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Les Flims Plalstique présente
Travis & Doug, Reporters de Choc

La rédaction de Géradmerveille Channel News est en ébullition. Que se passe-t-il de si important pour que rédacteurs, présentateurs, reporters, photographes, pigistes, stagiaires et secrétaires courent dans tous les sens ? Rien. C’est la norme en ces lieux. La chaîne d’information doit sans arrêt rester sur le qui-vive afin de ne rater aucune nouvelle importante. Même si le grand boss, le célèbre ancien reporter de guerre Stuart MacGuarrie, prône pour la coopération et l’esprit d’équipe, personne n’est dupe. Tous les journalistes se tirent dans les pattes et espèrent un jour pouvoir présenter le journal télévisé. Gérardmerveille Channel News est l’empire du vice, du mensonge et de la manipulation. Et des millions de téléspectateurs regardent la chaîne tous les jours sans soupçonner que c'est un nid de vipères.  

 

À son bureau, enfin si la décence nous permet d’appeler un bureau une planche posée en équilibre sur des anciennes chiottes condamnées et situées dans une petite cabine sous les escaliers, Doug Christmas (Bob Peck) s’ennuie. S’il avait eu un ordinateur, il aurait au moins pu jouer à ce fameux démineur dont tout le monde parle. Voire même la Dame de Pique ! Ses journées auraient été tellement plus… tellement moins… Bref, Doug s’ennuie. Il n’est pas animé par une ambition et une énergie transcendantes. Il se contente de toucher son chèque à la fin du mois. Ainsi, il reste transparent pour la plupart de ses collègues qui ne lui demande même pas d’aller faire des photocopies ou du café. D’ailleurs, Doug a bien compris qu’il a été plus ou moins oublié par la direction des ressources humaines, ce qui explique qu’il ait toujours son job.  

 

Alors qu’il range son « bureau » pour la cinquante-septième fois de la matinée, c’est-à-dire qu’il renverse son pot à crayons puis qu’il les classe par ordre décroissant de diamètre, une voix le fait sursauter.  

- Hey mec ! T’as une minute ?  

Il reconnaîtrait cette voix parmi des millions d’autres. Manque de bol pour Doug, le seul type qu’il ne voudrait pas croiser vient s’incruster dans son « bureau » dix fois par jour.  

- Travis.  

Travis Sidney (Lukas Hart) est un jeune homme dynamique. Officiellement, il est toujours stagiaire, rémunéré à 30% du salaire de base. Il n’a encore rien prouvé mais il est parvenu à renouveler son contrat de stage une bonne quinzaine de fois, profitant d’une faille dans la législation de Cinéjeu Island. Ce qui arrange aussi le grand chef qui se sert allègrement de l’enthousiasme de Travis. En effet, dès qu’il y a un chat écrasé ou une grand-mère coincée dans un arbre, c’est Travis qu’on envoie. Même s’il a conscience qu’il n’est qu’un pion et que tout le monde le méprise, Travis croit en sa bonne étoile. Il se rappelle ce que lui disait son père avant de mourir d’une cirrhose. « Si tu n’as aucune chance, saisis-la ! Et appelle l’infirmière, j’ai encore chié dans mon froc. »  

- Doug ! Je sais enfin comment on va avoir notre chance !  

Doug soupire. Cela fait de nombreuses fois que Travis cherche à l’entraîner dans des coups foireux afin d’obtenir LE scoop qui lancerait leur carrière. Sauf que Doug est très bien là où il est et il a parfaitement compris que Travis, derrière son apparence de gros frimeur, est un pire loser que lui.  

- Non merci. J’ai du travail.  

- Tu t’paluchais sur le dernier Ciné Merveilles ? Allez, te fous pas de ma gueule. Regarde tu sais ce que c’est, ça ?  

- Oui. C’est une clé.  

Effectivement, Travis a une clé à la main.  

- Oui, mais c’est pas n’importe quelle clé. C’est un double du bureau des dépêches.  

Doug a beau se foutre de tout ce qui concerne la rédaction, il sait très bien de quoi il parle. Le bureau des dépêches est une petite pièce dans laquelle un fax vomit régulièrement les dernières dépêches transmises par les agences de presse. Ces informations sont alors transmises aux services concernés qui décideront, ou pas, de travailler dessus. Et interdiction à qui que ce soit de pénétrer dans ce bureau fermé à double-tour, hormis deux ou trois privilégiés qui ont signé un papier permettant au grand boss de leur arracher les gonades avec les dents s’ils profitent de cet accès privilégié à des fins personnelles.  

Doug hausse les épaules.  

- Et t’as trouvé ça où ?  

- J’peux pas te dire. J’l’ai trouvé. Voila, j'l'ai trouvé par terre. Comme ça.  

