D'un pas lent, appuyé sur sa canne, le vieil homme marchait le long du chemin bordé d'arbres qui le protégeaient du soleil éclatant qui baignait le Centre Bretagne ce jour là. Ignorant les coureurs, cyclistes et promeneurs qui le doublaient régulièrement, il avançait d'un pas hésitant, en direction de ce lieu qu'il était venu retrouver, alors qu'il voyait la fin de sa vie approcher. Mais à mesure qu'il avançait, ne reconnaissant plus rien au chemin qu'il parcourait, le vieil homme commençait à s'inquiéter, à se demander si ce qu'il était venu chercher n'avait pas aujourd'hui disparu.  

Et puis finalement, au détour d'un virage, elle apparut face à lui. Et malgré les années qui étaient passées, et qui avaient eut raison d'elle comme de lui, il la reconnut immédiatement. Et soudain, le vieil homme ne put retenir ses larmes. Elle était là, face à lui, digne représentante de sa vie qui était passée, et comme lui, elle allait bientôt disparaître puis être oubliée. Couverte de lierre, envahie par les mauvaises herbes qui avaient profité de l'effondrement de son toit pour se mettre à l'abri de ses murs, la vieille maison était malgré tout toujours debout.  

La promeneuse qui passait par là avec son chien aperçut le vieil homme en larmes, au bord du chemin, appuyé sur sa canne qui semblait ne plus réussir à la tenir, mais elle n'osa pas lui demander si tout allait bien. Il fixait cette ruine qui se trouvait face à lui, et quelque chose lui disait que l'homme préférait rester seul pour le moment. Debout face à ce qui avait été sa demeure pendant tant de temps, le vieil homme repensait à ces années qu'il y avait vécues, à l'époque où la voie ferrée n'avait pas été stabilisée pour devenir ce sentier piétonnier, mais voyait encore passer régulièrement des trains de voyageurs et de marchandises.  

D'un coup, devant les yeux du vieillard, la maison sembla redevenir ce qu'elle était autrefois, et sur le chemin réapparut les rails, tandis qu'au loin on entendait approcher une locomotive. Les yeux du vieil homme s'illuminèrent alors, au souvenir de tous ces moments, des souvenirs qui pourtant se terminaient sur une histoire bien triste à ses yeux.  

Maurice Le Soliec (Joel Courtenay) était fier d'avoir obtenu ce poste de garde-barrière, avec lequel évidemment il avait eut cette maison où il vivait avec sa jeune épouse Alphonsine (Pamela Van Handenhove). Gourinois de naissance tous les deux, ils avaient toujours connu cette voie ferrée qui participait tant à l'économie de la ville de Gourin. Et pourtant, des rumeurs aujourd'hui parlaient de la fermeture de la voie. Une fermeture contre laquelle les habitants de la ville s'insurgeaient. Il était hors de question que le train quitte Gourin !  

C'est la raison pour laquelle nombre d'entre eux s'étaient déjà réunis pour discuter des actes possibles pour empêcher cette fermeture. Car ils étaient bien décidés à se battre jusqu'au bout pour que le train continue de passer dans leur ville. Au milieu d'eux, Maurice, un homme plutôt discrèt, écoutait le discours de l'homme qui avait pris la tête de leur groupe.  

Se doutait-il encore de ce qui allait suivre, un évènement qui allait marquer à jamais l'histoire de sa ville, et qui restera à jamais gravé dans sa mémoire, au point d'en pleurer encore, des dizaines d'années après, sur un sentier de sable, sans que personne autour de lui ne puisse en comprendre la raison...  

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Après "Le rêve américain" et "Dans les entrailles des Montagnes Noires", Morcar Prod vous propose de découvrir le dernier volet de la trilogie gourinoise, dans lequel on découvre l'histoire du train qui aura tant fait la fierté des habitants de ce village, à travers les yeux mélancoliques d'un autre membres de la famille Le Soliec.