La petite fille était cachée sous le lit, terrorisée. Les coups de feu qui avaient retenti dans la pièce d'à côté, suivis d'un silence macabre, n'avaient laissé aucun doute sur ce qui s'était passé. Son père avait été abattu froidement par cette personne qui avait débarquée subitement dans leur appartement. Lorsqu'on avait sonné à la porte, son père avait été l'ouvrir sans se douter évidemment de ce qui allait se passer. Mais lorsque les premiers cris avaient retenti, la mère de la petite fille avait couru ce cacher dans cette chambre en emmenant son enfant. "Reste ici et ne dit rien", lui avait-elle dit en la glissant sous le lit, tandis qu'elle se dirigeait vers l'armoire à vêtements dans laquelle elle comptait se cacher.  

Puis l'assassin avait débarqué dans la pièce, à la poursuite de l'épouse de sa cible. Ses objectifs étaient simples : il ne devait laisser après lui aucun témoin de ce qui venait de se passer. C'était la seule manière pour lui de rester intouchable. Ses employeurs payaient cher, mais son travail était le plus propre qui soit.  

Tandis qu'il parcourait le chambre lentement, la mère s'échappa de sa cachette sans perdre de temps, profitant du fait que l'assassin tournait le dos à l'endroit où elle était cachée, et se dirigea vers la sortie de la pièce. De là où elle était, la petite fille ne vit que les pieds fins de sa mère passer sous son nez et disparaître, poursuivis par les pas lourds de l'homme. Durant un instant, elle avait cru que sa mère avait décidé de l'abandonner pour sauver sa vie, mais rapidement, elle avait compris qu'au contraire, elle s'était sacrifiée pour détourner l'attention du tueur, et sauver la vie de sa fille...  

Lorsque le coup de feu sourd retentit, camoufflé par le silencieux qui avait été fixé sur l'arme, et suivi par le bruit mat d'un corps s'écroulant sur le tapis, la petite fille étouffa un cri qu'elle n'avait pu retenir, mais que le criminel n'entendit heureusement pas de la pièce où il se trouvait.  

Ce jour là, elle aurait du être à l'école, et n'aurait pas du assister à cette scène. Ce jour là, elle aurait pu mourir elle aussi, si sa mère n'avait pas tenté de fuire, car si elle avait été abattue dans cette chambre, le tueur aurait sans doute entendu ce cri étouffé. Ce jour là, l'assassin croyait n'avoir laissé après lui aucun témoin...  

Duyên Binh (Xian Kizoou) tenait sa cible au bout de son canon, et n'avait plus qu'à tirer pour remplir son contrat. Devenue la tueuse à gage la plus réputée du pays, elle enchaîntait les missions pour des sommes extravagantes mais que certains étaient prêts à payer pour se débarasser d'un concurrent gênant, d'un adversaire ennuyeux, ou d'un flic trop zellé et incorruptible. Son travail était d'une perfection rare. Il ne restait jamais un seul témoin après son passage, et rien qui puisse mettre quiconque sur sa piste.  

Si son efficacité était devenue célèbre, il était une autre chose qui marquait chacun de ses employeurs : sa froideur. On aurait cru qu'aucun coeur ne battait dans sa poitrine tellement elle était indifférente à tout ce qu'elle faisait, et au mal qui l'entourait dans ce monde de corruption. Dans le milieu du crime, on ne lui connaissait aucune famille, comme si elle s'était elle même débarassé des siens pour être sûre de ne laisser à ses éventuels adversaire aucun moyen de pression. D'ailleurs, on la soupçonnait d'avoir changé de nom, car personne n'avait jamais réussi à trouver une seule trace de son passé.  

Engagée par un dénommé Anh Minh Töo (Barry Nathanson), par l'intermédiaire de l'un de ses pantins, Vuong Giang (Bruce Erotas), Duyên Binh avait pour mission de tuer tout simplement cet homme, qu'elle tenait à portée de balle, sans plus savoir la raison pour laquelle on voulait qu'elle l'exécute ainsi. Mais lorsqu'elle s'était retrouvée face à lui, les yeux dans les yeux, elle s'était soudain bloquée.  

Ce regard, elle le connaissait. C'était celui de l'homme qui avait pénétré son appartement, alors qu'elle avait tout juste huit ans, et qui avait abattu froidement ses parents, les abandonnant ensuite derrière lui sans plus de distinction. C'était celui qui l'avait tuée elle aussi ce jour là, le jour où son coeur avait implosé et s'était refermé.  

Qu'attendait-elle alors pour l'abattre ? Elle tenait enfin sa vengeance, celle dont elle avait toujours rêvé sans jamais l'espérer. Mais elle connaissait trop bien le milieu pour s'en tenir à ça. Elle savait que cet homme n'avait été qu'un pion, un pion comme elle l'était depuis des années, dirigé par un homme bien plus concerné par la mort de ses parents. La réponse qu'elle obtint lorsqu'elle interrogea l'homme ne la surprit même pas.  

Töo  

C'était Anh Minh Töo qui avait ordonné cet assassinat, vingt ans auparavant, celui-là même pour qui elle travaillait aujourd'hui. Se moquait-il ouvertement d'elle en l'engageant ainsi pour assassiner celui qu'il avait embauché des années plus tôt pour tuer ses parents ou bien n'imaginait-il même pas qui était Duyên Binh ?  

La première balle qu'elle tira ce jour là scella le sort de celui qui avait abattu ses parents, remplissant ainsi son contrat, mais les suivantes seraient pour celui qui était à la tête de tout ceci, et ceux qui oseraient se mettre en travers de son chemin. Son contrat était rempli, mais à présent, le nouvel objectif qu'elle s'était fixé était personnel...  

Sur les lieux du crime, l'inspecteur Sen Phung (Annie Baccarin) tentait de remettre ses esprits au clair. L'homme qui avait été retrouvé abattu était celui à cause de qui elle s'était engagé dans la Police dès qu'elle avait été en âge de le faire. C'était l'homme qui avait abattu ses parents sous les yeux de sa petite soeur, cette soeur qui avait disparu de la circulation depuis des années maintenant.  

Voilà des années qu'elle tentait de retrouver la trace de ce tueur à gage qui avait pris sa retraite, et voilà qu'elle le retrouvait tué d'une balle dans le crâne, sans aucun élément capable de la mettre sur la piste de son exécuteur.  

En rentrant chez elle ce soir là, elle n'imaginait pas retrouver sur son répondeur ce message, de cette voix qu'elle connaissait si bien, celle de sa propre soeur qui lui disait avoir retrouvé enfin celui qui avait ruiné leur vie.  

Mais Duyên imaginait-elle un seul instant que celui qu'elle avait prit pour cible n'était peut-être pas le bon coupable, et que l'assassin de ses parents l'avait peut-être volontairement mis sur une fausse piste ? En tout cas, de son côté, Sen espérait bien remonter la piste de cet homme pour découvrir qui l'avait réellement engagé vingt ans plus tôt et mettre enfin un terme à cette histoire...