- Super. Et ?  

Travis se rapproche et parle moins fort. Pourtant ses chuchotements agressent encore davantage les oreilles de son collègue.  

- C’est le gros Barney au bureau des dépêches aujourd’hui. Tu sais, celui qui…  

- … qui reste aux chiottes pendant trois plombes. Je sais, j’ai déjà eu le malheur de passer après lui.  

- Alors voila le plan. Moi je rentre dans la pièce pendant que toi, tu…  

Doug se retourne complètement dans un grincement terrible car il est le seul à ne pas avoir de fauteuil à roulettes.  

- J’t’arrête tout de suite, Travis. Tu fais tes p’tites embrouilles tout seul. J’ai rien demandé.  

- Allez, t’auras juste à monter la garde dans le couloir. Tu siffles quand Barney est de retour et le tour est joué. Et même si je me fais prendre, personne ne saura que t’étais dans le coup !  

- M’en fous. C’est non.  

- Alleeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeez, steu'plaîîîîît… !  

 

Doug fulmine. Il joue au planton dans le couloir pendant que Travis fait sa petite affaire dans le bureau des dépêches. Sauf qu’il ne sait pas trop comment se donner de la contenance et il reste planté comme un piquet, et comme un abruti, au milieu du passage. Il surveille du coin de l’œil la porte des WC. Pas de Barney en vue. En revanche, du bout du couloir, une silhouette merveilleuse (Melany Dennis) et tout droit sortie d’un rêve s’approche d’un pas gracieux comme au ralenti. Doug la reconnait immédiatement : c’est Donna Kasinsky, la présentatrice vedette de la matinale. Tout l’immeuble (femmes et mobilier inclus) est amoureux d’elle. Doug sent son cœur s’emballer… Elle va passer juste devant lui ! Il pourra sentir son odeur, il va… Elle s’arrête à côté de lui et le fixe. Doug ne sait plus ce qui lui arrive, il vit un rêve éveillé. Ses mains commencent à trembler et il sue abondamment.  

- Tu bouges ducon, ou tu vas rester au milieu comme une pauv’tâche ?  

- Mbklklqfhabjkqipoahr… Oui pardon, miss Kashi… Zinska… Heu…  

Alors que la jeune femme passe devant lui, Doug s’attrape le cœur dans une posture théâtrale. Il vient probablement de vivre l’instant le plus intense de sa vie. La tête lui tourne et des étoiles tourbillonnent devant ses yeux et… Une main se pose sur son épaule. Travis est de retour.  

- Putain, mec, tu foutais quoi ? Barney est revenu, j’ai dû me barrer en courant en lui lançant toutes les autres dépêches dans la tronche !  

- J’ai croisé un ange.  

- Ah. Bon, j’ai quand même réussi à choper un truc.  

Il montre une bandelette de papier sur laquelle est imprimée une petite phrase.  

« le groupe d’activistes écologiques radicaux BLUEWAR prévoit une action d’envergure afin de lutter contre le disparition d'animaux menacés, d’après des propos rapportés par son leader TIM WINGNUT sur son compte twitter »  

 

Le soir même, les deux « journalistes » débarquent devant un hangar désaffecté. D’après leurs tuyaux (une recherche google), Bluewar a ses quartiers dans un entrepôt désaffecté de la zone industrielle. Aucun éclairage public n’est à proximité des lieux et Doug ne cache pas ses craintes.  

- Ça pue encore l’embrouille. Allez, on se casse ! On va se faire dépouiller par des toxicos, se faire agresser par des Sdf ou se faire violer par des migrants…  

- On y est. Je ne sais pas ce que ça cache, mais faut pas qu’on loupe cette affaire.  

- Tu parles, ça craint et ça vaut rien. Tu serais allé cinq minutes plus tôt aux dépêches, on aurait eu le scoop sur la liaison cachée entre Nikolas Morcar et la mère de Jessica Aronosky… On aurait fait les gros titres… Mais là on va croiser trois pauvres hippies défoncés et on va chanter du Joan Baez autour d’un feu en se lamentant du capitalisme qui bouffe le monde et détruit notre âme.  

Travis frappe du poing sur la grande porte en fer. Après deux minutes d'attente, une petite lucarne s’ouvre et ils aperçoivent le visage d’une blonde (Logan Mandown) au regard brumeux et à la voix blasée.  

- On laisse pas entrer les journalistes.  

Doug est en retrait, il laisse son camarade se dépatouiller.  

- Quels journalistes ? On est des… des sympathisants ! Ouais, on adore toutes vos conner… toutes vos idées et tout. Heu… Rendons la nature de la Terre à… heu… à la Terre ?  

