Calgary, Province de l'Alberta - Canada. 2002  

Mark Morris (Tristan Krumholtz), 45 ans, est la naïveté incarnée. Comme c'est aussi un gentil célibataire qui imagine que les femmes attendent le prince charmant au-delà de leur 15 ans, que les hommes politiques sont des gens honnêtes et que son concierge est un brave homme (même si c'est vrai que, parfois, il écoute ses chants nazis un peu trop fort - Mark habite pourtant au 4ème étage).  

Employé dans une grande chaîne de magasins, il n'a jamais progressé dans la hiérarchie en 25 années de bons et loyaux services mais ne s'en est jamais offusqué. Et finalement, ça lui va bien comme ça : un travail avec peu de responsabilités, il connaît tout le monde, a vieilli avec sa clientèle auprès de laquelle il est très apprécié. Un garçon aussi serviable, vous pensez bien (c'est d'ailleurs ce point qui a sauvé son poste auprès du management)...  

Il a récemment hérité de l'ensemble des biens de feu-Madame sa mère, décédée lui a-t'on dit, "d'une maladie foudroyante et rigolote" : au moins, elle n'aura pas souffert. Mark déteste la souffrance d'autrui.  

Comme il n'y a jamais eu de père au foyer, il vit désormais seul dans un appartement trop grand pour lui. Parmi les biens qu'il a récupérés, il y en a un que sa mère lui avait interdit de toucher. Un bien qu'elle utilisait pourtant elle-même régulièrement, et des nuits entières parfois...  

Un ORDINATEUR !!!!  

Beige et tout moche avec son grand moniteur, le boîtier recelait pourtant des mystères insondables pour Mark. Certes, des objets comme celui-ci, il en avait vu à la TV, au cinéma. Au boulot même, seuls les managers avaient le droit d'y toucher. Mais là, c'était différent : c'était l'ordinateur de sa mère. Et le sien désormais.  

Il n'avait pas touché aux souvenirs de la chambre de sa mère, laissant les choses telles quelles, mais avait pourtant fini par craquer pour la machine, l'avait débranchée, installé tout le barda dans le salon (la chambre de Mark étant de toute façon trop exigüe) et avait trouvé le bouton marche/arrêt.  

Avant de relier tout ça à une prise multiple.  

Les premiers tatônnements avec l'objet ont été un peu laborieux mais Mark s'est affranchi de son statut d'amateur, merci au PC pour les Nuls trouvé dans sa librairie favorite. Méthodique, il a découvert le système. Puis les applications "sérieuses". Puis le fun.  

Enfin, il a remarqué que sa mère avait souscrit un abonnement-internet.  

IN-TER-NET !!! Le courrier électronique, les discussions en ligne, le visionnage de vidéos olé-olé...  

Internet ! Comme dans les films !!  

Voilà dix jours que Mark a allumé l'ordinateur qu'il n'a plus éteint. Il dort dans le salon et ses collègues du travail ne le reconnaissent plus : plus blafard que jamais, il arbore sans cesse un sourire hagard. A ses meilleurs clients, il raconte qu'il est connecté au monde, qu'il rencontre des centaines de gens qu'il pourrait aider, et des centaines de gens qui lui écrivent spontanément pour lui proposer leur aide. Bien sûr, il ne peut se dédoubler ni aider tout le monde - il est même un peu perdu : il ne sait pas trop à qui il va prêter assistance, il y a tellement de misère dans ce monde... Et il sait aussi que tout ce qu'on lui propose de manière si amicale et désintéressée ne correspond pas toujours à ce qu'il cherche.  

Ce qu'il cherche, c'est quelqu'un qui verrait la vie comme lui et qui partagerait son cocon.  

Un soir, après avoir longuement réfléchi aux 2 517 sollicitations reçues dans sa boîte aux lettres électronique, il décide de répondre à la demande d'aide d'une jeune femme résidant en Europe de l'Est qui cherche "son sauveur".  

Mark n'est pas un prince charmant et la jeune fille a plus de 15 ans. Mais il la croît honnête...  

(Script original)  

Tourné dans les studios Claudstudio