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Les Flims Plalstique présente
Alter Ego

 

https://www.youtube.com/watch?v=U6pXE1RFRMI  

 

Ronan Cartalitanesto arpentait les rues ensoleillées de Gérardmerveille avec un plaisir non dissimulé. Dernièrement, il avait un peu délaissé la capitale du cinéma pour aller se dorer la pilule à Saint-Propez. Mais depuis son retour courant 2036, le studio des Flims Plalstique était en pleine ascension et le producteur se faisait un nom auprès du grand public. D'ailleurs, il n'était pas rare qu'il fut reconnu par des admirateurs de tout âge.  

- Hé ! M'sieur Cartalata, j'adore tout c'que vous faites !  

- Oh, regarde, c'est le type qui jouait dans le film, là ! Mais si ! Avec machin !  

- T'as vu, c'est le keum de Savannah Dallas !  

Ronan se souvenait de son passé tumultueux et il ne pouvait s'empêcher de sourire devant toute cette notoriété inattendue. Il s'en délectait. Malgré son âge avancé, il gardait l'esprit d'un jeune homme de trente ans, prêt à conquérir le monde. Peut-être était-ce son secret...  

 

Le vieil homme parvint à l'immeuble flambant neuf de sa société de production. Malgré le nombre croissant d'employés, Ronan Cartalitanesto gérait son entreprise comme sa propre famille. Il la salua la plantureuse réceptionniste d'une petite courbette théâtrale et se dirigea vers l'ascenseur. Comme tout bon chef d'entreprise mégalomane, son bureau se situait au dernier étage de l'immeuble avec une grande baie vitrée qui dominait toute la ville.  

Gérardmerveille. Les mains sur les hanches, Ronan observait la ville qui s'étendait sous ses pieds. Dans ces moments, il se sentait comme un puissant souverain. Ou comme un esclave ignorant. Le téléphone de son bureau sonna. Il se retourna et jeta un coup d’œil rapide à l’autre baie vitrée, celle qui donnait sur l’intérieur du building et par laquelle il pouvait observer sa fourmilière. Il attrapa le combiné.  

- Allo ? Oui, Lukas... Oui, quand mes avocats auront un peu de temps libre depuis cette affiche avec Leonard Brumel... Oui mais t'as quand même foutu le feu à... Attends, faut que j'te laisse. Une urgence. Oui, bisous. Oui, c'est moi qui raccroche.  

 

Ça recommençait. Ronan sentit une force irrésistible qui le poussait à agir. Cela arrivait fréquemment depuis le début de l'année et il ne se l'expliquait pas.  

 

Une vingtaine de minutes plus tard, c'était plié. Gaia et le p’tit Cannon avaient donné leur accord, et une flopée de seconds rôles étaient de la partie. Un tournage lancé. Un film historique. Ronan avait eu une idée débarquée de nulle part et le projet avait été lancé dans la foulée. Une bonne vingtaine de millions dilapidés dans cette idée de superproduction tombée du ciel. Était-ce le comportement d’un homme raisonnable ? Il s’interrogeait davantage chaque jour mais il finissait toujours par éluder la question. Il menait bien sa barque, quoi qu’on en dise. Son regard fut soudainement attiré par un visage qui le fixait à travers la grande vitre intérieure. Le temps de se lever, la personne avait déjà disparu. Il n’avait pas réussi à y mettre un nom dessus mais la silhouette lui était familière.  

 

Le soir-même, revenant d'une soirée de gala donnée par le Corbeau où l'alcool avait encore coulé à flot, Ronan rentra tard chez lui. Sa villa, sur les hauteurs de Mountain Hill, semblait inoccupée. Dieu seul savait où Savannah traînait encore… Il n’eut ni le courage ni l’envie de téléphoner à tous les bars de pochtrons de la ville pour savoir à quelle heure elle rentrerait. Ronan était presque heureux de se retrouver un peu seul avec lui-même. Après un plateau-repas frugal devant une énième rediffusion de « Deux Capes... et des Pets ! », le vieil homme se mit au lit pensant tomber de fatigue. Mais une fois dans le noir, ses pensées vagabondèrent et les questions se heurtèrent les unes aux autres dans son crâne. Beaucoup de « À quoi tout cela nous mène-t-il ? » ou de « Qui mène le jeu ? » qui restaient sans réponse, une fois de plus. Un léger bruit de frottement, comme un rideau légèrement frôlé, résonna dans le silence de la nuit. Ronan sursauta et se précipita sur l’interrupteur de sa lampe de chevet. La douce lumière envahit la chambre et le vieil homme manqua d’avoir une crise cardiaque. Il n’était pas seul.  

