par Loloestla » Mar Août 17, 2010 21:40
Edition Spéciale
( Vu la longueur de l'interview le format habituel du journal ne sera pas utilisé ici )
Ce matin nous avons été à la rencontre de Rrose Sélavy. Certains d'entres vous savent combien je suis sensible à la production Prod'Artaud, et du coup, lorsque la production a repointé son nez je n'ai pas résisté à l'envie de lui demander de m'autoriser une interview pour l'Hep!Do. J'espère que celle-ci vous aidera à mieux percevoir la production et son retour innatendu. Je remercie en tout cas Rrose Sélavy de m'avoir dit oui pour cette interview, je savais que ça n'était pas gagné, mais il a tout de même accepté, un grand merci.
Devant moi, assis dans un fauteuil de style Louis XV, je vois une espèce de dandy rock au visage émacié et aux rides longilignes. Je ne m'attendais pas à ce que Rrose Sélavy ait prit un tel coup de vieux. Heureusement, il fut comme je l'imaginais élégant dans sa parole et ayant un phrasé typiquement reconnaissable. Malgré ma gène devant lui, je prit mon courage à deux mains et commença mes questions.
1- Revoilà Prod'Artaud ! On ne vous attendais presque plus ! Que nous vaut l'honneur d'un retour si inattendu ?
Ce n'est pas si simple. Dans votre phrase, il y aurait le fait qu'il y avait une décision à prendre et dire oui ou non. L'homme est fait de choses perplexes, même si à Prod'Artaud nous n'aimons pas ces idéalismes. Mais, dialectiquement, les circonstances m'ont amené personnellement à penser qu'il était possible de relancer Prod'Artaud à condition d'utiliser la communication de nos jours et de l'adapter autant que ce peut au matérialisme dialectique. Evidemment... Pour vous, c'est du chinois... (rires exagérés) Alors, je vais être plus clair... Moi... Rrose... vouloir donner un coup de pied dans la fourmilière... Pour cela, il fallait un coup d'éclat : le suicide de mademoiselle Nadja Svetlana, notre feue camarade-présidente, a essuyé bon nombre de critiques. Certains sont allés même jusqu'à prétexter qu'il s'agissait d'un fake. C'est assez dur d'entendre cela alors qu'il y a quatre jours je me rendais aux obsèques. Il n'y avait aucune référence que ce soit avec T.21. La mademoiselle camarade présidente Svetlana nous a quitté et a - surtout - permis à Prod'Artaud de revenir sur le devant de la scène. J'ai attiré l'attention sur le cas désespéré de Prod'Artaud qui accusait le plus gros déficit que GM eut connu jusqu'alors. J'ai diffusé massivement la mort de Svetlana... En même temps, ne m'accusez pas, voyez le résultat et cet espèce de voyeurisme chez les gens, n'est-ce pas là le mal de notre siècle Il n'y a plus de peuple, il ne reste plus que des spectateurs.
Mais ce retour n'est pas tellement une question d'argent, il est question de lutte et de la volonté acharnée de retrouver prochainement cette lutte dans nos rues... Les temps se sont dégradés depuis... Tant est si bien que je ne dirais pas que ce soit Prod'Artaud qui soit revenu à GM mais que c'est GM qui a la volonté de chasser la bourgeoisie !
2- Et comment avez vous su revenir en ville après un passé si tumultueux ( internements, meurtre, ... ) ?
