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Loupieau Production France présente
Le Royaume de Sable

Avec le temps va, tout s’en va. L’érosion guette, et acère la roche. Les vents se lèvent et fouettent les parois. De petites particules s’en détachent. Innombrables. De la massive montagne apparaissent ces grains minuscules. Étrange paradoxe que celui de la nature, ou le tout nait du rien et le rien du néant sans que rien ne se perde ni ne se crée. Tout se transforme : les pierres, érodées, broyées, mixées, deviendront sable.  

 

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LPF est heureux de vous présenter : « Le Royaume de Sable », un film d'Ante Rasic.  

 

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Assis en haut du gros rocher rougeoyant qui dominait la vallée, Maatop (Alexander Bennett) contemplait avec fascination le phénomène qui se déroulait sous ses yeux. D’aussi loin qu’il s’en souvenait, le sable avait toujours fait partie de sa vie. Là où il vivait, dans le désert, il était omniprésent. Le sable se glissait partout : il se faufilait jusque dans les moindres recoins des maisons ; s’accumulait dans les draps ; collait aux vêtements mouillés et parvenait même à s’inviter sur la nourriture que sa mère préparait chaque soir. Le sable était à la fois dans l’air, dans l’eau et dans la terre. Un soir, se demandant si ce damné élément ne se cachait pas non plus dans le feu, Maatop avait plongé la main dans l’âtre. Il en gardait une horrible cicatrice qui repoussait les filles.  

 

À dire vrai, cela ne l’incommodait pas vraiment : il avait toujours préféré la solitude. Sa brûlure lui fournissait un excellent prétexte pour demeurer à l’écart des jeunes gens de son âge. Qu’il trouvait puérile leur manière de se tenir la main ou de rire bêtement devant l’être aimé ! Lui, il n’avait plus que sa mère et ses frères à aimer, et cela lui suffisait amplement. Son père, le sable l’avait emporté, la semaine dernière, et ne l’avait jamais rendu au village. Le vieux prêtre Ari l’avait décrété mort, et tout le monde l’avait suivi dans son jugement. Maatop, lui, ne savait pas ce qu’il était advenu de son père. Qui sait, peut-être était-il encore vivant, à de nombreuses lieues d’ici ?  

 

Maatop chassa de son esprit les souvenirs de son père qui lui revenaient pêle-mêle. Il se concentra de nouveau sur la tempête de sable qui sévissait au loin. Fascinant phénomène. Le vent tourbillonnait si fort qu’il soulevait une quantité astronomique de sable. La tempête balayait tout sur son passage, animaux, comme habitations. Elle ne laissait que désastre derrière elle. Maatop demeurait persuadé que c’était une tempête de la sorte qui avait emporté son père. Une main se posa sur son épaule.  

- Allez, viens, il faut partir. La tempête approche, c’est trop dangereux de rester là.  

À contrecœur, Maatop obtempéra. Son frère Sethi avait raison. Et puis, de toute façon, ce serait bientôt l’heure d’aider mère à faire la cuisine. Le jeune garçon se leva.  

 

*  

 

Peneb (Hamid Dehouli) ouvrit brusquement les yeux. Partout, le noir. Combien de temps s’était-il écoulé depuis sa perte de connaissance ? Il n’aurait su le dire avec précision. Cela faisait peut-être une heure, ou bien un an. Lentement, il entrepris de se mettre sur ses pieds. Ses yeux s’accommodaient enfin à l’obscurité, et il crut distinguer une faible lueur à quelques mètres à peine. Il s’avança prudemment. Le sol produisait une curieuse sensation. Comme s’il semblait s’affaisser sous chacun de ses pas, sans pour autant céder tout à fait. Peneb éprouva quelques légers grains sur ses orteils. Du sable. Il avança plus encore, et la lumière se fit plus intense. Elle semblait raser le sol et devait indiquer à coup sûr une porte. Il chercha la poignée à tâtons et tomba enfin dessus. D’un habile petit coup de poignet, il la fit jouer. La porte s’ouvrit, et la lumière, d’abord, l’aveugla.  

 

*  

 

- Maatop, à quoi penses-tu donc ? Coupe-moi plutôt l’ail, lança Fatii (Anne-Martine Vandervelt) à son fils.  

Son fils semblait perdu, l’esprit ailleurs.  

- Il pense encore à père, mère, intervint Sethi.  

- Votre père, les enfants, est mort. Les dieux eux-mêmes ne pourraient ne nous le ramener.  

- Qu’en sais-tu ?, explosa Maatop. As-tu vu son cadavre ? Je refuse de le croire mort.  

- Maatop, voyons, le prêtre Ari lui même l’a dit : les dieux lui ont révélé la mort de ton père dans ses rêves.  

- Mère, les rêves n’ont rien de divin. Il n’existe rien de plus humain au monde que de rêver. Je ne crois pas cet imposteur d’Ari.  

- Surveilles ton langage, mon garçon, répliqua Fatii d’un ton apeuré. Tes mauvaises paroles pourraient lui parvenir aux oreilles et le malheur s’abattre encore sur notre pauvre maison.  

Maatop haussa les épaules : les choses ne pouvaient s’empirer plus encore.  