- C’est « Rendons sa propre nature à la Terre ». Je vous laisse entrer mais vous vous tenez à carreau. Tim ne supporte pas les fouineurs. Tenez-le vous pour dit.  

 

Travis et Doug, précédé par la jeune femme prénommée Syntopia, traversent le hangar plongé dans l’obscurité. Ils discernent des palettes chargées de matériel indiscernable. Enfin, ils font l’ascension d’un escalier métallique et arrivent dans une petite pièce. Des chaises sont placées en rond et une douzaine de jeunes gens est en grande conversation. L’un d’eux (Alex McBrain), un jeune homme énergique aux yeux écarquillés, se lève à leur rencontre. Syntopia désigne Travis et Doug d’un geste fatigué.  

- C’est des nouveaux. C’est pas des journalistes d'après eux.  

- Tant mieux parce que les journaleux, on leur fait la peau à ces mouches à merde. Bienvenue les gars ! Toute bonne volonté est bonne à prendre ! J’m’appelle Tim Wingnut. C’est moi qui chapeaute la prochaine opération qu’on monte. Il est temps de faire comprendre à ces salopards de pollueurs que la nature veut regagner ses droits et sa primauté sur…  

Doug n’écoute plus. Il souffle de dépit. Ce soir, c’est la grande finale de « Stars on the Dancefloor » et il la rate pour écouter ces merdeux qui cherchent à refaire le monde. Il se penche vers Travis qui semble tout autant désappointé.  

- Des putains de hippies, j’te dis.  

 

La nuit a été longue. Travis n’a strictement rien appris de convaincant au milieu des banalités et inepties des membres de Bluewar. Il se rend au travail avec des cernes comme des culottes de grand-mères. Et pour ne rien arranger, Stuart MacGuarrie, le grand chef, l’a convoqué dans son bureau. En général, ce n’est pas bon signe. Il attend sagement devant son bureau et, après quinze minutes d’angoisse, la porte s’ouvre enfin. C’est Donna Kasinsky qui en sort. Elle ignore superbement Travis et disparait rapidement. Le jeune homme entre timidement dans le bureau. Stuart (Herbert Schneider) est un homme plutôt fluet. C’est à se demander s’il a réellement été reporter de guerre. Mais son autorité, personne ne la conteste.  

- Mon p’tit Davis Melbourne…  

- C’est Travis Sidney.  

- Ça fait combien de temps que vous êtes chez nous ? Trois-quatre mois ?  

- Heu… À cinq ans près, c’est ça.  

- Il est temps pour vous de faire vos preuves. Je ne pourrais pas vous donner votre chance indéfiniment.  

- Justement ! Je suis un gros coup et on…  

- Vous allez vous charger d’un gros événement culturel.  

- Oh ! Vraiment ?  

- Vous aimez le cinéma ?  

Travis a les yeux qui brillent… À Gérardmerveille, le septième art, c'est le graal de tout bon journaliste. Il s’imagine déjà interviewer Evalena Sweet, Gaia Williams ou Suri Pendragon. Stuart enchaîne.  

- Vous allez vous rendre au festival du film breton à Fundanse. « Cidréma » ça s’appelle.  

- Oh putain, non, pas Fundanse… C’est mort.  

Les yeux de Stuart lancent des éclairs.  

 

Travis, l’air penaud, fait son compte-rendu dans le bureau-cabinet de Doug.  

- Y’aura même pas de stars. Y’a que Baya Santiago qui a accepté de venir. La lose. Si je veux garder mon poste, faut que je marque les esprits. Et c’est pas avec cette connerie que j’y arriverai. Alors demain j’accompagne les écolos dans leur opération à la con. Ce sera pas pire.  

- Comme tu veux.  

- Tu m’accompagnes pas ? Imagine si ça fait le buzz… On sera les premiers sur les lieux. Toutes les chaînes d’info seront vertes de jalousie et on sera les nouvelles vedettes de la chaîne !  

À son tour, Doug a les yeux qui s’illuminent. Il se voit présenter la matinale aux côtés de Donna qui le regarde amoureusement.  

 

- Allez hop ! Montez tous ! Ça va être historique ! Direction la mairie !  

Tim est enthousiaste et il exhorte ses troupes. Parmi eux, Travis et Doug sont du voyage. Ce dernier porte un grand sac de sport dans lequel il a planqué une caméra. Mais personne n’y fait attention car plusieurs autres sacs similaires sont entassés dans le minivan volkswagen. Tout le monde grimpe dans une ambiance bon enfant. Tim est au volant et sa conduite est sportive, pour ne pas dire nerveuse. Le minivan arrive sur la place de la mairie mais, au lieu de se garer sagement en épi sur les places dévolues à cet effet, le jeune homme grimpe sur le trottoir et traverse la place, explosant au passage le chariot d’un vendeur de hot-dogs. Grand coup de frein à main. Il se retourne avec un sourire machiavélique.  

