Ca ne devait pas se passer comm'ça, bon sang !  

Luna Niero (Logan Glass) regarde autour de lui : une chambre de schoolgirl - quel âge a-t'elle ? - son âge à lui probablement, dans le genre entre 16 et 18. Mais ça, c'est une fille qui aime le rose, les tenues de petites écolières japonaises, les déguisements et les parfums entêtants...  

Il l'a rencontrée sur un chat en ligne : Jasmine (Demetra Raven) qu'elle s'appelle, elle venait de France et n'avait pas encore d'amis - elle en cherchait par affinité culturelle. Ils se sont rencontrés pour la première fois sur un forum de lolicon sur le net.  

Bon, lui, il a téléchargé ses lolicon en loucedé de ses parents, il sait ce que c'est depuis qu'il en avait vu un durant une convention, sur l'écran 9 pouces du netbook d'un copain. Il est devenu fan du truc. Mais quand ses parents l'ont découvert, ils n'en voulaient pas sur leur PC ni sous leur toit : "lolicon ou pédophilie - c'est la même chose pour nous : ça pue, et même si ce ne sont "que" des BD japonaises ou des dessins animés", voilà ce qu'ils ont dit. Mais son père est un sale réac qui aime pas Obama et a voté pour (Bush) Jr deux fois. Luna s'est retrouvé privé de TV, d'internet et d'argent de poche. Galère.  

Savoir que Jasmine habitait qu'à quelques miles de chez lui, ça l'a rendu fou - il avait largué son ex-girlfriend parce qu'elle n'était pas assez "hot" et ne voulait pas lui faire des trucs. Mais là, avec Jasmine, ça allait grave coller : quand on aime les lolicon on aime forcément les trucs un peu salaces. Et Luna était drôlement salace, surtout quand il s'admirait dans le miroir. Et puis, Jasmine était française - et ça voulait tout dire pour lui : "Voulez-vous coucher avec moâ, ce soir ?" Pink et Prince l'avaient chanté : les françaises étaient bonnes.  

Elle avait accepté qu'ils se voient chez elle - c'était cool, surtout parce que sur le forum, la plupart des "filles" étaient des mecs un peu craignos. Elle l'avait présenté à sa mère - un peu absente sur le coup, du genre à s'en foutre. Le père n'avait pas l'air d'être là du tout : ils bossaient dans l'agro-alimentaire ou quelque chose dans le genre mais il n'avait pas tout compris. Elle avait encore un de ces drôles d'accents d'européens qui ne maîtrisent pas encore tout-à-fait la nasalité de la langue nord-américaine.  

Pas grave, il était très vite passé aux travaux manuels. Et ça lui avait plu, à elle. Prince avait raison. Prince était Dieu.  

Ce qui l'avait le plus chauffé, c'était le départ de la mère. Ils étaient seuls à présent dans cette petite maison de la banlieue de Washington. Seuls, deux ados bourrés d'hormones.  

Il l'avait tout de suite aimée au premier regard quand elle avait proposé un scénario du type qu'on retrouvait dans leurs dessins animés favoris : le maître pervers et son élève "qui n'a pas été gentille du tout". Elle avait sorti l'alcool du buffet du salon, fermé portes et fenêtres, mis le téléphone sur répondeur et ils avaient trinqué à leur première soirée. Le niveau d'excitation de Luna était proprement indescriptible.  

C'est là qu'il était tombé dans les pommes. Comme une grosse crotte : alcool, testostérone - il n'avait pas compris...  

Quand il s'était réveillé, il était allongé sur le lit rose-bonbon de Luna (yeah !), entièrement nu (yeeeeah !), dans une lumière tamisée (yeeeeeeeeah !) et sur la chaine Hi-Fi passait un slow pop japonais qui essayait tant bien que mal d'imiter les intonations rauques et sensuelles de Barry White (yeeeeeeeeaaaaah !)... mais il était attaché des pieds et des mains (yeah ?).  

En fait, l'entrave était constituée d'une longue tige métallique qui allait de l'épaule au genou et dont les extrêmités se terminaient par des menottes. C'est du moins ce qu'il imaginait : Luna était sur le dos et la tige lui cassait la colonne. C'était pas très cool.  

En fait, c'était même pas cool du tout : il avait la nausée et la tête lui tournait quand il la bougeait trop vite.  

La porte de la chambre s'ouvrit à la volée. Jasmine n'avait pas menti : elle était bien habillée en écolière sexy.  

Une écolière sexy qui le regardait avec de grands yeux humides pleins d'amour - comme si elle avait vécu une révélation. Luna venait de reprendre confiance (ça devait se voir) mais déchanta très vite. L'écolière tenait dans sa main gauche un marteau et dans sa main droite une tenaille.  

La jeune fille s'agenouilla à ses côtés sur le lit, passa une main gantée sur le front transpirant de Luna et lui murmura quelques mots à l'oreille : ils s'étaient trouvés tous les deux, c'était comme si Dieu avait guidé leurs pas, un miracle et elle allait prendre soin de lui pour le restant de la soirée - tout irait bien, ils trouveraient le bonheur tous les deux puisqu'ils avaient lu/vu les mêmes choses : il savait forcément comment ça devait finir.  

Les yeux de Luna devinrent comme deux soucoupes affolées, ne sachant plus où porter son regard désormais complètement bouché par le corps de la jeune fille qui se rapprochait inexorablement de lui.  

Décidément : non, ça ne devait pas se passer comme ça !  

(Script original)