DARBY EN FAMILLE
Ciné Merveilles : Nous sommes ravis de vous recevoir pour parler de la sortie prochaine de Vilaines bêtes ! Un projet qui vous tenait à coeur pour des raisons personnelles, je me trompe ?Hugh Darby : Effectivement puisque, pour ceux qui l'ignore, la pièce fut écrite au début du XXème siècle par mon aïeul, Timothy Darby. Plus précisément mon arrière-arrière-grand-père ! Cela fait plusieurs années que je tanne le Corbeau pour qu'il s'intéresse à cette pièce. J'étais convaincu qu'elle ferait une bonne adaptation au cinéma. Je me suis même lancé à l'écriture de cette adaptation pour l'écran ! Mais au final, il m'a fallu être patient parce que le résultat de mes efforts de scénariste était... comment dire... pas à la hauteur ! Et j'ai vite refilé le bébé au Corbeau...
(rires)CM : Parlez-nous de cet aïeul. Vous semblez en compter pas mal d'illustres dans votre arbre généalogique ?HD : Il était un dramaturge en vogue dans le Gérardmerveille de la Belle époque. Le vaudeville est rapidement devenu son credo, et ce qui l'a rendu célèbre. Ses autres pièces et romans sont restés relativement dans l'ombre. Je ne l'ai pas connu évidemment, et il semble avoir été quelqu'un de difficile à vivre. Mais il a renouvelé l'art du vaudeville sur notre île, l'engageant dans une voie plutôt nouvelle en utilisant ses pièces pour bousculer les moeurs.
Il est le père d'Andrew Darby, qui était journaliste et critique et a lancé le quotidien littéraire
La Tâche d'Encre, lui-même père de mon grand-père, Lawrence Darby, qui a fait carrière en tant que comédien de théâtre, tout comme son épouse, ma grand-mère Adèle Cohen, qui a fait une jolie carrière au cinéma également.
CM : Certaines de ses pièces les plus connues, effectivement, le sont notamment pour avoir montré les femmes dans des rôles inhabituels. On parlait déjà de féminisme, comme dans Avance tes doigts que je les morde ou La Crevette n'a pas froid aux yeux. Pourquoi avoir choisi Vilaines bêtes !, qui ne correspond pas forcément à cette tendance ?HD : Non, on ne peut pas la taxer de féminisme, mais je l'aime beaucoup car elle propose un schéma à la fois très classique du genre, dans la branche des vaudevilles à la "
Ciel mon mari !", mais si vous l'avez lue, vous savez qu'elle propose un tableau radicalement novateur, même provocateur pour l'époque. Cinéjeu Island était déjà plus libéral que la plupart des pays d'Europe, mais la pièce a tout de même gratté là où il ne fallait pas à l'époque. Ce qui ne l'a pas empêché d'être un succès. Le public gérardmerveilleux d'alors, comme celui d'aujourd'hui, aimait être surpris.
CM : Le choix de Nikolas Morcar pour réaliser cette adaptation semble avoir été judicieux.HD : Oui, c'est moi qui en ai suggéré l'idée au Corbeau, et j'en suis très fier. Morcar est une institution de GM, un réalisateur hétéroclite qui s'intéresse à tous les genres. Pour l'avoir souvent croisé dans les théâtres gérardmerveilleux, je savais qu'il s'intéressait au genre et pouvait en faire quelque chose d'intéressant. Ce n'était pas facile pour lui de traiter cette pièce, très classique (et le Corbeau voulait respecter cet aspect classique du vaudeville, peu représenté au cinéma), avec un regard neuf. Je trouve qu'il a réussi à insuffler au film l'énergie qui se dégage de la pièce. C'est parfois comme un ballet de portes qui s'ouvrent et se claquent.
CM : Vous jouez le rôle central avec des comédiens que vous ne connaissiez pas ?HD : Effectivement, et je trouve que l'équipe fonctionne. Selon moi, c'est
Nour Pendragon qui tient le réel rôle principal de ce film. Et elle avait le peps et la gouaille qu'il fallait. J'ai découvert
Logan Hardy, que je ne connaissais pas, et qui forme avec moi un binôme impeccable ! Je le trouve hilarant. J'avais découvert
Carrie Stewart au cinéma, et elle amène sa classe dans le rôle d'Irène. Je ne connaissais pas son humour par contre, et je l'ai découvert sur le plateau. Elle était intenable !
CM : Nous croyons savoir que la pièce va se remonter sur les planches également ?HD : Oui, j'ai convaincu Leonard Brumel de la remonter sur scène. Nour, Logan et moi y reprendrons nos rôles à l'automne prochain. Mais pas Carrie Stewart, qui a déjà trop de projets en court. C'est la soeur de Nour qui reprendra le rôle, Suri Pendragon.
CM : Heureux que le film participe au concours Au théâtre ce soir ?HD : Ravi. C'est l'annonce de ce concours organisé par Gérard Cousin qui a définitivement lancé le financement du tournage. Le Corbeau et moi-même en parlions depuis longtemps, mais il était encore un peu frileux. Ce projet l'a convaincu de tenter l'aventure. Ah, je peux aussi remercier Gérard Cousin ! Parce que le Corbeau, c'est difficile de le bouger...
(rires)CM : Merci Hugh, et bonne chance pour votre film.HD : Merci à vous.