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PPAAMMS présente
L'Auberge 1x01 - The Chaos

 

 

Howard Landers : Lucas  

Rose Edelman : Lenny/La Narratrice  

 

 

 

Je me souviens très bien du jour ou tout à basculer. Je me souviens aussi de comment était la vie avant et de ces petits moments merveilleux ou je me disais que ce monde était fabuleux, extraordinaire. Me retrouver au milieu d’une foule de visage et de couleurs, de gens affairés à aller ou rentrer du travail, de promeneurs flânant le long des quais, de familles occupées à simplement exister. Je me remémore souvent ces instants paisible ou une douce chaleur venait me caresser et me remplir en constatant que j’avais la chance, rare, de me trouver dans une région du monde ou je n’avais pas, ou peu, à craindre pour ma survie. Ou l’étrange banalité de la vie se résumait à travailler, dormir et sortir. Nous n’avions pas à craindre la guerre, ou à nous cacher ou à lutter pour notre survie, simplement, nous existions et cohabitions en paix, tout en tentant de trouver un but ou une raison a notre présence sur Terre. Bien sur qu’il pouvait parfois y avoir des tensions, de la haine, de la colère, de la jalousie et des vices, mais globalement, nous avions tout pour être heureux ou pour, au moins, partir en quête du bonheur. Aujourd’hui pourtant, tout est différent et je regrette parfois de ne pas avoir su plus profiter de ces instants de pure insouciance.  

 

Je n’avais aucun des critères requis pour me permettre de survive à ce qui s’est passé, pourtant, me voila écrivant ces lignes dans un carnet déchiré, trois-cent soixante-cinq jours plus tard. Un an, exactement. J’ai l’impression que c’était il y a un siècle. Tant de choses se sont produites depuis. Je dois absolument vous parler de l’Auberge et de ses pensionnaires. Mais tout d’abord, je me dois de raconter les évènements dans l’ordre et donc, commencer par le commencement, c’est-à-dire, The Chaos.  

 