 

Au pied du lit, debout sur le tapis, une jeune femme l’observait avec une expression neutre. Ronan se redressa mais ne sut quoi dire, car il reconnut immédiatement à qui il avait affaire.  

- Brume ? C’est bien vous ? Mais… Mais qu’est-ce que vous foutez chez moi ? Comment vous êtes rentrée ? Que voulez-vous ? C’est par rapport au procès de votre père ?  

Le producteur sauta de son lit et s’approcha de la jeune actrice qui faisait preuve d’un calme presque surnaturel. Le vieil homme tenta de recouvrer son calme.  

- C'était vous tout à l'heure, devant mon bureau ? N'est-ce pas ?  

La bouche de la comédienne s’entrouvrit et une voix douce et filiforme s’en extirpa.  

- Vous aimez vous poser des questions. Je le sais. Et vous, vous savez que vous ne savez rien.  

Ronan pencha la tête sur le côté. Il hésita une seconde. Devait-il appeler les flics ? Était-elle totalement stone ? Il n’avait qu’une certitude.  

- Vous n’êtes pas Brume. N’est-ce pas ?  

- Si l’enveloppe corporelle est insuffisante pour définir les individus, on peut le considérer ainsi. Je fais partie d’un système dont vous êtes l’un des maillons. Un rouage superflu et probablement temporaire. Mais vous en faites partie.  

- Mais de quoi parlez-vous enfin ?  

- Qu’est-ce qui définit votre monde ? Quels sont les éléments qui peuvent vous assurer de sa tangibilité ?  

- Je… Je suis perdu. Où voulez-vous en venir ?  

- Croyez-vous au destin ?  

- Non. Je suis le seul à faire mes choix et je n'aime pas l'idée qu'une force supérieure puisse m'y guider.  

Brume, ou qui que ce fut, soupira.  

- Votre monde est en train de mourir. Il se vide de sa substance.Et vous vous mentez à vous-même en feignant de l'ignorer. Qu'observez-vous, autour de vous, ces derniers temps ?  

Trouvant cette conversation totalement surréaliste, Ronan ne put que répondre le plus honnêtement possible. Comme si la jeune femme pénétrait son âme.  

- Les affaires marchent bien, mais... Je sais pas... On est de moins en moins nombreux dans la profession... Et puis, il y a tous ces films extrêmement mauvais qui sortent...  

- Vous mettez enfin le doigt dessus...  

- Hé ! Une minute ! On ne parle que de cinéma ! Y'a pas mort d'homme, non plus ! Le monde continue très bien de tourner pour autant ! Les gens ont le droit de privilégier d'autres loisirs !  

Brume baissa tristement les yeux.  

- Vous vous méprenez. Comme tous les autres. Mais je peux encore vous aider. Ou plutôt, je peux vous montrer la voie. Mais ce sera à vous d’arpenter le chemin et de réparer ce qui peut encore l'être. Voulez-vous connaître la vérité ?  

Ronan resta immobile face à la jeune femme. Il resta muet. Brume fit un pas dans sa direction. Il ne broncha pas et ne résista pas davantage quand elle le poussa brutalement en arrière.  

 

En une fraction de seconde, le vieil homme, dans un réflexe ancestral, tendit les bras en avant alors qu’il s’attendait à rebondir sur son lit. Il n’en fut rien. La chute fut interminable.  

 

 

 

 

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Ronan ouvrit les yeux, avec la bouche pâteuse et un mal de crâne qui lui tambourinait les tempes. Malgré l’obscurité de la pièce, il fut ébloui par la lumière agressive de l’écran d’ordinateur. Il se recula brusquement. Il était avachi sur un bureau, assis sur un fauteuil à roulettes qui glissa sur un bon mètre. Jetant des coups d’œil de tous côtés, un vent de panique le saisit. Il ne savait pas où il était. Son regard fut attiré par l’écran d’ordinateur et il se rapprocha de celui-ci. Un site internet était ouvert. Ronan attrapa fébrilement la souris et cliqua sur les items du menu situé sur la gauche de la fenêtre ouverte. « Production », « Mon Bureau »… Les données les plus essentielles, et parfois les plus confidentielles, de la société des Flims Plalstique étaient ainsi sommairement listées sur le site.  

