URSS, 1967  

La petite salle était sombre et inhospitalière. Aucune fenêtre. Juste une porte blindée et un large miroir sur le mur d'en face. La table placée au centre de la pièce était accompagnée de deux chaises qui devaient avoir vu du monde passer. Olga (Eva Bardinger) attendait patiemment de savoir à quelle sauce elle allait être mangée. Elle ignorait totalement la localisation exacte de cet endroit. Était-elle à Moscou ? Depuis son amerrissage brutal dans la mer de Sibérie, on l'avait récupérée rapidement et emmenée jusqu'ici dans à l'arrière d'un fourgon sans vitres. De corridor en corridor, après quelques examens médicaux, elle s'était retrouvée ici. La jeune femme ne savait même pas quel jour on était. Elle fixa le miroir sans être dupe que c'était le miroir qui l'observait. Au bout d'un temps qui lui parut infini, la porte s'ouvrit dans un grincement strident et un homme (Hugh Carlson) vêtu d'un costume sombre entra. Il prit le soin de refermer la porte derrière lui et, deux secondes plus tard, Olga entendit un cliquetis signifiant que l'on avait verrouillé derrière lui. L'homme s'assit et posa une pile de documents sur la table. Il les feuilleta, ignorant superbement la jeune femme qui restait tout autant silencieuse. Après cinq minutes, l'homme daigna lever les yeux et il fixa sévèrement Olga. Sa voix brisa le silence et la dureté du ton employé fit sursauter la jeune femme.  

- Veuillez décliner votre identité.  

- Olga Sakharova. Née le 12 avril 1935 à Irkoutsk. J'ai fait des études de physique appliquée à Leningrad, puis à Boston. J'ai été embauchée, dès mon retour dans la patrie, pour intégrer le programme spatial UR-500.  

- Quel était votre rôle dans ce programme ?  

Olga nota le "était". Jusqu'à preuve du contraire, elle était toujours sous contrat.  

- Mes compétences d'ingénieur m'ont permis de gérer toute la partie propulsion du projet et...  

- Je vois. Comment vous êtes-vous retrouvées...  

- ...sur le terrain ?  

L'homme lui lança un regard mauvais. Olga ne se décontenança pas. Elle savait quel genre de type il était. Probablement du KGB. Ces types cherchaient à vous faire craquer pour arriver à leurs fins. Mais la jeune femme était solide et ne comptait pas lâcher prise. Du moins, tant qu'elle n'en saurait pas plus.  

- Il fallait quelqu'un de compétent dans le domaine pour toute la maintenance. J'ai postulé, j'ai eu le poste. Je ne vois pas où est le problème.  

- Vous conviendrez que c'est plutôt... saugrenu de voir une femme à un poste aussi important. Je n'ai pas souvenir de femmes envoyées dans l'espace.  

- C'est que vous n'avez pas de mémoire ou que vous n'y connaissez rien. Valentina Terechkova a été la première, il y a presque quatre ans. Très peu ont suivi, mais j'ai prouvé que j'y avais ma place.  

Pour la première fois, l'homme lâcha un petit sourire en coin qui s'effaça presque aussitôt.  

- Et on a vu le résultat.  

- Que voulez-vous dire ?  

Olga sentit un mélange de vexation et de curiosité en elle. L'homme, qui semblait apprécier de mener l'interrogatoire, répondit d'une voix faussement désabusée.  

- Prenons les choses dans l'ordre. Racontez-moi la mission.  

Olga fit un effort de concentration afin de n'omettre aucun détail notable. Celui lui donna plus de peine qu'elle ne l'aurait cru. Ses derniers souvenirs se heurtaient les uns aux autres et un terrible mal de tête lui vrilla le crâne. Toutefois, elle ne flancha pas. Elle fit le récit total de la mission. Des préparatifs minutieux, du décollage parfaitement maîtrisé, de la vue de la Terre depuis l'espace infini, de l'approche de la Lune, de... Elle bloqua. Plus rien ne vint. Le trou noir. Elle se souvint ensuite de s'être réveillée dans la capsule qui flottait à la surface de la mer glaciale alors que le bateau était déjà en vue.  