Je venais de changer d’emploi et de rencontrer mes nouveaux collègues, dont un en particulier, qui avait la charge de me former à ses tâches. Lucas était un type aux yeux clairs, discret mais aimable, auquel j’avais bien du mal a donner un âge. Après deux semaines a échanger des banalités, je lui avais finalement avouer ne pas avoir beaucoup d’amis en ville et pitié ou réelle sympathie, Lucas m’avait invité a l’une de ses soirées. Il n’avait pas le profil type du fêtard avec son job de bureau, ses polos proprets et sa compagne avocate, pourtant, j’allais découvrir une tout autre facette de lui, en même temps que j’allais pour la première fois mettre les pieds à l’Auberge. Propriété d’un vieil hippie malade, l’Auberge était un triplex en plein cœur du Plateau de Montréal, ou tout un tas de voyageurs du monde entier - principalement des Français – se retrouvaient le temps de quelques jours, quelques semaines, ou plus. Certains finissaient même par s’y installer définitivement, tout comme l’avait fait Lucas et sa compagne, Lisa. Il faut que je vous parle de Lisa. Belle, grande, blonde, drôle et intelligente, cette avocate du barreau ne semblait, de prime abord, ne rien avoir à faire la, à l’Auberge. Pourtant, elle en était l’administrative principale. En échange de leur investissement dans la gestion de l’Auberge, les résidents permanents y logeaient gratuitement et, dans une ville comme Montréal, ou les loyer étaient exorbitants, c’était une occasion a ne pas louper. Lorsque je suis arrivée pour la première fois devant, je me souviens m’être dit que je m’étais surement trompée d’endroit. D’extérieur, le bâtiment n’avait rien de particulier, coincé entre deux autres triplex identiques au style Victorien austère et charmant a la fois. Néanmoins, la rambarde d’escalier peinte en jaune pétant et le logo du Routard sur la porte, m’ont confirmé que j’étais à la place. Apercevant le hall d’entrée de l’autre côté de la vitre, je me suis demandée s’il fallait frapper ou simplement entrer. J’avais opté pour une version améliorée, en ouvrant la porte d’une main et frappant de l’autre, m’annonçant par la voix. Du haut des escalier, Lucas m’invita à le rejoindre. Il y avait déjà au moins quinze personnes de présentes. Accoudée au bar, Lucas me présenta Lisa, puis certains autres de ses amis, mais dont les noms sont tombés dans les limbes de ma mémoire. Me sachant de nature timide, mon collègue entreprit de me faire visiter son « repaire ». Il y avait des lits partout. Littéralement, partout. L’on dormait au quatre coins de la maison, sur des matelas a même le sol ou en mezzanine, et même, dans un van aménagé au fin fond de la cour extérieure. On aurait dit, la maison des Weasley, dans le film Harry Potter. Une ambiance bohème mêlée a quelque chose de chaotique et d’anarchique se dégageait de cette grande demeure encombrée, mais vivante. Il y avait des photographies et affiches placardées sur tous les murs, ainsi que des guitares et autres instruments de musique, masques africains ou aborigènes, je ne saurais le dire, et tout un tas d’objets provenant probablement des quatre coins du monde. C’était assez extraordinaire. Sur l’un des lits dormait, malgré le bruit, paisiblement Jacques, quatre-vingt-trois ans, heureux propriétaire de cette ménagerie. L’Auberge pouvait accueillir au cœur de l’été jusqu’à trente personnes et pourtant, elle ne disposait que d’une seule, unique et minuscule salle de bain. Néanmoins, a l’extérieur, sur l’un des balcons, avait été aménagé avec beaucoup d’ingéniosité, des toilettes et une douche. De style Montréalais, il y avait des escaliers serpentant et s’entrecroisant sur de minces balcons tout le long de la façade intérieure. Il y avait quelque chose d’assez surnaturel a tout ça, en tout cas, comme provenant d’un autre monde ou d’une autre époque. J’étais émerveillée de constater qu’une multitude de jeunes – ou moins jeunes – gens aimaient vivre ainsi, partageant tous leurs biens et possessions, sans intimité et dans un brouhaha constant et pourtant, en parfaite harmonie. Il était impossible d’haïr l’humanité après une visite a l’Auberge. C’était l’exemple parfait d’une société d’entre-aide bienveillante, une micro-nation composée de jeunes voyageurs débrouillards, joyeux et ouverts d’esprits. Surement quelque peu idéalistes aussi. Un lit ici coûtait vingt-cinq dollars pour une nuit, ce qui était ridiculement peu chers à Montréal et l’auberge était même l’endroit le plus cheap du Québec et peut-être même du Canada. Faillait-il encore accepter de partager son espace avec des inconnus de passage et aimer la compagnie.  

 

Mon premier soir à l’Auberge était exceptionnel pour deux raisons. La première parce qu’il n’y avait pas eu autant de monde réuni la depuis des semaines et que les administrateurs ne craignaient que la police débarque et la deuxième, parce-que cette nuit la que The Chaos s’est produit.  

 

A minuit passé, j’ai commencé à m’inquiéter de trouver un métro, l’heure fatidique du dernier moyen de transport pour rentré chez moi approchant. J’ai donc salué succinctement mes hôtes, j’ai attrapé mon sac et j’ai redescendu l’escalier a la rambarde jaune qui m’avait accueillie à mon arrivée quelques heures plus tôt. Je n’avais fait que quelques pas lorsqu’une explosion a retenti, assez proche pour m’alarmer, mais pas assez pour véritablement m’inquiéter. Après tout, nous étions vendredi soir, tard, c’était jour de fête, j’étais dans un quartier très vivant, même a cette heure tardive et les Québécois avaient, semble-t-il, une fascination pour les pétards et feux d’artifices. Les marcheurs autour de moi paraissaient également intrigués, mais poursuivaient leur chemin avec légèreté, discutant gaiement, les yeux jetant parfois des regards furtifs autour d’eux. J’ai continué ma route en direction de la station de métro la plus proche. Parvenue a l’artère principale du quartier, la foule est devenue plus dense et électrisée. Quelque chose clochait. Je me souviens avoir rapidement vérifiée mon téléphone, mais tout semblait normal sur les réseaux sociaux. J’ai descendu les marches me conduisant dans les tréfonds du métro quatre par quatre et j’ai patienté sur le quai. C’est alors que le métro allant dans la direction opposée de la mienne a pénétré dans la gare. Un hoquet de stupeur a retenti. Tout le long de la carlingue des voitures, il y avait des traces de frottements et de métal plié, comme si le conducteur avait perdu le contrôle de sa machine et que le wagon avait percuté quelque chose. Un autre métro peut-être ? A cette vue, une douleur poignante m’a saisi l’estomac. Les voix tout autour de moi montaient et les conversations viraient a l’inquiétude frénétique. Certains passant avaient sorti leurs portables et filmaient les éraflures comme s’il s’agissait la d’une bête inconnue dont il fallait immortaliser la présence. C’est alors que j’ai reçu un message de Lucas.  