- Mais quel est ce… Qui… Hé ! Comment ils savent que je vais tourner un…  

La lumière s’alluma soudainement et il dut fermer à nouveau les yeux.  

- Qu’est-ce tu fous… T’as pas vu l’heure ?  

Une jeune femme (Eva Bardinger) à moitié endormie l’examinait depuis l’embrasure de la porte.  

- Allez, arrête tes jeux débiles et monte te coucher. Il est minuit passé.  

Ronan avait déjà vécu de nombreuses situations incongrues. Mais tout ce qu’il avait vu jusqu'alors le dépassait totalement à ce moment précis. Ne voyant aucune autre alternative plausible, il se leva et suivit bêtement la jeune femme qui grimpait déjà des escaliers.  

Au moment où il allait éteindre la lumière, l’homme croisa son reflet dans un miroir accroché au mur du couloir. Il fixa un visage inconnu (Aymeric Cruz), mais vraisemblablement le sien. Ce fut la goutte d’eau et Ronan s'esclaffa. Brume s’était bien jouée de lui. Par un moyen quelconque, probablement en profitant de l’obscurité, la jeune actrice lui avait injecté une drogue et devait bien rire à l’heure actuelle. Ainsi, Ronan rejoignit l’inconnue dans le lit et s’endormit très vite, persuadé que ce n’était qu’un mauvais rêve et que tout serait oublié à son réveil.  

 

Il ouvrit les yeux. Son cœur s’emballa quand il comprit immédiatement qu’il se trouvait toujours dans la même chambre, qu’il était toujours l’autre, le type aperçu dans le miroir. Le lit était vide et le jour entrait timidement dans la chambre à travers le volet. L’homme se redressa péniblement et put observer son corps. Ses mains usées, ses bras ridés, son ventre proéminent, tout avait disparu. Il avait l’allure d’un autre homme. Le cauchemar était toujours réel.  

 

Il sortit du lit. La maison était silencieuse. D’un pas moyennement assuré, Ronan descendit les marches qu’il avait empruntées la veille. Rapidement, il trouva la cuisine grâce la légère odeur de café qui s’en dégageait. Sur le frigo rouge (mais quel genre de personne pouvait avoir un frigo rouge ?), un mot griffonné était placé derrière un aimant. Ronan l'attrapa. « Au marché avec les enfants. Pense à lancer une machine, bisous ». À côté de ce message succinct, toujours sur la porte du réfrigérateur, il remarqua un calendrier sur lequel les jours étaient maladroitement barrés, probablement par un jeune enfant. Le cœur de Ronan s’emballa encore une fois.  

- Euh… 2016 ? Mais qu’est-ce que… Qu’est-ce que je fais ici, chez ces gens, plus de vingt ans en arrière ? Ça n’a aucun sens !  

Désormais, c’était la colère qui prédominait.  

 

Il n’attendit pas de voir « sa » famille de retour. Après avoir fouillé la chambre et le bureau pour trouver quelques affaires et un peu de cash (des euros ?), Ronan s’échappa et héla un taxi près d’une gare routière à proximité.  

- Alors, tu vas où p’tit gars ?  

Ronan se retint. Le vieux chauffeur le prenait un peu de haut mais il se souvint qu’il avait un physique de jeune sot.  

- Gérardmerveille.  

Le type éclata de rire.  

- Quoi ? Gérardmer ? Ça fait une trotte !  

- Non, Gérardmerveille !  

- T’fous pas d’ma gueule ! Jamais entendu un nom aussi con. Ni en France, ni ailleurs…  

- En… France ? Mais qu’est-ce que je fous là… Je comprends pas la blague…  

- Alors ? Y’a le compteur qui tourne !  

- À l’aéroport, s’il-vous-plaît.  

 

Ronan demeura de longues minutes prostré sur un banc, dans le hall du terminal 3 de l’aéroport Charles-De-Gaulle. Il venait de se prendre le bec avec un type au guichet. Celui-ci avait menacé d’appeler la sécurité quand Ronan avait insisté pour avoir un billet pour Cinéjeu Island. Visiblement, le guichetier n’en avait jamais entendu parler et il considérait qu’il était impossible qu’un tel pays existe. Toute cette histoire n’avait plus aucun sens.  

 

Un homme entre deux âges vint s’asseoir à ses côtés. Celui-ci regarda sa montre puis sortit un magazine de la poche avant de sa valise. En y jetant un œil discrètement, Ronan remarqua des photos de tournage de films d’action. Une vague de nostalgie le submergea. Il n’était « là » que depuis quelques heures, mais déjà sa véritable vie lui manquait. Ainsi, il se pencha vers l'inconnu avec un sourire amical.  

