Le vent soufflait fort ce matin là, alors que le lieutenant Alain Duperey (Patrick Lassek) avançait en direction des caravanes qui étaient installées là depuis presque deux semaines. Epinglés à un fil qui pendait entre deux d'entre elles, du linge claquait, poussé par les bourasques chargées de sel arrivant de la mer. Tenant le col de son imperméable relevé, pour se protéger le plus possible des rafales, le lieutenant regarda le ciel gris d'un air déprimé.  

"Le temps va encore virer à l'orage ! Quelle saison de merde !"  

Duperey se demandait ce qu'il faisait là, s'interrogeant sur son boulot. A chaque fois qu'il y avait un dossier tordu, c'était à lui que sa chef le confiait. Sa facheuse tendance à fouiller le moindre détail y était sans doute pour quelque chose, car il pouvait se vanter d'avoir démêlé certaines affaires bien complexes, là où d'autres se seraient sans doute cassé les dents, mais de là à toujours faire appel à lui ! Elle était où la soit-disant nouvelle génération, celle qui devait prendre la relève ? A part parmi ceux qui remplissaient la paperasse à longueur de journée, il ne voyait pas où elle était cette relève. Pourtant, ce n'est pas avec ces papiers qui résolvaient les enquêtes. Rien ne valait le terrain !  

Mais cette fois-ci, le lieutenant se demandait si c'était vraiment une bonne idée que d'aller enquête sur le terrain...  

C'est la veille qu'on avait retrouvé ce patron de supermarché au beau milieu du parc de la ville, tué de plusieurs coups de couteau. Crime de rôdeur ? Duperey avait du mal à y croire. Pourtant, plusieurs témoins affirmaient avoir vu un homme s'échaper du parc au pas de course, embarquer dans une grosse berline noire et disparaître aussi rapidement. L'un des témoins avaient même noté le numéro de la plaque d'immatriculation, et la police était ainsi remonté jusqu'à ces gens du voyage qui s'étaient installés depuis peu sur un terrain prévu à cet effet à la sortie de la ville.  

Le lieutenant se devait donc d'interroger le propriétaire de la voiture, un dénommé Pierre Nette (Weston Bew), surnommé "Le tatoué". Son quasier juduciaire, qui comptait déjà quelques affaires de vols ne jouait pas en sa faveur, mais ça ne faisait pas pour autant de lui un criminel. Pourtant, rapidement, dans le quartier où le crime avait eut lieu, et dans l'entourage de la victime, les gens pensaient déjà avoir trouvé leur coupable.  

"Chez les cons, la vitesse du son est plus grande que celle de la lumière, ont les entend gueuler avant de les voir réfléchir"  

Le terrain sur lequel les caravanes étaient installées était assez boueux, la pluie de la dernière averse n'ayant pas eut le temps d'être absorbée, mais ça n'empéchait pas quelques gamins de jouer au foot un peu plus loin que leurs habitations. Alain Duperey les observa tout en allumant une cigarette en protégeant la flamme de son briquet du vent avec sa main gauche. Puis il avala une bouffée silencieusement. Une femme apparu alors entre deux caravanes, quelques mètres devant lui, et s'arrêta en le voyant là, immobile.  

S'il voulait quelque chose ? Il n'en était pas sûr. Ah si ! Il était venu interroger "Le tatoué". La femme se présenta comme étant l'épouse de celui qui intéressait le lieutenant. Elle se prénommait Magdalena (Diane Feild). Intriguée, elle demanda au flic ce qu'il pouvait bien vouloir à son mari qui était parti travailler. Duperey discuta tranquillement avec elle, et lui demanda s'il pouvait attendre le retour de son mari. Elle l'invita alors gentiment à entrer prendre un café pour se réchauffer, chose que le lieutenant accepta avec plaisir.  

Il n'eut pas à attendre une heure pour voir celui qu'il était venu interroger. Le parc ? Oui, il y était la veille au soir. Il y avait rencontré un ami qui lui avait trouvé du travail sur un chantier de construction dans la zone industrielle. Après ça, il avait rejoint sa voiture en courant, pour éviter le plus possible l'averse qui s'annonçait, puis il était rentré chez lui.  

"Eh merde ! Je vais être obligé de lui demander de m'accompagner. Je sens que ça va encore faire des problèmes !"  

Pierre Nette accepta de suivre le flic sans broncher. Il n'avait rien à se reprocher, et comptait être innocenté au plus vite. Alain Duperey fut soulagé. Il invita alors l'homme à l'accompagner jusqu'à son véhicule pour se rendre au commissariat immédiatement. Comme ça, les choses seraient réglées immédiatement.  

La voiture roula tranquillement jusqu'au centre ville et se gara sur le parking de la Police. Persuadé de l'innoncence de ce pauvre homme, Duperey espérait rapidement écarter cette piste qu'il ne sentait pas du tout. Son flair lui soufflait que le coupable était ailleurs. Mais en sortant du parking, il fut supris de découvrir un attroupement qui manifestait devant les locaux de la Police. Lorsque ceux-ci apperçurent celui qu'ils accusaient d'être un assassin, le ton monta rapidement, et beaucoup lui auraient même sauté à la gorge s'il n'y avait pas eut des membres des forces de l'ordre pour les retenir.  

Assassin. Criminel. Duperey entendit tous les mots possibles lancés à l'encontre de l'homme qui l'accompagnait. Il ne fut pas étonné de trouver à la tête de l'attroupement ce cul béni de Marie Levêque (Joanna Lassek), une bourgeoise de la ville réputée pour ses pensées d'extrème droite. Une femme engagée également, qui s'était présentées aux dernières élections municipales en représentant le Front National, et qui depuis sa défaite cuisante s'amusait à mettre le feu partout où elle pouvait.  

"C'est ce que je craignais. Le temps risque de virer à l'orage, si je ne trouve pas rapidement le coupable..."