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Les Flims Plalstique présente

Amour, beauté intérieure et abdos fessiers

Matthew (Thor Degast) poussa la porte de la salle de sport. Déjà, il sentit qu'elle résistait comme si on avait voulu lui faire comprendre qu'il aurait beaucoup de travail. Il parvint néanmoins à entrer et, très vite, il sentit tous les regards se tourner vers lui. Effectivement, la plupart des gens présents, hommes comme femmes, étaient particulièrement bien affutés et leurs muscles saillaient sous leurs vêtements moulants. Matthew ne se décontenança pas : cela faisait plusieurs jours qu'il se préparait mentalement pour cet instant. Il souffla un grand coup et avança vers l'accueil. Il dût passer devant un grand miroir devant lequel se miraient de jeunes femmes aux fesses comme des balles rebondissantes. Au milieu, Matthew aperçut son reflet pendant une seconde. L'image fut cruelle. Le jeune homme, malgré ses vingt-quatre ans, était un réel freluquet. Sa silhouette élancée lui donnait l'allure d'un phasme et ses vêtements les plus petits étaient déjà trop amples. Le sac de sport qu'il portait en bandoulière semblait plus volumineux que lui.

Il parvint à un comptoir sur lequel gisaient de nombreux prospectus pour des protéines garantie 100% "musclatisfait". Un homme surdimensionné et vêtu d'un débardeur jaune fluo (Konrad Hamilton) était assis sur un fauteuil à roulettes et pianotait avec grande difficulté sur le clavier d'un ordinateur. Il fallait dire que ses doigts étaient suffisamment gros pour qu'il appuie sur plusieurs touches à la fois.

- Trop compliqué, les ordinateurs.

Il se leva précipitamment et observa le nouveau venu d'un œil étonné. Matthew ne s'était jamais senti particulièrement petit. Plutôt d'une taille normale. Mais le type derrière le comptoir le toisait d'une hauteur himalayenne. Comment ne touchait-il pas le plafond ? Matthew se sentit minuscule et le regard appuyé du type lui fit bien comprendre que cette impression était partagée.

- J'peux vous aider ?

- Heu... oui, excusez-moi de vous, heu... interrompre. Je viens pour m'inscrire.

- Vous venez vous inscrire ? Pour faire quoi ?

Sans aucun tact, le mastodonte ne cachait pas son étonnement. Qu'est-ce qu'une crevette pouvait venir faire dans une salle de sport ? Mais Matthew ne pouvait abandonner maintenant.

- Eh bien, je souhaite m'entretenir physiquement. Je suis conscient que mon métabolisme puisse être pour le moins déficient et que...

- Ouais, ouais, garde ton charabia pour toi. Je suis habitué aux zozos qui viennent s'inscrire en début d'année pour faire les beaux, pleins de bonnes résolutions et qu'on ne revoit plus jamais. M'en fous du moment qu'ils payent leur abonnement. Tu prends quelle formule ?

- À l'année.

L'homme ouvrit la bouche mais s'abstint finalement de répondre, secouant la tête avec un petit sourire moqueur. Il fit glisser une fiche de renseignements en direction de Matthew.

Le jeune garçon hésita une seconde. Faisait-il n'importe quoi ? Pouvait-on estimer que chacun avait sa place et que la sienne était partout sauf ici ? Les apparences tendaient à le prouver. Matthew avait souffert depuis son adolescence de son physique fluet. Jusqu'à présent, il s'en était accommodé et avait appris à se passer de la compagnie des autres. Ainsi, il n'avait jamais eu de petite amie et la peur que lui inspirait les filles était un frein suffisant à cette idée. Mais depuis qu'il était étudiant en droit et qu'il aspirait à de hautes ambitions dans la magistrature, le jeune homme avait pris conscience qu'il ne devait plus paraître pour un faible. Du moins, son psychiatre l'en avait convaincu. Après quelques recherches sur internet, Matthew avait conclu que fréquenter une salle de sport serait la solution au meilleur ratio temps/efficience. Lui qui aimait tant se débrouiller seul dans son coin, évitant si possible la proximité de ses semblables, plongeait directement dans le grand bain. Sans bouée.

