LE 20 FEVRIER 2010
« Mon nom est Warner. Jack Warner. Détective privé. Toute histoire à un début et une fin. Et là, je dirai que c’est plutôt la fin pour moi. Les carottes étaient quasiment cuites. Le grand patron allait sûrement me rappeler à lui d’ici quelques minutes. Par terre, devant moi, le commissaire Morcar est allongé, inconscient, assommé par la pire ordure qui soit à Gerardville : John Walken.
Il s’était échappé quinze jour auparavant du pénitencier Rockfield avec la complicité de Adam Huxley, truand notoire réputé ici, Seito Daigoro, un assassin japonais et la nouvelle conquête en date de Walken, Barbara Emlosia, strip-teaseuse au « Nid Barbare », un bar topless, à l’angle de la 42ème et la 43ème avenue.
C’était cette dernière qui m’avait attiré dans ce guet-apens. J’aurai du m’en douter. Ce n’était pas la première fois, mais là, je sentais bien que c’était la dernière. Je pense que son corps était la pire des armes. Même les allemands auraient avoir ces obus pendant la guerre. Sur que les « Frenchies » auraient capitulé plus tôt.
Walken avait décidé de se venger de moi comme il l’avait fait pour mon vieux compère Michael Golan quelques années auparavant. C’est moi qui l’avais envoyé derrière les barreaux, deux ans auparavant (voir Walken Project), et cela lui était resté en travers de la gorge. Il a eu tout le temps de ruminer sa vengeance à Rockfield. Et là, il la tenais bien !
Une nouvelle décharge électrique parcourt mon corps. C’est peut-être la cinquième ou la vingtième, je ne sais plus. Je ne compte plus. Ils m’ont attaché sur cette chaise infernale et m’envoie des châtaignes, suffisantes pour me faire avoir une crise cardiaque d’ici peu. Je ne suis pas sur que mon palpitant tiendrait longtemps. Ma vision se brouille, je sans que je perd connaissance… Est-ce la fin ?
- Jack ?.... Jack ???? Réveille-toi !!! Si tu ne veux pas être en retard pour ton premier rendez-vous en tant que détective, mon pote…
Cette voix…. Je la reconnaîtrais entres milles. Elle me ramenait douze ans en arrière… C’était celle de Michael, mon vieux partenaire. A l’époque, il était toujours dans la police, et moi, je faisais des petits boulots plus ou moins légaux. J’aurai pu mal tourné si lui et Morcar ne m’avait pas remis dans le droit chemin. J’avais d’après eux tout pour faire partie de la maison « Poulagua »… Mais ça n’était vraiment pas mon trip. Alors Michael m’avait proposé de monter mon agence de détective. Lui se joindrait à moi à la fin de l’année, après sa retraite anticipée dans la police. Ma première enquête était toute simple. Un homme m’avait embauché pour surveiller son comptable qu’il soupçonnait de détournement de fond. Le bougre n’avait pas tord.
Golan, lui, enquêtait depuis six mois sur un jeune producteur de cinéma prometteur. Un certain John Walken qui était devenu millionnaire après seulement deux films. Mais apparemment, cela ne lui suffisait pas. D’après Aaron Rygaar, son indic’, celui-ci serait trempé dans un gros trafic de drogues. Et ce tuyau s’était avéré vrai… Golan et Morcar étaient en planque ce soir là, à surveiller le jeune prodige du cinéma. Moi de mon coté, ayant terminé ma première enquête, j’avais décidé de les aider sans les prévenir, afin de pouvoir, plus tard travailler en free lance avec la police. Mais tout n’était pas aussi simple.
J’avais réussi à m’introduire dans un des entrepôts dans le vieux port, et surveillait caché derrière une caisse un transaction. D’après mes renseignement, le fournisseur était le très connu des services de police, Balrog Nanoyo, plus gros trafiquant de drogues et d’armes de la côte ouest du pays. Et d’après la rumeur, ce n’était pas un tendre. Son bras droit, Mario Mugabo, non plus. Il aurait plus d’une trentaine de meurtre à son actif. Si je réussissais à prouver la connivence entre Walken, Nanoyo et Mugabo, je suis certain que la police de Gerardville ferait appel à mes services. Pour cela, j’avais emmené un caméscope dernier cri et filmait toute la scène.
Mais parfois la technologie est parfois traîtresse. Ma première planque s’avéra être un vrai fiasco. Un conseil, si vous voulez rester incognito, n’ayez pas d’ex qui vous appelle sur votre portable à n’importe quelle heure de la nuit. La sonnerie de mon portable venait de me trahir. Et croyez-moi, la « Cucaracha » n’a pas rendu les truands très festifs. Et les flingues sortirent vite fait de leur holster. ..
Voilà comment débuta ma première grosse enquête en temps que privé. Croyez-moi ou pas, mais tout ceci n’était que le hors-d’œuvre…