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Les Flims Plalstique présente
Owlboy

~~~ OWLBOY ~~~  

 

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L’agent immobilier, les mains sur les hanches, exprimait une grande fierté. D’un signe du menton, il désigna une bicoque qui n’avait pas vraiment fière allure mais qui semblait néanmoins être l’une des seules de la rue à tenir encore debout. À ses côtés, une femme d’une trentaine d’années (Geneva Backhouse) faisait la moue. Elle exprima même un certain malaise, s’agrippant à la lanière de son sac à main. L’agent n’en rata pas une miette et il la poussa en direction de la maison, en prenant un air rassurant, presque mielleux.  

 

- Ne vous fiez pas aux apparences. Cette maison a du cachet et elle est spacieuse.  

 

Camilla observa la masure attentivement. Il était vrai qu'elle ne manquait pas de charme. Elle était assez étroite et semblait posséder deux étages. Ses murs donnaient l’impression d’être légèrement inclinés vers l’extérieur, ce qui lui donnait un aspect menaçant quand on se trouvait à ses pieds. Et finalement, il s’agissait peut-être de la baraque la moins sordide du quartier. La plupart des bâtiments de la rue étaient abandonnés et le temps avait déjà fait son œuvre. Des graffitis ornaient les planches défoncées qui avaient vainement espéré en barrer l’accès. Camilla haussa les épaules, au moins ils ne seront pas emmerdés par les voisins…  

 

- C’est tout ce que je peux vous proposer dans vos prix. C’est à prendre ou à laisser.  

 

Comme si le sort avait été rompu, l’agent immobilier retrouva une voix plus sérieuse. Presque accusatrice. Le brave homme avait sûrement autre chose à foutre que de se les peler dans un quartier dévasté et mourant de la banlieue de Detroit. Camilla obtempéra. Se donner une nouvelle chance, ça avait un prix.  

 

~~~  

 

Le déménagement avait été rapide. Toute une vie résumée à quelques pauvres cartons et un canapé-lit à moitié défoncé. Le soir tombait et la fatigue de Camilla se matérialisa par quelques muscles douloureux. Les vacances d’été touchaient à leur fin et la jeune femme devait absolument se rendre à l’annexe de la mairie dès le lendemain afin d’inscrire Jamie (Damien Leblanc) à l’école. Elle le voyait, assis sur le vieux plancher de sa chambre, lui tournant le dos et jouant avec des petites voitures. Elle sourit. Bientôt sept ans. À chaque nouvelle épreuve, Camilla était stupéfaite de voir son fils faire face avec une imperturbabilité que bien des adultes lui envieraient. Ils avaient tout quitté. Leur vie sur la côte Est avait été un vrai cauchemar et le dernier compagnon de Camilla avait parfois fait preuve d’une violence terrifiante. Elle l’aimait, probablement encore, mais elle se devait de protéger son enfant et son avenir. Camilla s’était même rendu compte qu’elle aurait pu tuer pour lui. Mais repartir de zéro n’était pas aussi évident. Un oncle éloigné lui avait proposé un job dans une usine de pièces détachées automobiles. C’était une opportunité à ne pas laisser passer. C’était sûrement un signe du destin.  

 

La jeune femme fit son retour dans la salle de bains. La pièce était quasiment vide. Un lavabo fissuré se faisait oublier dans un coin alors qu’une grande baignoire sur pieds trônait au milieu de la pièce. Probablement une pièce de musée. Le bain que Camilla s’était faite couler serait l’occasion de passer un premier bon moment dans cette maison encore étrangère. Elle se déshabilla devant la fenêtre qui donnait sur le petit jardin, à l’arrière. Malgré la pénombre qui prenait possession des lieux, elle distingua le vieux noyer qui se tordait de douleur au milieu d’herbes sauvages suffisamment hautes pour lui chatouiller les premières branches. Au fond, la clôture qui déterminait le début de la propriété d’en face avait été en partie arrachée, ce qui ne devait pas gêner grand monde car l’autre maison était abandonnée. Camilla trouva cela fort dommage car celle-ci était très grande, peut-être la plus grande du quartier.  

 

L’eau était brûlante et la jeune femme entra dans la baignoire avec délectation. Elle aurait pu prendre un bon bouquin ou mettre de la musique douce. Elle se contenta du silence, seulement interrompu à de rares reprises par le bruit des petites voitures de son fils dans sa chambre. Camilla renversa sa tête en arrière. Le plafond avait du être blanc à une époque. Là, il était jaunâtre et des tâches de moisissures dessinaient des motifs que Rorschach n’aurait pas désavoués. Contre un mur reposaient des sacs de plâtre éventrés et des tuyaux métalliques, vestiges d'un plombier d'une autre époque. Les gouttes d’eau qui s’extirpaient du robinet de la baignoire résonnaient dans un « plic-ploc » régulier. À l’extérieur, la nuit était totalement tombée.  