- Et n’oubliez pas les cagoules…  

La porte arrière s’ouvre en grand et les hommes descendent en courant. Syntopia ouvre un grand sac et en extirpe des fusils qu’elle distribue à tous les autres. Travis et Doug s’échangent un regard terrifié. Tim a déjà enfilé sa cagoule et détecte une hésitation chez les deux nouveaux.  

- Vous foutez quoi ? Bougez-vous le cul avant que la cavalerie débarque !  

Le jeune écologiste a les yeux injectés de sang et semble totalement en transe. Travis reste bouche bée. C’est Doug qui prend la parole.  

- Mais on fait quoi là ? Bordel, on fait quoi ?  

- Tu t’attendais à quoi ?  

- Ben je sais pas… Je pensais qu’on allait lancer des fleurs ou se mettre tous nus pour scander des slogans pacifistes, je sais pas des trucs de hippies…  

Tim pointe son fusil vers eux. Doug n’insiste pas.  

- Ok, ok, on vient, faut pas s’énerver.  

Il met sa cagoule, en tend une à Travis, et suit le groupe en courant, fermement accroché à son sac. Une fois dans le hall de la mairie, Tim tire trois coups en l’air.  

- On veut voir le maire ! Sinon on bute tout le monde !  

 

Vingt minutes plus tard, la situation est une véritable impasse. Les forces de l’ordre se sont déployées devant la mairie mais essuient des tirs s’ils se rapprochent trop. Le maire refuse de négocier. Il estime que les revendications sont irréalistes. Hors de question pour lui de faire l’impasse sur l’importation de viande de dauphin.  

Assis dans la salle d’attente, au milieu d’otages qu’ils sont censés tenir en respect, les deux journalistes sont complètement désemparés. Travis semble en profonde réflexion. Il finit par se tourner vers Doug qui est affalé et qui fixe la télévision allumée et suspendue au mur.  

- Ok. On y est jusqu’au cou. Au pire, on va crever pour une cause dont on se contrefout et au mieux, les flics ne nous croiront jamais. Alors faut qu’on prenne les choses en main. Tu vas sortir ta putain de caméra et prendre le maximum d’images et… bordel, je suis censé être au festival. Le boss va me tuer, si j’m’en sors. Faut pas que quelqu’un apprenne qu’on est là sinon…  

- Tais-toi !  

- Comment ça, tais-toi ? On va y passer et toi tu…  

- Ferme-la, j’te dis !  

Doug s’éjecte de son siège et atteint le bouton du volume de la télé. Travis se rend alors compte que Donna est à l’antenne, juste à l’extérieur de la mairie. Elle parle d’une voix affirmée.  

- ….et je viens d’avoir Tim Wingnut au téléphone, le leader de Bluewar actuellement à l’intérieur de la mairie. Nous avons négocié et il a accepté de me laisser entrer seule afin de pouvoir…  

Travis et Doug échangent un regard. Si Donna les aperçoit, ils sont cuits. Et surtout, ils se souviennent des mots de Tim : « les journaleux, on leur fait la peau ». À la vue des événements récents, ils sont à peu près certains que ce n’était pas une plaisanterie.  

 

 

 

 

 

 

 

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Les Flims Plalstique présentent  

"Travis & Doug, Reporters de Choc"  

 

Un film de Nikolas Morcar (Vilaines bêtes !)  

Sur une musique de Peter Faltermeyer (Comme un jour sans nuit)  

 

Avec  

Lukas Hart (Les 11 Mercenaires) dans le rôle de Travis Sidney  

Bob Peck (La Concurrence 2 Loyale) dans le rôle de Doug Christmas  

Melany Dennis (Pour Jo) dans le rôle de Donna Kasinsky  

Alex McBrain (Un Autre Monde) dans le rôle de Tim Wingnut  

Logan Mandown (Le soleil ne se couchera pas) dans le rôle de Syntopia  

et  

Herbert Schneider (Contre toute apparence) dans le rôle de Stuart MacGuarrie  

 

 

 

(Non, l'affiche n'est pas moche, elle n'a pas un physique facile, c'est tout.)

Scénario : (1 commentaire)
une série A thriller (Comédie mais thriller quand même, hein) de Nikolas Morcar

Lukas Hart

Melany Dennis

Bob Peck

Logan Mandown
Avec la participation exceptionnelle de Herbert Schneider, Alex McBrain
Musique par Peter Faltermeyer
Sorti le 13 juin 2037 (Semaine 1693)
Entrées : 20 326 859
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