DEEPTHROAT DANS TA GUEULE PETASSE !(hum)... J'ai, parfois, des réminiscences du syndrome de Gilles de la Tourette qui me chatouille la glotte. Mis à part cela, on ne peut pas dire que tout ce soit bien passé. Là encore, il y a eut plusieurs facteurs qui ont accéléré ma propre chute et comme on peut le voir, elle entre en corrélation avec celle de Prod'Artaud - contrairement à Nando Arrabal qui a su réaliser quelques bons films entre temps, lui a su se dépareiller... faire la pute à son âge quand même... Oui, non, Prod'Artaud n'a pas disparu du jour au lendemain. La production voulait aller toujours plus plus haut et plus loin dans la création, pour le marxisme devienne une réalité artistique. Prod'Artaud ne voulait plus que des films marxistes et cela a agi sur nous et toute la structure comme une bulle spéculative à l'intérieur d'un capitalisme local défraîchi. C'était une sorte d'hallucination collective ! En fait... Nous étions entrés en propre conflit avec nos intérêts - ceux de la classe - et les conflits inhérents au monde de l'art. Prod'Artaud ne savait plus comment se mettre et moi non plus. C'est pourquoi après "Simulation de crise chez prod'Artaud", ce fut la chute exponentielle alors qu'à la base c'était pour dégraisser le mammouth... parce que la situation ne pouvait plus durer ! Nous nous sommes lancés dans une superproduction bollywoodienne, un film niais qui n'a pas bien fonctionné. Nous avons lancé des projets à la frontière du cinéma et du théâtre qui n'était pas apprécié. Puis Marcel a disparu peu après "La nuit des kalashnikov" contre le maire Molchany. C'était un choc pour moi, parce que, si pour Nando Arrabal, c'était un petit frère, pour moi c'était un père spirituel. Pour Nadja, c'est autre chose, elle le connaissait à peine... mais je pense qu'elle n'a pas su géré son angoisse de la mort du père, qu'elle n'a pas réactivé la machine. Svetlana était convaincue que c'était en vendant des produit estampillé Prod'Artaud qu'on réussirait à retrouver la création. Mais l'heure était à la dépression. J'ai bien essayé sur le moment d'en sortir - en écrivant le film "Petite histoire de l'évolution de la santé mentale" - mais je n'étais pas... motivé. C'était fait sans coeur. Sans le camarade Marcel, tout n'avait plus la même odeur.
Pendant l'âge d'or de Prod'Artaud, j'ai pété un câble aussi. J'ai pris la grosse tête et puis... Je voulais surtout que notre cinéma, que notre idéologie soit appliquée. J'étais entré dans un délire paranoïaque mais grâce aux circonstances , j'ai pu échapper à l'internement à vie. La Rammstein m'a beaucoup aidé à me déculpabiliser sur l'Affaire Pariseau qui touchait de plein fouet la PRNA. Ensuite, il y avait quelques teignes capitalistes dont je ne pouvais plus regarder en face... Alors, au volant d'une dépanneuse, j'ai créé mon propre super-héro dont la principale qualité était d'être violent et de s'habiller en cochon. Quand les photos ont circulé, j'étais à l'hôpital et cela m'a enfoncé encore plus... Mais quelques mois plus tard, Marcel Duchampignon m'a épaulé en me faisant co-écrire et co-réalisé "Simulation de crise..." qui fut un succès à l'époque très... ambigü, très ambivalent ! Cela a suffi à me retrouver. Je deviens fou par cycle... C'est ainsi... Là, pour l'instant, je veux relancer la machine. Je suis lucide. Après, si je veux, je redeviens fou ! (rires)
3- Et maintenant que la Camarade Secrétaire Générale de Prod'Artaud Nadja Svetlana est décédée, et que vous semblez reprendre la production, quelles sont vos relations avec Nando Arrabal qui était comme l'alter égo de M. Duchampignon ?
