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Le Principat

Dans un Royaume où le souverain est réduit à un rôle symbolique, la constitution lui offre un dernier pouvoir: dissoudre les assemblées, convoquer de nouvelles élections et... abdiquer. Auréolé d'une cote de popularité "Kennedienne", dans un pays qu'il ne reconnaît plus, une idée va germer dans la tête du Roi...  

 

La Roi: Ryan Dixon  

La Reine: Sigrid Dahlgren  

 

 

 

- Securities and Exchange Commission, commissaire Will Levitt.  

- Bonjour, avant demain vous devriez recevoir une enveloppe. Il y aura votre nom. C’est du très gros. Ouvrez-là.  

- Pardon mais vous pourriez être plus précis??  

- Tout y sera. J’ai assisté à une réunion. Tout ce que j’ai à vous apporter, tout ce qui est nécessaire, se trouve dans cette enveloppe.  

Un silence pesant s’installa. Douze secondes parurent douze minutes, douze heures, douze jours. Une éternité.  

- Commissaire?  

- Je vous écoute…  

- Tout un pays s’effondrera, mais il le faut. C’est un mal nécessaire.  

La communication fut coupée.  

Au même moment, la rédaction d’un grand quotidien new-yorkais recevait le même appel. Les mêmes promesses. Les mêmes suppliques. Plus tard ce jour, le commissaire Levitt entrevit une des plus importantes banqueroutes nationales de l’Histoire.  

 

 

Un jour nouveau se levait sur tout un pays. Le début de ce qui ressemblait à une journée comme les autres, la première d’une énième et identique semaine. Sauf les coupures de la presse nationale, ce matin-là. En quelques gros titres, plus personne ne s’attendant à un jour, à une semaine, ni même à une année banale. La terrible nouvelle se répandit comme une traînée de poudre. En quelques heures, personne, dans ce pays, ne pouvait plus l’ignorer.  

Aujourd’hui, le gouvernement avait été pris en train de tricher.  

Aujourd’hui, le fond public avait orchestré une gigantesque escroquerie financière.  

Aujourd’hui, la démocratie s’était absentée. Qui pouvait savoir quand, ni même si on la reverrait?  

 

 

Les lumières de la ville.  

Elles défilaient dans une cadence continue. Inlassablement. Une lumière après l’autre, l’empreinte de la civilisation. Derrière le fumé d’une vitre de berline, un Roi mélancolique se laissait hypnotiser. Toutes les lumières, toute l’animation, tous les gens et toute la vie qui défilait sous son nez le rendait triste. Triste pour eux. Triste de leur sort.  

Triste de ce qui allait leur arriver.  

Le Roi était de retour au pays mais personne dehors, nulle vie, nuls gens, nulle animation et nulle lumière ne s’en souciait. Ce n’était pas un Roi anonyme. Ce n’était pas un roi inaccessible. Il n’était pas enfermé dans une tour d’ivoire. Au contraire, c’était un citoyen ordinaire, un Roi qui était un homme comme les autres. Avec un travail et avec un salaire. Et pour cela, nul ne se souciait de lui, comme nul ne se soucie des hommes ordinaires. Pourtant, il était le Roi le plus aimé et respecté qu’eut connu le pays. Précisément pour cela. Parce qu’il était un citoyen et rien de plus. Le Roi en était fier. Le Roi avait travaillé très durement. Le Roi avait lui-même voulu cette existence. Il avait lui-même renoncé aux riches privilèges de sa fonction. Il avait estimé qu’un Roi n’était rien d’autre qu’un citoyen. Les rois d’antan n’étaient plus et leur pouvoirs dévolus aux politiciens. Qu’étaient désormais les rois sinon des symboles?? Qu’était-il sinon cela?? Pour cette raison, il s’était détourné de la tradition. Le Roi n’était plus rien. Le Roi n’avait plus rien à faire, plus rien à dire. Le Roi n’était plus que le lien entre le monde et la tradition.  

Alors, le Roi travaillait. Le Roi écrivait. Le Roi intervenait. Le Roi avait plus de résonance par son autorité intellectuelle que par son titre. Et il ne pouvait parler dans son propre royaume. Il était plus puissant dans d’autres pays par son esprit que chez lui par son statut. Qu’il en soit ainsi relevait de son choix.  

Prince, il n’avait jamais été destiné à régner. Il ne devait pas régner et ne le voulait pas. Il n’avait aucune jalousie à l’égard de la première héritière, sa sœur. Le prince s’était tracé sa propre route, son propre destin. Doctorat d’économie, maîtrise en sciences politique, banquier privé promis aux plus grandes instances. Puis, la nuit de son trente-troisième anniversaire, un avion tomba du ciel. Les souverains périrent. Ses parents périrent. La première héritière périt aussi. Sa sœur aînée périt aussi. Et le matin qui suivit cette nuit, la nuit de son trente-deuxième anniversaire, le jeune prince devint Roi. Dans la tourmente. Dans la douleur. La monarchie payait des décennies d’excès et de scandales. Elle payait la présence d’un requin de la finance sur son trône. Le Roi était jeune, mais intelligent. Il savait ce qu’il avait à faire. La seule chose à faire. Rendre ses pouvoirs au peuple.  

Le Roi abandonna ses pouvoirs au Parlement, et devint ce Roi symbolique, travailleurs, salarié. Ce Roi ordinaire. Mais il restait Roi, il restait assis sur un trône. Il avait longuement cultivé une image discrète, mais une image de banquier. Un destin qu’il avait soigneusement dessiné et soigneusement préparé. Un avenir qui ne serait finalement jamais réalisé. Il savait que son destin était définitivement perdu. Il savait que même sans aucun pouvoir, même sans la moindre responsabilité royale, même sans avoir quoi que ce soit à dire ou à faire en tant que Roi, jamais il ne pourrait plus avancer dans cette voie-là.  

