1945 - Dans la banlieue de Berlin.  

Le Camp de Concentration de Wirbenbalt avait en cette nuit, sous cette pluie battante, une apparence plus sinistre que jamais. Même les divisions spéciales SS chargées de sa garde n'avaient que rarement ressenti un tel malaise. Les incessants bombardements proches, tirs de DCA et allers-retours des avions ennemis ne laissaient place au repos et tout le monde était sur les dents.  

La berline du Führer venait d'arriver. On l'en avait extrait avec difficulté. En chaise roulante, souffreteux et ashmatique, il était entouré de ses plus proches conseillers.  

La petite troupe accueillie par le Directeur du Centre s'était immédiatement rendue en ascenseur dans les sous-sols aménagés spécialement. A 2 kilomètres de profondeur, on retrouvait un peu de calme. Le groupe était entré dans un grand salon muni d'une baie vitrée qui surplombait une gigantesque salle éclairée et bien gardée. Au milieu de la pièce, une machine aux proportions cyclopéennes trônait : le dernier espoir du Reich était là, menaçant.  

Autour de la machine s'affairait une noria de blouses blanches dirigée par un homme que le Directeur du Centre avait présenté au Führer comme le Dr Van Keppen (Jonathan Reviglio). Le Directeur annonçait à Van Keppen l'arrivée des invités. L'homme en contrebas se détournait alors de ses employés et utilisait à son tour un micro - le Führer relevait la tête, son seul oeil encore valide brillait d'une puissance sans égale.  

"- Mon Führer, quelle fierté pour nous de vous compter parmi les témoins privilégiés du miracle que nous allons vivre ce soir : les plans que vos équipes ont retrouvés dans les ruines de l'ancienne Babylone nous ont révélé les secrets des Anciens Dieux que les occultistes du monde entier évoquaient jusqu'à présent avec terreur sans vraiment les comprendre. Aujourd'hui je suis en mesure de vous annoncer que grâce à cette machinerie réalisée à partir de ces plans, nous pourront communiquer avec eux - les faire revenir en les contrôlant - ainsi, la victoire nous sera acquise et le Reich de Mille ans une réalité."  

Trois petits sas avaient été aménagés autour de la machine. En face de chacun se trouvait une rangée de prisonniers nus, menottés, baillonnés les yeux bandés, attendant d'avancer au coeur de la machinerie.  

Après un discours enflammé, Van Keppen avait annoncé le début de l'expérience : il avait avec ses collègues revêtu des robes de cérémonie et psalmodiait un rituel. Un ensemble complexe de cylindres, rouages et machines à vapeur s'étaient mis en branle dans un vacarme infernal. Les gardes commençaient à faire avancer les prisonniers.  

Au sein de l'assistance du salon, un homme s'était discrètement éclipsé - il en avait assez vu pour donner le signal. Ce haut dignitaire nazi savait ce qui se tramait et en avait informé les alliés : parmi les choses qu'il était prêt à endurer pour la cause, celle-ci dépassait de loin son allégeance.  

Remontant à la surface, il se retrouvait seul dans les couloirs, avisait une remise, sortait de son attaché-case un étrange dispositif qui commençait un émettre un signal.  

En bas, dans la grande salle, des cuves commençaient à se remplir de sang bouillonnant au fur et à mesure de l'entrée des prisonniers dans la machine.  

Au milieu du camp, une cheminée commençait à émettre une lueur intense - puis une flamme puissante traversait le ciel pour se perdre dans l'immensité cosmique.  

Au même instant, un Boeing B-29 Superfortress en vol à 10 km au-dessus de la zone percevait la flamme, et recevait un ordre de bombardement. Exécuté dans les 10 secondes.  

Deux minutes plus tard, le Camp de Concentration de Wirbenbalt était rayé de la carte.  

2009 - Musée de la guerre de Wirbenbalt.  

Le petit groupe d'étudiants américains avait eu quartier libre et se baladait dans les travées du musée, l'air morne. Venus de la banlieue de Philadelphie, ce voyage en Europe leur avait été imposé par leur prof d'histoire dont le père avait survécu à l'Holocauste - une bonne manière de rappeler aussi la dette de l'Europe vis-à-vis du Nouveau Continent.  

So what ? A la différence de sa soeur Angie (Cristina Staite), Adam Morris (Charles Staite) trouvait ça "chiant". Pour lui, les nazis étaient des gars qui avaient la classe, les SS savaient s'habiller, avaient eu une idée en tête et étaient restés droits dans leur bottes. Ils étaient "trop cool" à ses yeux. Le Parti Nazi Américain dont il fréquentait le site régulièrement, avait maintes fois dénoncé tout ce qu'on essayait de leur mettre sur le dos.  

Et puis, tout ça, c'était du passé : sans l'avouer, pour lui, l'Europe, c'était plutôt les filles faciles et les français en 2CV. D'ailleurs, le musée tombait en ruines - preuve que même les européens commençaient à s'en cogner.  

A déambuler ainsi, il n'avait eu aucun mal à se perdre et à se retrouver dans les archives de l'établissement. Là, était remisé tout ce qui n'était pas exposé. En se promenant dans la grande pièce poussiéreuse, ouvrant ça et là tiroirs et armoires aux inscriptions indéchiffrables, il devait tomber sur un globe de cristal assez fascinant, rempli d'un liquide au milieu duquel flottait une chevalière sertie des insignes du corps SS. Une rareté.  

Un bruit de verre. Adam ressortait de la pièce, de l'air de celui qui retrouve son chemin...  

Le groupe était reparti pour les USA deux jours plus tard. Exténués par leur voyage, ils ramèneraient une leçon d'histoire, de courage et de volonté. D'autres n'étaient franchement pas mécontents de ce qu'ils avaient trouvé sur place.  

De retour chez lui, Adam s'apercevrait très vite d'une étrange lueur nimbant le bijou ("probablement dûe au liquide dans lequel il avait baîgné toutes ces années"). Curieux, il le porterait à son doigt.  

La rencontre avec l'esprit de Van Keppen lui ouvrirait les portes de la connaissance et de la folie.  

L'horreur pouvait recommencer...  

(Script original)