"- L'originalité de la prise de risque, c'est le ferment de la recherche en histoire".  

L'homme qui vient de s'exprimer, c'est Robert C. Lerma (Ronald De La Boulaye), enseignant-chercheur qui distille aux futurs doctorants de l'Université Deldago Del Sol de Brasilia quelques conseils relatifs à leur projet d'étude. Un de ses élèves, Pasquale Finu (Christopher Caine) se prépare à devenir professeur d'histoire - pour lui, la découverte récente d'ascendants Castillans a été une révélation qu'il compte exploiter.  

Profitant d'un congé, il revient en Europe, sur la terre de ses ancêtres étudier la vie tumultueuse, passionnante et complexe d'une des personnalités mystiques les plus fascinantes de la chrétienneté, Teresa de Cepeda y Ahumada - une parente extrêmement éloignée mais que son arbre généalogique référencie désormais : Sainte Thérèse d'Avila.  

Née un 15 mars 1515, romancière, poêtesse, passionnée - mystique sensuelle qui a réformé la condition des carmels du 16ème siècle. C'est cette opposition entre cette vie de prière et cette volonté farouche de changer les choses - sans pour autant renier un passé somme toute assez salé pour une religieuse - qui rend ce personnage aussi fascinant dans sa modernité. Pasquale est donc accroc à la Sainte comme il l'écrit à un ami sur un mèl.  

Le soir à l'Hôtel, il se met à rêver de la religieuse, désormais représentée sous les traits d'une hôtesse croisée dans l'avion sur le trajet (Jenny Quinlan), son maître de mémoire lui-même prend les traits du père de Teresa, le chevalier Alonso Sánchez de Cepeda. Alonso refuse que sa fille rentre dans les ordres, alors même qu'il l'a envoyée au couvent pour sa vie dissolue. Si la jeune Teresa a précocement perdu son innocence, elle sait que cette expérience a forgé en elle la plus grande des déterminations : oui, les femmes sont maîtres de leur corps, ce n'est pas aux hommes d'en décider. Et pour elle, le plus respectueux de ces hommes est celui qui a ressuscité.  

Ses rêves troublent profondément le jeune homme qui s'incarne tour à tour en Jésus-Christ, venu rappeler la religieuse à son respect de la prière, en Saint Augustin qui apparaît en songe à la jeune femme, en religieuse de l'époque, Carnilla (Amy Tager), secrètement amoureuse de son amie Teresa.  

Et toujours la figure paternelle de ce chevalier converti au christianisme sur le tard qui veut donner à la petite noblesse qu'il fréquente des gages de bonnes conduite et l'antisémitisme larvé auquel il doit faire face - en référence à un passé qu'il n'arrive pas à assumer.  

Pasquale voit tout, entend tout, ressent chaque émotion. Au petit matin, il reporte sur les pages de son carnet de notes toutes ses impressions, les compare avec ce qu'il sait déjà, finit par extrapoler, corrèle... - il aura bien le temps de tout mettre en forme plus tard. Assidu, il dévore la littérature sur les individus qu'il fréquente dès qu'il ferme les yeux. Et enrage quelque part de demeurer le seul "témoin direct" à vivre cela. Comme Thérèse, il est en train de vivre sa révélation.  

Du coup, il finit par perdre de vue les contingences "familiales" qu'il s'était imposées. Car il n'est pas venu en Espagne uniquement pour son étude mais aussi pour retisser des liens avec une famille dispersée.  

En la retrouvant, il se retrouvera peut-être aussi. Et se rapprochera un peu plus de sa Thérèse.  

(Script original, film tourné aux Studios MaxFuSérieB_1)