Tout à recommencer. Une nouvelle voie, de nouveaux tracés, une nouvelle image.  

Un nouveau destin.  

Il n’avait jamais été investi du rôle de représentant du Royaume. Il ne s’était jamais senti concerné par cela. Mais une fois Roi, une fois sur le trône, il avait choisi que son devoir était de s’y consacrer corps et âme. Lui rendre ses lettres de noblesse quitte à laisser filer ses pouvoirs. C’était dans l’air du temps, pensait-il. Une nouvelle monarchie, celle de la représentation, avait remplacé celle du pouvoir politique. Il n’était rien d’autre qu’un représentant de sa nation et de son peuple. Aucun privilège ne pouvait être supérieur, alors il abandonna simplement tout autre privilège autrefois lié à sa fonction. Un Roi et rien d’autre. Rien de moins, rien de plus. Un titre, un rôle. Plus de dotations, plus de legs, plus de fondation ni de patrimoine à ne savoir qu’en faire. Les citoyens laborieux n’avaient ni dotation, ni legs, ni grand patrimoine.  

Il avait lui-même racheté, pour la forme, le domaine royal. Avec son patrimoine propre, celui de la finance, celui du banquier. Mais il avait payé, il avait acheté, comme tout citoyen. Il avait choisi de répondre favorablement aux demandes d’interventions qui lui étaient faites çà et là, dans un média ou dans un autre. Au début, il était une curiosité. Un Roi consultant, c’était quelque chose que chaque chaîne, chaque journal, chaque magazine, dans le pays et même au-delà, avait voulu attirer. Et il avait joué le jeu, avec élégance. Alors, on l’appela de nouveau. Puis à nouveau. Encore et encore. Dans le pays, et bien au-delà. Ailleurs. Il se déplaçait, il grandissait. Ce n’était plus une curiosité. Le Roi consultant était devenu consultant spécialiste. Il était demandé pour son analyse. Il était demandé pour son travail. Il était respecté pour tout cela. Non plus pour son titre, il n’était plus qu’un Roi. Il était un Homme.  

Un citoyen. Un travailleur.  

Simplement.  

Sa parole était écoutée, sa parole était entendue. Sa parole faisait réagit. Il avait transformé son image, il avait appris aux gens à l’aimer et avait appris à se faire apprécier. Alors il avait compris que son pouvoir était bien là. Il avait changé, il avait muté, mais il était là. Un pouvoir limité, certes. Mais le poids des paroles pouvait dépasser sa volonté. Il avait choisi de laisser au peuple le choix de décider de son propre sort. Il lui avait remis toutes les clés. Il pouvait exercer une influence sur ce peuple. Il se savait réinvestit d’un pouvoir. Pour respecter sa volonté d’abandonner tout pouvoir, pour ne pas interférer, il murmura un projet de loi aux oreilles averties du Parlement. Une loi interdisant au Roi de prendre parti en matière politique. Aucun député de son pays, aucun parti de son pays, quel qu’il soit, ne pouvait faire l’objet d’une humeur, d’un article, d’un livre, d’une analyse, d’une ode ou d’une critique, de la part du Roi. Il devait respecter la neutralité, en toute circonstance.  

Mais hors de ses frontières, il était maître de ses paroles. Il était Roi. Plus Roi ailleurs que chez lui. Telle était l’ironie de son existence.  

Ainsi, ce Roi dont le portrait était dressé, observait les lumières de la ville avec mélancolie. Il revenait d’une semaine d’intervention sur diverses chaînes étrangères. Une semaine durant laquelle son pays avait été entraîné dans une violente tourmente. Il avait dû s’abstenir de juger qui que ce soit, par neutralité. Mais son esprit fulminait, il bouillonnait. Dans le train du retour, il avait reçu la note gouvernementale qu’il avait le devoir de signer. Joint symbolique entre le peuple et ses élus, il avait toujours la tâche d’adoubement des gouvernements et de leurs actions. Dans la veine de sa nouvelle image, il respectait le choix des citoyens qu’il représentait. Les élus étaient choisis par les citoyens, la démocratie était ce qu’elle était. Il devait respecter les choix, et accepter les décisions. Jusqu’ici, il avait toujours signé.  

Tout.  

C’était son devoir moral. Son devoir de neutralité. La promesse qu’il avait formulée en montant sur ce trône. C’était son seul rôle, sa seule raison d’être appelé Roi.  

Mais il ne voulait plus signer. Pas cette fois, pas cela. S’il le faisait, il se rendait coupable, aux yeux de sa propre morale. Il avait fait son analyse, il redoutait les conséquences de ce qu’on l’enjoignait de signer. Ce document était un aller simple pour le désastre. Derrière la vitre, il voyait les lumières de la ville. Il les imaginait éteintes. Il voyait les gens marcher, courir, rire et parler. Et il voyait ce que personne ne pouvait voir. Il voyait le désastre, qui défilait sous ses yeux, sous les lumières éteintes. Le monde qu’il voyait était terrible. Il était dans ce monde, il vivait dans ce monde et pleurait au souvenir des jours heureux. De là venait sa nostalgie. Sa mélancolie. De là se peignit la tristesse sur son visage.  

Puis, il se réveilla. Les yeux grands ouverts, la tête froide.  

Il était Roi et gardait un pouvoir, un seul.  

Sa décision était prise.

Scénario : (1 commentaire)
une série Z dramatique (Politique) de Demetra Chatwood

Ryan Dixon

Sigrid Dahlgren
Sorti le 03 septembre 2055 (Semaine 2644)
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