Je semble, oui. Mais c'est une illusion d'y croire. Comme je l'ai dit, je ne reprendrai pas seul la production. Ce qui s'est produit avant va se reproduire et la présidence est pour moi un élément instable. Trop de responsabilité. Pour être concret, je veux remettre Prod'Artaud sur les rails, en être le CCCP (Camarade Chargé de Communication de Prod'Artaud) et recommencer à écrire parce que je suis en capacité en ce moment. Prod'Artaud possède encore ses studios (actuellement tous en location à un prix exorbitant si jamais vous avez envie de produire une série Z à 75 millions la semaine et être le producteur du film le plus cher jamais réalisé à GM !!) et c'est une bonne base. Nando Arrabal a été mon remplaçant naturel pendant ma convalescence en hospitalisation d'office. Il fait parti de la famille et cela, à jamais. Aussi cela m'a semblé naturel de le contacter pour savoir ce qu'il en pensait. Vous savez ce qu'il m'a répondu ? "Oui... euh... Je finis de faire deux trois films et j'arrive". Son flegme et son pragmatisme m'ont toujours sidéré, c'est comme un algérien qui veut imiter un soviétique, vous voyez ? Mais je le comprends, Arrabal est pour nous une mascotte, un fétiche mais pas un porte-parole... Il n'a jamais adhéré à la pensée de Prod'Artaud. Il a suivi Marcel dans cette aventure parce que Marcel avait besoin de lui, point barre. Mais Nando Arrabal est profondément lié à l'histoire de la production, dans ses racines, dans ses origines, mais pas dans l'idéologie... Aujourd'hui, il devient notre rayonnement comme ce fut le cas pour des artistes comme Stanley Kubrock et Hubert Dupontal. Je suis personnellement fier de Tonton Arrabal
4- Vous êtes revenu en période d'élection, est-ce une simple coïncidence suspecte ?
C'est une période trouble. Avec tout ce petit fascisme qui se déroule en ce moment, je me suis dit que si Prod'Artaud revenait, la mairie en prendrait pour son grade, ce serait une défaite pour elle. Nous avons quand même tenté un coup d'état, je vous le rappelle. Mais Prod'Artaud a des solutions... Je vous donnerai un tract tout à l'heure qui vous expliquera la marche à suivre.
5- Vous êtes revenus vous présenter devant les autres producteurs et vous avez directement lancé un appel à l'aide pour boucher l'énorme déficit de 290 millions de dollars dans votre trésorerie. Comment comptez-vous les compenser ?
Dans quelques heures, nous dépasserons les 300... Voilà qui devrait nous rappeler Spartakus ! A l'origine, Prod'Artaud ne devait jamais toucher rien d'autre que l'argent qu'elle méritait, sous peine d'incurie politique et de trouble idéologique. Elle préférait mourir d'une belle mort plutôt qu'à bénéficier du souffle d'un autre... de cet autre qui n'est pas de notre sang révolutionnaire. Mais comme je vous le disais, nous bénéficions d'une telle organisation, d'une telle notoriété et d'une telle indépendance que personne ne nous a oublié. On a souvent cité Prod'Artaud parmi les grands et comme production exemplaire. Je suis assez fier de cela. Finalement, ce n'est pas tellement une question d'argent - Prod'Artaud préfère rester naïve à ce sujet - mais c'est une question d'envie partagée par tous les producteurs. Après, il est vrai que cet argent, c'est un peu le même rapport entre un chien et sa gamelle : cela risque de modifier considérablement nos perspectives et nos relations avec certains producteurs,même si ceux-ci font preuve d'autant de naïveté que nous. En tous cas, si Prod'Artaud souhaite continuer (avec son lot de souvenirs et sa filmographie), il fallait prendre des risques.
D'après vous, que fait un homme lorsqu'il ne se reconnaît plus dans le miroir et qu'il devient son propre imposteur ? Nous vivons actuellement dans cynisme gluant, et qui circule entre les hommes comme une lymphe... Le cynisme veut que Prod'Artaud achète un nouveau miroir !
6- Sir Walken vous a fait une proposition de don pour combler ce déficit, qu'en est-il aujourd'hui ?
Lorsque la vidéo de Svetlana est arrivé sur le net, Jérémie m'a appelé... J'étais accablé devant tant de terreur et j'avais posté la vidéo. Jérémie, super enthousiasme, me dit que c'est excellent et qu'il est prêt à mettre sur la table ces 300 millions cash. Les rapports avec la Walken ont toujours été cordiaux, comme avec la PRNA. Aussi, nous avons créé une certaine intimité compte tenu de mon passé personnel. Jérémie est vraiment quelqu'un d'authentique et de dévoué. Aussi, si je dois lui rendre un service, au péril de ma vie, je le ferais sans doute. La Walken veut contribuer à modifier en profondeur la société et veut surfer sur l'idée révolutionnaire. Jérémie a toujours été quelqu'un d'ambition et de novateur : c'est un guerrier dans une société qui n'a plus rien d'épique.