- Vous vous intéressez au cinéma ?  

L’homme tourna la tête avec une expression étonnée. Visiblement, il n’était pas coutume qu’on s’adresse la parole, dans les aéroports. Finalement, il se détendit.  

- Oui, comme plus ou moins tout le monde je suppose. J’avoue que j’y vais assez souvent.  

Ronan bomba le torse une seconde avant de comprendre que le type ne pouvait pas le reconnaître.  

- Vous avez bien raison. Vous avez vu quoi dernièrement ?  

- Le dernier Batman. Pas mal du tout.  

- Vous plaisantez ? Ça date un peu. Et les derniers avec Jake Hopkins étaient une calamité !  

- Qui ça ?  

- Ben... Jake Hopkins.  

- Jamais entendu parler. Il joue dans quoi ?  

- Mais dans plein de films très connus. Je sais pas moi… « Blind Vengeance » par exemple. Ou dans les « Mark Reed » !  

- Connais pas.  

- Hein ? Il a joué aussi dans le dernier « Les Enfants du Monde » !  

- Jamais entendu parler de ça.  

- « Urban Outlaws » ! De la Morcar Prod ! Réalisé par Patrick Wang ! Avec Alejandra Batista et Lukas Hart !  

- Mais d’où vous sortez tous ces noms à la con ?  

Le type se leva précipitamment et s’éloigna. Ronan le laissa partir, mais il eut la sensation que le monde lui filait entre les doigts. Il devait se rendre à l’existence. Il était dans un monde où Cinéjeu Island, Gérardmerveille, et tous ceux qui l’habitaient, n’existaient pas. Existait-il lui-même alors ? Qui était-il ? Devait-il trouver un sens à tout ce merdier ?  

 

Brume… L’idée lui vint en même temps qu’il l’aperçut dans la foule. Leurs regards se croisèrent. Ronan sauta de son banc et se lança à sa poursuite. Mais le flot de voyageurs était compact et l’homme dut user des épaules pour se frayer un passage. Il voyait la silhouette de la jeune femme qui s'éloignait inexorablement malgré ses appels. En vain. Il se retrouva de l’autre côté du hall, devant une file de chauffeurs de taxi qui attendaient un potentiel client. Brume avait disparu.  

- J’y arriverais jamais tout seul…  

Une larme coula sur son jeune visage.  

 

Et il eut un flash. Il se trompait : Gérardmerveille existait dans ce monde. Sous une forme différente, certes, mais Gérardmerveille existait ! Sans grande difficulté, Ronan trouva des écrans tactiles à disposition des voyageurs. Et sans davantage de souci, il parvint à retrouver le site internet. Un jeu. « Cinéjeu ». Le monde qu’il connaissait n’était qu’un putain de jeu par navigateur internet. En d’autres circonstances, il aurait éclaté de rire devant cette idée absurde. Mais là, il voulait absolument contacter quelqu’un de là-bas. Il avait besoin d’aide. Son cœur s’emballa quand il comprit une chose évidente : le site lui demandait un mot de passe. Il tenta bien quelques combinaisons classiques qu’il utilisait parfois. Tout fut refusé. Ronan songea alors à créer un nouveau compte... Mais que penseraient ses amis producteurs ? Ils estimeraient légitimement avoir affaire à un dingue. Non, il fallait qu’il puisse entrer dans le jeu sous sa véritable identité… et il n’y avait qu’un seul endroit où ces codes étaient déjà enregistrés. Son visage se crispa.  

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=hz8EoMOVHBM  

 

 

 

 

 

 

 

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Les Flims Plalstique présentent  

"Alter Ego"  

 

Un film de Joel Goodson (Stacy)  

Sur une musique de Sarah Figgis (Marybell et l'obscur Lord Faraday)  

 

Avec  

Aymeric Cruz (Le Sabre du Pirée)  

Ronan Cartalitanesto (Les 11 Mercenaires)  

Eva Berdinger (||| ||||| || ||| ||)  

et  

Brume (PNJ)  

 

 

Scénario : (4 commentaires)
une série B de science-fiction (Meta²) de Joel Goodson

Aymeric Cruz

Brume

Ronan Cartalitanesto

Eva Berdinger
Musique par Sarah Figgis
Sorti le 12 décembre 2037 (Semaine 1719)
Entrées : 18 377 637
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