« - Ou es-tu ? »  

« - Mont-Royal, pourquoi ? »  

« - Ne monte pas dans le métro, retourne à l’Auberge. »  

Je suis restée un moment bloquée de stupeur, les doigts serrés sur mon téléphone, les yeux lisant et re-lisant le message. Mon cerveau semblait ne pas savoir comment traiter cette information.  

« - Pourquoi ? » me suis-je obstinée à répondre.  

J’ai attendu quelques minutes une réponse, en vain et le son rauque de mon métro approchant dans le tunnel m’a tiré de mes pensées. J’ai regardé rapidement autour de moi, hébété. La plupart des personnes réunies la avaient le nez dans leurs smartphones et la mine grave. Certains s’en allaient et remontaient les escaliers menant a la rue. Devais-je faire pareil ? Mon métro apparut dans l’embouchure du tunnel et le conducteur semblait, de prime abord, totalement impassible et hermétique a l’agitation ambiante. Il n’avait probablement aucune idée de ce qu’il se passait, pas plus que moi a vrai dire. Lorsqu’il s’arrêta et que les porte s’ouvrirent, j’hésita. La voiture devant moi était bondée et sur le visage des passagers se lisaient la préoccupation. Les portes se refermèrent et je n’avais toujours pas bouger. Lorsque le métro redémarra dans un sifflement aigu, je me précipitai vers la sortie.  

 

L’agitation dans la rue était encore plus intense maintenant. J’accélérai le pas, mon portable résolument coincé dans ma poche de peur de ce que je pourrai y découvrir et aussi pour ne pas quitter le chemin des yeux, de crainte de me perdre et j’arrivais presque en courant au bas de l’escalier a la rambarde jaune. J’avalais les marches, les mains moites et débarqua dans la pièce tout en long servant de salon, cuisine et chambre, tout a la fois. Une vingtaine de jeunes étaient encore là, ainsi que Jacques, le propriétaire, définitivement réveillé. Lucas me sourit faiblement en me voyant.  

« - Il y a eu une explosion apparemment », me glissa-t-il a l’oreille après s’être approché. « Tu as lu le message d’alerte du gouvernement ? »  

Je fronçais les sourcils et sortie mon smartphone de ma poche. Les doigts tremblant, je découvris sur la page d’accueil une longue notification.  

 

« ALERTES D’URGENCE  

 

Message du Gouvernement du Québec. Restez chez vous et attendez les consignes à venir. Ne vous regroupez pas et ne restez pas dans les rues. Si vous ne savez pas où aller, trouver refuge dans les établissements de divertissements ouverts et restez-y jusqu’à nouvel ordre. Suivez-les directives sur www.alerte.gouv.qc.ca ou médias locaux. »  

 

Le même message se répétait ensuite en anglais.  

« - Qu’est-ce que ça signifie ? » je demandais bêtement, mais personne ne m’écoutait. Mes camarades étaient affairés à débattre de la gravité de la situation et de ce qui avait bien pu se produire.  

Je remarquais que la moitié des jeunes réunis étaient soit ivre, soit avait fumé du pot. Lucas semblait avoir immédiatement décuvé, lui qui dansait en titubant a peine une demi-heure plus tôt.  

« - Ok, on fait comme ils disent », trancha le jeune homme de sa voix la plus forte.  

Tous les visages se tournèrent vers lui. Une fois le silence de mise et l’attention monopolisée, il reprit.  

« - On s’organise ici pour que tout le monde ait un endroit ou dormir pour la nuit. Et on attend de nouvelles directives. »  

Les fêtards avaient soudainement perdu de leur insouciance.  

 

 

 

 

Scénario :
une série Z de science-fiction (Post-Apocalyptique) de Demetra Chatwood

Howard Landers

Rose Edelman
Musique par Laura Kubota
Sorti le 02 avril 2061 (Semaine 2935)
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