7- Sera-t-il le seul à contribuer à votre retour ?
Non, nous avons vu que Jérémie était prêt à donner sa chemise pour nous et nous avons pris le temps. Puis, une autre offre est venue... Particulièrement désintéressée et impatiente de nous réintégrer dans la famille des producteurs. Cette production nos assure que Prod'Artaud pourra garder son identité et son indépendance d'esprit.
A part la Walken, c'est la MMP qui comblera notre passif à hauteur de la moitié de la somme. Pour les malotrus qui pensent que Prod'Artaud dégraisse le VRAI mammouth, je voudrais juste leur dire que la MMP a toujours su jouer sur les codes et être créatif malgré la fortune. L'accumulation de matériel n'est pas synonyme de bourgeoisie, c'est la détention des moyens de production qui l'est. En faisant ce geste, la MMP devise ! Et elle tient sa parole quant au fait "qu'il y a toujours quelque chose à sauver dans un film... Sérieux !" Dans un premier temps, Ari Golan voulait rester anonyme mais nous avons voulu montrer que Prod'Artaud ne recevait pas l'argent du ciel.
8- Avez-vous déjà des projets pour la fin 2018 ou votre retour sur les grands écrans sera pour plus tard ?
Prod'Artaud doit d'abord constituer une nouvelle équipe, trouver de nouveaux locaux puisque vous avez pu remarquer qu'il n'y a plus rien autour de nous... Ceci risque de prendre du temps mais pour faire patienter, je vais vous dire trois quatre chose... Avant de déprimer, la production avait de nombreux projets dont certains sont déjà tournés. Mais avant, Prod'Artaud voudrait fanfaronner pendant un temps... C'est pourquoi je suis revenu à GM avec la bobine d'un film que j'ai réalisé. Il s'appelle "Manifeste !" Prod'Artaud rase sa table et retrouve l'envie. Dans ce long-métrage documentaire, Prod'Artaud réfléchit à quelques concepts et justifie sa place au sein de GM - le genre de projet qu'aucun n'a encore fait, la plupart prenant leur statut pour un acquis inaliénable. Ce n'est pas notre genre de nous imposer sans dire qui nous sommes. Ce film servira de vitrine de présentation. Après, loisir à vous, si vous voulez la briser !
Enfin, le dernier point et non des moindres, je vous donne ce tract. Le tract affirme que le destin de la ville va être changé avec les prochaines élections et il donne, en substance, un rendez-vous à la télévision, ce soir, en deuxième partie de soirée, sur les trois chaînes publiques. C'est une opération montée par la MMP, la Walken et Prod'Artaud. Bien sûr, ces chaînes ne sont pas au courant qu'elles vont être piratées dans quelques heures mais nous vivons dans pays libre, n'est-ce pas ? Prod'Artaud a juste quelque chose de très important à faire...
Ari Golan et Jérémie Walken tienne de part et d'autre un énorme chèque cartonné. Rrose Sélavy affirme qu'il a toujours voulu en avoir un comme il en avait vu à la télé. Les deux autres compères sourient jusqu'aux oreilles. Rrose Sélavy se risque à taper dessus pour vérifier qu'il n'est pas en bois (rires) et trinque, les yeux pleins d'émotion, avec les deux autres, venus lui offrir un soutien inconditionnel pour la diversité de culture à GM.
Et n'oubliez pas, rendez-vous à 22 heures.
L'interview se termine, des tracts sont lancés dans les airs par Rrose Sélavy tenant un mégaphone, traversant le toit d'une authentique ZIL, autrefois réservée aux dignitaires de l'ère soviétique. On ne sait guerre s'il fait fait la folle dans une techno parade ou si c'est un happening communiste. Il prend des poignées de tracts et les envoie sur les passants, interloqués. La voiture tournera jusqu'à la fin de la journée ainsi, de sorte que tout le monde soit au courant.
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Loloestla le Mer Août 18, 2010 10:14, édité 1 fois.