- C'est bon ? T'as tout rempli ? J'vais te faire le tour du proprio... heu... Matthew. Moi c'est Gerhard.

Le grand bonhomme tendit sa main. Matthew eut un mouvement de recul, croyant qu'on allait lui broyer la tête. Et vue la taille de la main, l'idée n'était pas incongrue. Finalement, il la lui serra, craignant de se briser quelques phalanges. Pas de douleur mais un regard noir de Gerhard.

- Je ne suis pas gay.

Matthew retira précipitamment sa main.

- Je vous demande pardon ?

- J'ai dit que je n'étais pas gay.

- Mais heu... je n'ai jamais dit que... Je ne me permettrais... heu...

- Non, c'est parce que je m'appelle Gerhard. Ça se prononce gay-rarde. C'est allemand. Mais je ne suis pas gay. Faut jamais sous-entendre ça. Ok ?

- Heu... Très bien. Compris.

Gerhard se détendit un peu et commença la visite. Ils parcoururent les vestiaires et les salles de massage avant de découvrir les différents appareils de musculation. Matthew se souvint d'avoir visité une vraie salle de torture dans un musée médiéval. L'effet était le même. De son côté, Gerhard semblait comme un poisson dans l'eau au milieu des différents clients ; il leur prodiguait des conseils avec bienveillance. Il se rapprocha notamment d'une jeune femme aux formes plantureuses (Savannah Dallas) qui travaillait ses adducteurs assise à une machine. Matthew fut littéralement hypnotisé par l'énorme poitrine qui montait et descendait au rythme des tractions, alors que Gerhard vint se placer derrière elle et lui plaça les mains sur les hanches.

- 'faut que tu tiennes plus droit, Vanessa. Ton dos va...

- Fous le camp ! Arrête de profiter de la moindre aparté pour venir me tripoter.

Gerhard revint vers Matthew, un peu penaud.

- Elle m'envoie chier, mais elle m'adore en fait. Vanessa, c'est un peu la princesse, ici. Tu l'as sûrement déjà vue à la télé dans "Le loft des cœurs brisés à Saint-Propez". Du coup, elle est un peu sèche. Mais c'est une fille cool.

- Heu, ouais sûrement.

Matthew n'osa pas avouer qu'il n'avait même pas la télévision.

- WOUHOU !

Un peu plus loin, une femme d'un âge déjà beaucoup plus avancé (Jessica Aronosky) faisait de grands signes dans leur direction.

- GEEERHARD ! YOUHOU ! Moi, je veux bien que tu viennes me voir !

Mais le grand costaud tourna les talons et marmonna à Matthew un "Bouge-toi, bouge-toi..." assez clair. Ignorant superbement la cinquantenaire qui abandonna ses appels, ils s'éloignèrent très vite.

- Laurie Kitts. Méfie-toi d'elle. Elle vient de se faire larguer par son mari et a les hormones en ébullition. Elle prend tout c'qui bouge.

Sous-entendu : même un gringalet comme toi pourrait y passer.

La visite se termina et ils furent de retour à l'accueil. Gerhard fit comprendre à Matthew qu'il pouvait aller se changer et attaquer directement par vingt minutes de tapis roulant histoire de mettre la machine en route. Le jeune homme acquiesça et croisa un garçon du même âge que lui, en chaise roulante (Blad Demeci). Étonné, Matthew se retourna et vit qu'il était accueilli avec enthousiasme par Gerhard.

- Hey ! Salut champion !

Matthew eut des difficultés à sortir de la cabine. Il était ridicule, il en avait parfaitement conscience. Mais il osa toutefois se lancer. Baissant les yeux pour éviter de croiser le moindre regard, le jeune homme se dirigea vers le tapis roulant le plus isolé de la grande salle. Il prit également soin de faire une grande boucle pour éviter la fameuse Mrs. Kitts.