- Et puis, mon fils, as-tu jamais vu quelqu’un survivre à une tempête de sable?  

- Non. Mais je n’ai jamais vu quelqu’un en mourir non plus.  

- Ne sois pas ridicule, Maatop !  

Le garçon acheva de couper l’ail en deux, et le jeta dans la marmite qui bouillait sur le feu. Prétextant un besoin naturel, il entreprit de sortir de la maison. La fureur, de nouveau, s’emparait de lui. Sa propre mère acceptait le sort de son père ? Pas lui. Puisqu’il en était ainsi, il partirait à sa recherche.  

 

*  

 

Peneb, d’abord, avait eut peine à se rappeler ce qui avait causé sa perte de connaissance. Et puis, il s’était souvenu de la tempête de sable qui l’avait emporté. Il s’était cru mort. D’ailleurs, peut-être l’était-il vraiment. Pourtant, il se sentait plus vivant que jamais. C’était peut-être cela, la vie après la mort. Peneb commençait à s’habituer à la lumière qui le bombardait. Et cette chaleur… Était-ce là de nouveau le désert ? Non, cela n’y ressemblait pas.  

 

L’homme s’avança petit à petit dans les allées d’un immense jardin coloré. Tout était si beau, et si harmonieux. Pourtant, une chose semblait étrange. Pour en avoir le cœur net, Peneb porta sa main vers une rose et la cueillit. Aussitôt, la rose se fana et se délita sous ses doigts. Encore du sable. Se pourrait-il que… ? Peneb effleura la haie d’arbustes finement taillés et éprouva la même sensation granuleuse sous ses doigts. Pis : il en allait de même pour les bassins d’eau dont la surface ondulait joliment, les sculptures romantiques ou l’herbe verte à ses pieds. Tout n’était que sable.  

- Je suis mort et en train de rêver, il n’y a aucune autre explication possible, s’exclama-t-il.  

Une main granuleuse vint se poser sur son épaule.  

 

*  

 

Maatop avait suivi la tempête de sable à bonne distance : ni trop près pour ne pas se faire absorber par l’énorme masse, à l’instar de son père ; ni trop loin pour ne pas en perdre la trace. Des heures durant, il l’avait traqué jusqu’à sa source, jusqu’à ce que l’immense tempête ne devienne plus qu’un ridicule tourbillon recrachant toutes les choses qu’elle avait aspiré. Pourtant, elle ne recrachait aucun homme. Peut-être ne s’en était-elle pas nourrie aujourd’hui ? Tapi derrière un rocher ensablé, Maatop épiait la tempête. Soudain, elle disparut. Le jeune homme sortit de sa cachette. Où était-elle donc passée ? Maatop courut, à droite, à gauche, à sa recherche. Quand soudain, il tomba sur un véritable château fort, au mur d’enceinte haut comme huit hommes, aux tours crénelées et à la porte de bois massif. Une véritable forteresse : mais que gardait-elle ainsi ? Maatop n’avait jamais entendu parler de son existence, et il lui semblait hautement improbable que le pharaon ait fait bâtir pareil édifice dans la région. Alors, que renfermait-elle ? À mesure qu’il s’approchait, il distinguait quelques silhouettes qui vadrouillaient sur les remparts : des sentinelles. L’une d’elle, subitement, pointa son doigt vers lui, et en un instant, tous les autres gardes bandèrent leur arc en sa direction. Affolé, Maatop stoppa net sa progression. Les flèches se fichèrent dans le sol, à quelques centimètres de lui. Qu’elles semblaient curieuses ! Maatop en ramassa une, qui lui fila sous les doigts : du sable.  

 

*  

 

Peneb scrutait avidement le visage de son interlocutrice (Maire McGrath), incapable de détourner le regard. Son visage paraissait si réaliste, et si étrange à la fois. Un véritable pouvoir semblait émaner de ses traits délicats. Il s’entendit demander :  

- Qui êtes vous ?  

- Je suis la reine Aopha.  

- Est-ce dont là le rêve d’une âme morte ?  

- Non, vous vivez.  

- Alors quoi ?  

- Ceci n’est autre que le Palais des Millions d’Années.  

Peneb se retourna une nouvelle fois pour observer la beauté de ce palais de sable. Un chat s’approcha de lui ; il le caressa doucement. Le félin sembla disparaître sous ses doigts puis se reconstitua comme par enchantement.  

- C’est de la magie.  

- Non, Peneb. Ceci est notre civilisation. La civilisation du sable. J’en suis la garante et la protectrice. Nous sommes la première civilisation, apparue bien avant les pharaons. Nous nous cachons pour survivre aux hommes.  

Tout admiratif qu’il était, une question lui brûlait la langue depuis le départ.  

- Suis-je prisonnier de ces murs de sable ?  

Alors que la Reine Aopha s’apprêtait à répondre, deux hommes d’armes firent leur entrée dans le paisible jardin. Ils soutenaient un gamin qui se débattait dans tous les sens.  

- Père !

Scénario : (1 commentaire)
une série A fantastique de Ante Rasic

Alexander Bennett

Maire McGrath

Hamid Dehouli

Anne-Martine Vandervelt
Musique par Alexandra Duval
Sorti le 20 mars 2043 (Semaine 1994)
Entrées : 20 101 580
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