L'homme au costume noir comprit le désarroi de la jeune femme mais il sembla y voir une tentative de dissimuler quelque chose.  

- Vous étiez trois sur ce vol.  

- Oui. Les camarades Adamov et Tarkovski étaient chargés des sorties dans l'espace.  

Olga sentit son cœur s'arrêter. Les deux hommes n'avaient pas été présents dans la capsule avec elle. Ce qui la choqua le plus, ce fut de ne s'en rendre compte que maintenant.  

- Je...  

- Il se trouve qu'on a retrouvé votre fusée dans...  

- On dit "module".  

L'homme lui jeta un regard noir et Olga comprit qu'elle n'était pas en position de faire la maligne. Elle se contenta de l'écouter.  

- Votre... module a été retrouvé dans les steppes de Sibérie. Autant dire qu'il n'était pas dans un état exploitable. Néanmoins, nous avons pu identifier les corps de vos... camarades.  

Il souleva quelques feuilles de son dossier, en extirpa une enveloppe kraft qu'il ouvrit lentement. Il attrapa une demie-douzaine de photos, les regarda d'un air dégoûté qui sembla un peu trop théâtral à Olga. Enfin, il balança les photos devant elle.  

La jeune femme se saisit de la première d'une main tremblotante. Elle reconnut les parois de l'engin qu'elle avait, sous toute vraisemblance, abandonné en cours de mission. Délicatement, elle prit une deuxième photographie. L'intérieur du module était carbonisé, ce qui s'expliquait aisément par la traversée de l'atmosphère qui n'avait pas du se dérouler dans des conditions optimales. Un troisième cliché lui confirma enfin que ses deux équipiers cosmonautes avaient péri dans le vaisseau. Leurs corps recroquevillés et calcinés gisaient dans un coin de la salle principale. En attrapant la photo suivante, olga ne put s'empêcher de mettre sa main devant la bouche. On y voyait Adamov. Ou plutôt ce qu'il en restait. Sa peau noire était craquelée de partout. Mais ce qui la frappa fut l'état de son visage. Les yeux étaient manquants, la mâchoire arrachée et de nombreuses lacérations traversaient son corps. Ces nombreuses blessures ne pouvaient s'expliquer seulement par le crash.  

- Mais...  

- Oui ?  

- Comment se fait-il que l'engin ne soit pas plus endommagé ? Je veux dire... Il aurait dû être désintégré par la violence du choc !  

- C'est l'une des questions dont on attend des réponses de votre part. Je vais vous laisser un peu seule. Pour réfléchir.  

Et très vite, Olga se retrouva seule. Elle n'y comprenait plus rien. Elle se força à se souvenir. La mission avait pour objectif de réussir un vol circumlunaire afin de prendre quelques rèpères pour une prochaine tentative de vol habité en direction de la lune, histoire de doubler les américains dans leurs tentatives. Le mal de crâne se fit plus insistant. Et tout à coup, sans prévenir, des images assaillirent l'esprit d'Olga.  

Les cris de terreur ou de douleur d'Adamov, une fumée noire qui envahissait tout, une sorte de corne de brume qui résonnait, une ombre à la surface de la Lune, des yeux surtout, des yeux, et...  

Olga se releva, renversant la table en arrière. Elle recula et s'adossa au mur, transpirant abondamment. Les yeux étaient toujours dans sa tête.  

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Les Flims Plalstique présentent  

"Nouvelle Lune"  

Un film de Jessica Barton (Dollhouse)  

Sur une musique de Lisa Willhyams (PNJ)  

Avec  

Hugh Carlson (The Reptile's Rock) dans le rôle de Boris  

et  

Eva Berdinger (The Argonauts and the Lost Cities of Atlantis) dans le rôle d' Olga