En règle générale, Matthew ne se considérait pas comme un imbécile. Il l'avait prouvé à maintes reprises, notamment dans ses études supérieures. Mais les nombreuses touches qui agrémentaient le clavier digital du tapis roulant le laissèrent perplexe. Il y avait, là-dedans, une logique qui l'échappait. Il haussa les épaules et tapota quelques touches au hasard. Sous ses pieds, le tapis se mit à tourner à une vitesse très modérée dans un vrombissement étouffé. Heureux du résultat, Matthew se mit à trottiner. Au bout de quelques dizaines de secondes, il eut la désagréable impression de ne plus pouvoir suivre le rythme. Il jeta un coup d’œil à l'écran et se rendit compte que l'option "accélération progressive" était cochée. Il tendit le bras mais comprit avec un début de panique que la vitesse était désormais trop élevée pour parvenir à l'avant du tapis et à l'écran de contrôle. Et il sentait une brûlure dans le thorax monter en lui. Le jeune homme savait que s'il tentait de descendre, il perdrait l'équilibre et tomberait lourdement sur le sol. Il préférait éviter ce genre de mésaventure pour sa première séance. Pris au piège et, ne sachant que faire, il tenta une accélération pour appuyer sur le bouton.

- Ça a fait un bruit terrible !

- Han my god ! Il est tout diformé ! On voit ses os !

- Mais non, il était déjà comme ça avant...

Matthew ouvrit un peu les paupières.

- Hey ! Regardez ! Il est pas mort !

Il aperçut le regard d'une douzaine de personnes qui l'entouraient. Il était allongé au sol. Il bafouilla un peu.

- Mqu'est-qfi m'vest arrivné ?

Les mains sur les hanches, Gerhard ne cacha pas son désappointement.

- Aucune idée. Tu t'es effondré et le tapis t'a envoyé voler dans les haltères. J'ai des caméras de surveillance, si tu veux voir. J'ai déjà mis la vidéo sur Youtube.

Matthew s'assit lentement et sentit son corps endolori qui se réveillait peu à peu. Déçus que tout aille bien, la plupart des curieux retournèrent à leurs exercices respectifs. Gerhard posa un genou au sol.

- Dis-moi... Tu vas pas porter plainte, hein ?

