principal du l'intrigue : GATTACA. Tous ceux qui se souviennent de quelques cours de génétiques remarqueront que ces quatre lettres ont un point commun : ce sont les quatre lettres utilisées pour décrire les quatre uniques nucléotides présentes dans le génome humain (Guanine, Cytosine, Adénine, Thymine). Coïncidence ? Surement pas. Mais à chacun de se fixer son avis sur la question.
Nommé aux Oscars en 1999 (il est sorti en 1998) pour ses sublimes décors, ce qui semble avec le recul, trop peu pour un tel film, Gattaca est le premier film du très talentueux réalisateur néo-zéolandais Andrew Niccol, qui réalisera par la suite Lord of War et Simone et nous livrera les scénarios de The Truman Show et Le Terminal. Un Ethan Hawke dans un rôle principal qui lui colle à la peau, tant sa ressemblance avec Jude Law, son complice dans l'aventure, est bluffante. Un duo qui fonctionne à merveille, parfaitement développé dans ce script, rappelons-le, totalement original si l'on excepte la légère inspiration du roman d'Huxley, et qui donne un gros plus au film qui aurait peut-être eut moins de saveur sans ces deux acteurs. Uma Thurman complète le trio d'acteurs principaux, en nous surprenant une nouvelle fois et en prouvant qu'elle est surement l'une des actrices les plus talentueuses des années 1990 (on ne prendra même pas la peine de citer le film dans lequel Tarantino l'a engagé, tellement il est culte). L'histoire du film compte comment un homme créé par "l'accouplement" (faute d'autre terme) dans une société qui prône la création en laboratoire, va réussir, en violant les lois en se faisant passé pour l'un de ces bébés-éprouvettes, à obtenir un poste où il aurait été rejeté si il avait délivré sa véritable identité. Pour cela, il va se faire passé pour un ex-pilote devenu handicapé et qui va ainsi pouvoir vivre paisiblement chez lui avec des revenus pendant que l'imposteur travaille pour réaliser son rêve en rapportant de l'argent. Les deux hommes vont se rapprocher en cohabitant, mais tout cela va être bouleversé par une enquête de police déclenché par un meurtre au sein même de l'entreprise où travaille l'imposteur. Courses-poursuites, méthodes d'imposture, tout sera mis en œuvre pour cacher sa véritable identité.
Critiquant à la fois la discrimination au travaille, avec ces employeurs qui préfèrent les bébés-éprouvette (considérés comme "parfaits") à ceux créé par l'accouplement, ainsi que la médecine moderne, qui essaye de nous maintenir à l'écart de maladies, blessures et tout ce qui pourrait nous atteindre, en nous fragilisant au final, Gattaca lance un message fort sur la génétique, les rêves et ce qu'on est prêt à faire pour les réaliser, ainsi que sur l'amitié et le rejet des autres. A la fois Thriller, Polar, film de Science-Fiction, film engagé et drame humain, Gattaca ne mise rien sur les effets-spéciaux contrairement à d'autres productions du genre pour s'attarder sur le côté humain du tout, dépeignant avec force une société fragile et paranoïaque, cherchant la perfection. Dans ces lignes on retrouve un peu le génie d'Huxley, comme quoi le film réalisé et scénarisé par Niccol mérite bien sa place dans la catégorie des classiques du genre. Un film fort, humain, troublant, émouvant, à découvrir d'urgence sans hésitation pour ce qui est surement l'un des plus grands chefs d’œuvres du cinéma contemporain.
★★★★★