--- Interdit aux mineurs de moins de 16 ans ---  

Tic-tac-tic-tac...  

L'horloge égrène ses secondes comme autant de coups de marteau sur les nerfs de la jeune fille (Isabel Chusid).  

L'homme (Logan Lester) qui se tient devant elle l'a enchaînée fermement au vieux réchaud fixé au mur de la salle à manger. Il a refermé les antiques rideaux poussiéreux et l'a baîllonnée à nouveau. Elle avait promis de ne pas crier, ni même de parler, mais elle ne supportait plus ce morceau de tissu gluant. Lui n'a rien voulu savoir. Dans la pénombre, il scrute de temps à l'autre l'extérieur, par le fin rai de lumière qui s'échappe de l'interstice de la fenêtre - observant l'extérieur, prenant garde à ne jamais être repéré. Il se déplace en silence, telle une ombre, s'évade parfois de la pièce quelques instants puis revient, glissant plus que marchant...  

Lui sait. Il sait qu'Ania Kovetzina, fille unique du plus gros mafioso vivant de Vladivostok, ne va pas tarder à apparaître dans toutes les chroniques, dans tous les journeaux, sur tous les blogs et sur les murs des commissariats : mais où se cache donc la progéniture du plus grand boss du crime organisé de Mongolie et Russie réunies ? Il sait que les Russes adorent ce type de faux-drame, ça les aide à tenir... Alors avec elle, il va prendre son temps. Faire monter la pression. A feu doux.  

Le père Kovetzina n'est pas homme à se laisser abattre. Lui pense qu'il délèguera probablement son ex-mannequin cocaïnomane de femme Tamil Rastropanov (Gina Martinez) à sa recherche. Rastropanov a l'âge de cette gamine mais a probablement fait exécuter autant d'individus qu'un Général Birman de 70 berges - c'est dire si elle sait où elle va...  

Quelle famille. Mais c'est pas grave. Elle aussi, il l'attend. D'ailleurs, ils se connaissent déjà pas mal.  

La jeune fille elle-même a reçu une bonne éducation : elle s'est fièrement défendue lors de son kidnapping, lui a salement dégusté mais il a su trouver le bon coup de pied dans les gencives pour la calmer. Deux fois.  

Tic-tac-tic-tac...  

Elle a aussi essayé de s'évader. C'était avant qu'il en vienne aux mains. Il veut bien avoir des principes, mais il ne faudrait pas qu'elle le confonde avec un mercenaire de série Z pakistanaise : la garder en vie ne signifie pas, pour lui, la garder en un seul morceau.  

Par quelle partie va-t'il commencer ?  

La jeune fille regarde, les yeux exhorbités, l'homme sortir un appareillage vidéo d'une petite malette rapportée par ce nabot à tête de fouine qui se fait appeler Snaldo (Adrian Rye) : ça, c'est pour filmer "les preuves de vie", il le lui a fait comprendre par des signes : une coutume habituelle en guérilla. Dehors, elle commence à entendre le ronronnement de la vie urbaine. L'odeur de la naphtaline commence à la révulser : elle ne sait toujours pas où elle est (l'appart de la mère à Snaldo ? Peut-être), l'obscurité lui permet tout de même de distinguer l'intérieur immanquablement rétro et kitchissime (cette horloge !!!) coutumier des retraités sans-le-sou de l'ex-Administration Centrale.  

Merde, Oulan-Bator est vraiment devenue une ville craignos pour qu'elle, la clubbeuse la plus importante du pays, se fasse "rôder" à la sortie de la discothèque du pote à son père. Et ses trois gardes du corps ? Envolés, disparus - ou abattus ?  

OK, si ce mec est un pro, il manque tout de même singulièrement de constance. En général, on met en confiance la proie : là, c'est à peine s'il lui a désinfecté ses plaies - c'était quoi d'ailleurs, de la white spirit ? - p*tain, ça continue à la lancer... En plus, elle n'a rien mangé depuis... 12-16 heures ? Et la came n'en parlons pas - un début de manque ou bien les pilules qui commencent à la downer sévère ?  

Bref, tout va mal. Mais ça ne sera rien à côté de ce que l'infortuné kipnappeur va prendre quand sa belle-mère va lui mettre la main au c0uilles... Rien du tout.  

L'homme regarde la jeune fille à travers ces lunettes noires : un nid de nerfs qui ne demande qu'à se détendre, se laisser aller. Il l'observe, l'air de rien... D'habitude, il a un peu de compassion pour le bétail. Mais là, rien. Il essayerait de se forcer que ce serait la même chose : impossible de ressentir la moindre empathie envers cette gamine pourrie au stade terminal de la déchéance occidentale. Une future petite caïd en puissance... Si jamais elle survit d'ici-là.  

C'est vrai que son père y est allé fort cette fois-ci. Quelque part, entre eux deux, c'est presque devenu personnel, à la limite de l'intime...  

Maintenant, si la vengeance est un plat qui se mange froid, la bienséance n'interdit pas quelques morceaux de bidoche saignants au milieu...  

Faut juste pas faire chier un Kirghize.  

Tic-tac-tic-tac...  

(Script original)