Tout à coup, un cri terrible et suraigu retentit dans la chambre de Jamie. Camilla sauta de son bain, manqua de glisser et parvint dans la chambre en moins de cinq secondes. Elle y trouva son fils immobile, livide et tourné vers la fenêtre. Elle eut beau lui demander ce qu’il s’était passé, l’enfant resta muet. La jeune femme s’approcha de la fenêtre, l’ouvrit et observa l’obscurité. Un léger bruissement se fit entendre dans l’herbe du jardin. Probablement la brise. Elle ferma les volets, puis la fenêtre et coucha son fils qui ne protesta pas.  

 

https://www.youtube.com/watch?v=WW8Ajj5eodE  

 

Cette nuit-là, Camilla fut longue à trouver le sommeil. Il faut dire que le simple matelas posé sur le sol n’était pas le meilleur lit du monde. Mais elle luttait surtout contre son esprit qui donnait l’impression de refuser d’abaisser sa vigilance. À ses côtés, le réveil analogique à lumière rouge égrenait les heures qui se succédaient inexorablement. Un besoin naturel finit par lui donner une raison valable de se lever pour se dégourdir les jambes. Elle se dirigea en direction de la salle de bains pour y boire un verre d’eau mais elle stoppa soudainement sa marche. Elle perçut une voix lointaine. Comme si quelqu’un chuchotait. Celle-ci semblait provenir du rez-de-chaussée. Camilla attrapa un vieux tuyau de métal qui traînait et descendit les marches qui grincèrent malgré ses précautions. Une fois dans le salon, le silence fut de retour. Mais pas pour longtemps : elle entendit à nouveau les murmures qui provenaient, à n’en pas douter, cette fois-ci de l’étage. Ainsi, la jeune maman rebroussa chemin, un peu plus rapidement qu'à l'aller, et tendit l’oreille quand elle arriva sur le palier. La chambre de son fils. Elle s’y précipita et les chuchotements stoppèrent alors qu’elle mettait les pieds dans la pièce. Celle-ci était plongée dans le noir mais Camilla devina la respiration de son fils qui dormait paisiblement dans son lit. Elle attendit pendant presque deux minutes et finit par retourner dans son lit. Elle ne ferma pas l’œil de la nuit, la main solidement agrippée au tuyau. Elle avait beau se dire qu’elle avait rêvé, que les murmures étaient probablement le vent qui s’engouffrait dans les murs ou des souris qui circulaient dans le grenier, elle ne pouvait pas s’ôter de la tête la phrase qu’elle avait entendue lorsqu’elle avait pénétré dans la chambre de Jamie. « Chut, elle arrive. »  

 

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Les jours passèrent et Camilla commença son nouveau travail. Jamie débuta également une nouvelle année scolaire. Les premiers jours d’école furent difficiles pour le garçon. Même s’il ne l’avouait pas à sa mère, Camilla comprit très vite que son fils était persécuté par un groupe d’enfants plus grands que lui. Paradoxalement, l’enfant semblait épanoui dès qu’il mettait les pieds dans sa maison. Il jouait beaucoup tout seul, dans sa chambre. Sa mère ne s’en inquiéta pas car il avait toujours eu un tempérament de solitaire. Toutefois, elle l'entendait parfois éclater de rire, sans en obtenir des explications. En rangeant sa chambre, elle tomba sur un jouet qu’elle ne connaissait pas. C’était une poupée pas plus grande qu’un Action Man, représentant un être humanoïde avec une tête de chouette disproportionnée qui lui donnait l’apparence d’un enfant. Le personnage était habillé d’un costume usé et de longues serres terminaient chacun des doigts des deux mains. Camilla questionna son fils sur la provenance de la figurine. Celui-ci resta évasif et évoqua le cadeau d’un ami, avant de passer à autre chose. Mais sa maman ressentit un dégoût inexplicable envers cet objet qui n’avait aucune raison de se trouver dans sa maison. Ainsi, le soir même, alors que son fils dormait profondément, elle se saisit de la poupée et sortit dans la rue afin de la jeter dans la poubelle. Elle ignorait pourquoi elle se permettait de se débarrasser d’un objet qui avait de l’importance pour son fils. Peut-être était-ce le faciès troublant et sinistre de la chouette, entouré par un collier de plumes menaçantes. Ou bien était-ce tout simplement ce regard noir qui semblait sonder son âme dès qu’elle y tombait dessus. Une brise se leva et Camilla remonta le col de sa robe de chambre. Elle rentra chez elle.  

 

Le soleil pénétra dans la chambre. Camilla s’étira longuement, sachant qu’elle allait profiter d’un jour de congé bien mérité. Elle ouvrit lentement les yeux et bondit dans un cri de surprise. Sur sa table de nuit, à quelques centimètres d’elle, la poupée trônait en position debout. Jamie débarqua dans la chambre et sembla tout heureux de retrouver son jouet, expliquant qu’il le cherchait depuis son réveil.  

 

Devant l’école étaient garées de nombreuses voitures de police. Des officiers interrogeaient les passants alors qu’un groupe de personnes distribuaient des prospectus. Camilla laissa Jamie entrer dans l’établissement et se rapprocha de l’un de ces individus. Un enfant était porté disparu. Sur la photo de l’avis de recherche, on pouvait voir un jeune garçon plutôt dodu, aux cheveux roux et âgé d’une dizaine d’années.  