Pour toute réponse, Matthew lui offrit le sourire le plus sincère qu'il n'eut jamais fait.

~~~~ AMOUR, BEAUTÉ INTÉRIEURE et ABDOS FESSIERS ~~~~

un film de Kelvin Pitbull

https://www.youtube.com/watch?v=dOwqecO5gsk#t=2m14s

Huit mois plus tard

Si Matthew n'avait pas une force musculaire particulièrement impressionnante, on ne pouvait pas en dire autant de sa force de caractère. Prenant l'incident du tapis roulant comme une épreuve, il s'était mis en tête de dompter la machine et il avait impressionné tous les habitués des lieux en faisant preuve d'une régularité hors-du-commun. Dès qu'il le pouvait, Matthew se rendait à la salle de sport. Ainsi, il faisait désormais partie du décor et connaissait tout le monde. Seul souci, et pas des moindres, Matthew n'avait toujours pas pris la moindre once de muscle. Son gabarit de sauterelle faisait toujours autant tâche au milieu des musclors qui fréquentaient la salle. Mais son esprit et ses connaissances juridiques lui permettait de tirer son épingle du jeu. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.

Il arriva devant "SON" tapis. Il jeta négligemment sa serviette sur le côté et tapota l'écran. Une voix le fit sursauter.

- Heu, Matt, j'avais une question.

Il tourna la tête et aperçut Vanessa, la vedette de télé-réalité. Sous ses conseils, la jeune femme avait repris ses études d'esthétique et elle avait lancé une horde d'avocats à la poursuite des paparazzis qui la traquaient encore.

- Ne t'inquiète pas. Ce contrat est caduque, j'ai vérifié. Tu n'es plus obligée d'aller poser en maillot de bains dans la galerie marchande.

- Merci tellement, Matt. Grâce à toi, je vais réussir à faire table basse sur mon passé.

Elle s'éloigna et le garçon esquissa un petit sourire en coin. Son regard fut alors irrésistiblement attiré par une silhouette inconnue et attirante. Au comptoir de Gerhard, une jeune femme de son âge (Carla Morane) semblait être en train de s'inscrire. Matthew sentit une goutte de sueur qui lui coulait sur le front. Il se mit à courir sur son tapis d'un air absent et concentré. Mais de temps en temps, il lançait un coup d’œil sur le côté. La fille s'était assise sur un appareil où elle devait soulever des poids. Le tapis roulant stoppa. Matthew en descendit, sans tomber, et s'épongea le front. En passant devant la nouvelle venue, son cœur s'emballa même s'il ne laissa rien paraître.

- Excuse-moi !

Son coeur explosa presque. Elle lui parlait.

- Hein ? Quoi ? Moi ?

La fille leva les yeux au ciel.

- Évidemment toi. Viens m'aider une seconde.

- Oui. J'arrive.

- Tu peux me rajouter un poids de quinze kilos pour ma dernière série ? Je suis trop bien installée, je ne veux pas perdre ma position.

- Ho... heu, ok.

Matthew était totalement ignorant dans ce domaine et après quelques secondes d'hésitation, il parvint à reconnaître le poids en question. Mais pas à le soulever. Matthew serra les dents, râlant intérieurement sur la masse astronomique de l'objet.

- Gnnnnnnn...

Le poids bougea un peu et il arriva à placer ses doigts en-dessous. Au prix d'un effort monumental, il réussit à le lever mais c'était trop lourd et il le lâcha sur le sol dans un *DONG* sonore.

- NON MAIS C'EST PAS VRAI ! T'ES HANDICAPÉ OU QUOI ?

Verte de rage, la fille se leva précipitamment et attrapa l'objet avec une facilité déconcertante et le plaça sur la machine. Penaud, Matthew s'éloigna sans demander son reste. Le peu de confiance qu'il avait engrangé dernièrement s'était évaporé en quelques secondes. Alors qu'il allait rentrer au vestiaire, il croisa le jeune homme en chaise roulante.

- Hey ! Matt !

- Salut Ron.

- Tu viens me donner un coup de main ?

Le garçon hésita un peu.

- Ouais j'arrive.

Cela faisait quelques mois que Ron s'était mis en tête de battre le record du monde de tractions avec les bras dans la catégorie para-olympique. Avec Matthew, ils avaient bien sympathisé et ce dernier s'était naturellement retrouvé dans le rôle officieux de sparring-partner. Ainsi, le jeune étudiant accrocha la chaise roulante au sol et approcha la barre de traction qu'il baissa pile à la bonne hauteur. Ron se mit de la magnésie sur les mains.

Nora regrettait de s'être emportée autant. Non pas que ce pauvre type ne le méritait pas, mais elle ne voulait pas se faire une mauvaise réputation dès son arrivée. Depuis son arrivée à Gérardmerveille, la jeune femme enchaînait les galères et elle ne voulait désormais un contrôle total sur sa vie. Et tant pis si certains payaient les pots cassés.

- J't'ai jamais vue ici !

Elle tourna la tête et tomba nez à nez avec une femme d'un certain âge (Jessica Aronosky) avec des yeux malicieux.

- Tu verras, y'a plein de mecs super mignons ici. Mais j'te préviens, même s'il est inaccessible, celui-là, il est à moi.

Elle tendit le doigt.

- Celui en chaise roulante ?

- Mais non... l'autre.

- L'allumette ?

La vieille dame sourit. Nora fut stupéfaite. Quelque chose lui avait probablement échappé.

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Les Flims Plalstique et Les Films du Corbeau présentent

"Amour, beauté intérieure et abdos fessiers"

Un film de Kelvin Pitbull (Les Enfants du Monde - l'Age de colère)