 

https://www.youtube.com/watch?v=a3y-mqiBwm0  

 

Ce soir là, il fut impossible à Camilla de trouver le sommeil. Comme lors de sa première nuit dans la maison, ses pensées se bousculaient. Elle n’expliquait pas le retour de l’affreuse poupée, ni l’attachement incompréhensible que lui portait son fils. Elle pensa aussi à ce gosse dont on avait perdu la trace. D’après ce qu’elle avait pu comprendre, il faisait partie de ceux qui avaient tendance à prendre Jamie comme souffre-douleur. Finalement, le sommeil la rattrapa et la jeune femme tomba dans les bras de Morphée. Les rêves ne furent pas tendre avec elle. Elle courrait après son fils, pendant un temps qui semblait durer une éternité, devant les rires et les désapprobations d’une infinité de silhouettes indéfinies. Et quand elle le rattrapa par l’épaule, il se retourna et elle vit avec horreur que ce n’était pas son fils mais le garçon au visage chouette. Puis ce fut une sensation désagréable d’être tiré vers le fond de l’eau. On la saisissait par les pieds et elle ne parvenait pas à se débattre. Les mains qui la saisissait étaient froides et incroyablement dures.  

 

Camilla se réveilla en sursaut. Le réveil affichait deux heures du matin avec ses grands chiffres rouges lumineux. Elle se tourna et son pied heurta un objet rugueux. Ses poils se hérissèrent quand elle se rendit compte que l’objet en question était en mouvement. Il y avait quelque chose sous sa couette. Brusquement, elle sentit qu’on la saisissait aux chevilles avec force et elle fut tractée en arrière sur une trentaine de centimètres. L’étreinte disparut aussi vite qu’elle était apparue et lorsque Camilla se releva, tremblante de peur, elle se rendit compte que malgré sa couette relevée, sa chambre était vide. Avec peine, elle se releva et courut dans la chambre de Jamie en chancelant. Sans chercher à comprendre, elle appuya sur l’interrupteur. Le lit était vide.  

 

Camilla se mit à hurler, à appeler son fils, à taper sur les murs. Ses pas la portèrent en direction de la salle de bain. Son fils ne s’y trouvait pas, mais son regard fut attiré par une lueur. Elle s’approcha de la fenêtre. Une faible lumière vacillante provenait de la maison abandonnée d’en face, de l’autre côté du jardin. La jeune femme chaussa une paire de basket et descendit au rez-de-chaussée. La panique lui interdit de contacter la police et elle se sentit irrémédiablement attirée par l’autre maison.  

 

La nuit était froide et sombre, malgré la lune bien visible dans le ciel. Camilla avançaient à grand pas, passant sous le vieux noyer pour atteindre l’autre propriété. Les brins d’herbes lui caressaient les mollets, lui rappelant la sensation qu’elle avait crue avoir rêvé dans un premier temps. Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver une entrée. La maison abandonnée était un peu mieux barricadée que les autres de la rue, mais deux planches arrachées lui permirent de pénétrer à l’intérieur, malgré l'étroitesse du passage. La jeune femme fit quelques pas dans l’obscurité. Elle appela son fils. Pas de réponse. Elle regretta de ne pas avoir pris de lampe de poche mais après avoir un peu déambulé dans les pièces du rez-de-chaussée aux murs défoncés et à la tapisserie arrachée, elle aperçut de larges escaliers et la lueur qui provenait de l’étage. À pas de loups, Camilla grimpa les quelques marches et atteignit un couloir recouverts de graffitis qui représentaient des animaux, des enfants qui criaient et un homme noir à la bouche grande ouverte. Le corridor tournait à angle droit. Et même si elle perçut des chuchotements, Camilla s’y engagea.  

 

Immédiatement, elle l’aperçut. Une porte ouverte, puis une seconde, permettaient de distinguer la pièce de laquelle émanait la source de lumière. Ainsi, au beau milieu de celle-ci, se trouvait une petite silhouette immobile qui arborait un costume élimé, de longs bras tendus au bout desquels il y avait de grandes serres rugueuses. Au sommet de ce corps pas plus grand que celui d’un enfant se trouvait une large tête de hibou. Et même si Camilla coupa instinctivement sa respiration, elle vit avec terreur le visage du monstre qui se tournait lentement vers elle.  

 

 

 

 

 

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Les Films Plalstique présentent  

"Owlboy"  

 

Un film d’Esteban Del Rincòn (Le Ninja de Brooklyn fait la sourde oreille)  

Sur une musique de Tara Fox ( L'extraordinaire Odyssée de Santa )  

 

Avec  

Geneva Backhouse (Ghetto Blast) dans le rôle de Camilla  

et  

Damien Leblanc ( Le miroir aux deux visages ) dans le rôle de Jamie  

Scénario : (1 commentaire)
une série Z d'horreur (Terreur nocturne) de Esteban Del Rincòn

Damien Leblanc

Geneva Backhouse
Musique par Tara Fox
Sorti le 21 octobre 2034 (Semaine 1555)
Entrées : 3 468 204
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