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Les Flims Plalstique présente
Qui a tué le Docteur Watson ?

Comme si elle savait que de terribles secrets allaient devoir être dissimulés lors de cette nuit funeste, Londres attendit l’obscurité totale pour se parer de son manteau de brume. Les claquements des sabots sur le pavé des rues étroites du quartier de Westminster se faisaient de plus en plus rare alors que le froid automnal pénétrait profondément sous les vêtements élimés des quelques misérables qui se traînaient encore sur le trottoir, à la recherche d’une petite pièce ou d’une proie pour la nuit. Il ne faisait pas bon traîner autour de ces portes cochères qui abritaient de petits malfrats prêts à dépouiller le premier venu rendre visite aux dames de bonne compagnie qui vendaient leurs charmes dans ce coin de la capitale. Les quelques passants qui osaient encore s’aventurer dans cette ville de vices et de malices, malgré l’heure tardive, cherchaient à se réfugier dans les ombres brumeuses que les pâles lumières de la ville ne parvenaient pas à percer. Le salut était dans la disparition.  

 

Dorset Square, charmant petit îlot de verdure et de paix niché dans un coin oublié entre Gloucester et Milton Street, n’échappait généralement pas à la règle. Pourtant, en ce soir ténébreux de novembre 1899, une voix grave et puissante se fit tout à coup entendre, brisant alors le silence tacitement imposé par les habitants du quartier. L’homme en question (Bob Peck) avait un gabarit court et râblé, et un visage rond marqué par une petite moustache noire qui lui donnait un brin de noblesse. Il tempêtait en direction d’une seconde personne qui préféra déguerpir sans demander son reste. Se retrouvant rapidement seul dans la rue, l’homme ne laissa aucun répit au silence et se mit à chanter à tue-tête. L’épaisse végétation du square n’était alors pas suffisante pour empêcher la population des alentours de profiter de la poésie paillarde clamée par la silhouette trapue qui zigzaguait entre les buissons et les bancs du parc. La voix se mua en un léger sifflement. L’homme faisait face à un vieux chêne majestueux, probablement plusieurs fois centenaire, et lui urinait dessus, dans une jovialité communicative qui contrastait avec la noirceur de la nuit et la suite des événements.  

 

À pas de loups, une ombre s’approcha de l’ivrogne et profita de la concentration de celui-ci pour se glisser dans son dos. Le sifflement disparut dans un râle d’étouffement. Le corps du gros bonhomme chancela un peu sur le côté, avant de basculer lourdement en avant, heurtant le vieux chêne au passage, tel une revanche de l'arbre sur celui qui avait osé outrager son vénérable tronc. Le corps roula inerte sur l’herbe, les bras en croix. L’autre silhouette avait disparu dans la foulée. Au loin, Big Ben sonna trois heures du matin.  

 

 

 

~~~~ QUI A TUÉ LE DOCTEUR WATSON ? ~~~~  

 

https://www.youtube.com/watch?v=uB8mzdO3MnI  

 

Le soleil eut de la peine à transpercer la brume toujours présente en ce matin d’automne. Les volets de la petite chambre du 221B Baker Street laissèrent néanmoins filtrer quelques rayons qui vinrent se poser sur le lit de son illustre occupant. Mais, sous les regards des portraits de célèbres criminels accrochés au mur, la couche était inoccupée. La porte était entrebâillée et une légère musique plaintive résonnait dans la pièce d’à côté. Le gramophone placé au pied du lit plaidait non coupable.  

Dans le salon de l’appartement, un œil non habitué aurait rapidement été submergé par l’accumulation de bibelots, de livres et de documents de toutes sortes qui s’entassaient un peu partout dans un ordre difficilement identifiable. La tapisserie rouge bordeaux peinait à s'exprimer tant elle était cachée par des vieux tableaux ou des meubles, à l'instar de la bibliothèque qui conservait précieusement des ouvrages de chimie, d'anatomie ou de botanique – surtout – alors que les livres abordant la littérature ou la philosophie se faisaient plus rares. De l’autre côté, un grand bureau disparaissait sous une couche de papiers manuscrits ou dactylographiés. Il longeait une petite table faisant office de laboratoire de chimie sur laquelle on trouvait des alambics et des pipettes, marquée également par quelques traces de brulures. Au centre de la pièce, un grand homme (Matthew Sorensen) au teint blanchâtre et au visage marqué tenait un violon dans ses mains et laissait son archer se promener nerveusement sur les cordes de l’instrument. Alors que les notes se bousculaient sous ses doigts, les yeux du musicien se mirent à s’écarquiller et il entra en transe, bousculant une chaise qui avait eu le malheur de se trouver sur son passage. Le violon suppliait presque davantage qu’il ne chantait. Et le grincement devint rapidement insupportable.  

 

La porte d’entrée s’ouvrit brusquement et une femme d’un certain âge (Adrienne Fishburne), vêtue simplement d’une robe de chambre, pénétra courageusement dans l’antre du détective.  

- Mr Holmes ! Je vous prie de bien vouloir cesser ce vacarme assourdissant ! Il n’est pas encore sept heures et demie et nous sommes dimanche. Vous importunez les autres locataires.  

Sherlock Holmes cessa immédiatement son concerto et se tourna vers sa logeuse. Son regard oublia très vite l’exaltation qu’il exprimait juste avant. Pour toute réponse, il lâcha un petit rictus faussement amical et se rapprocha de la bibliothèque pour ranger le violon dans son étui. Mrs Hudson tourna la tête vers le petit laboratoire et se boucha rapidement le nez.  

- Grand dieu ! Quelle est cette odeur pestilentielle ?  

Sans même attendre une réponse qui, de toute manière, ne serait jamais venue, la logeuse se précipita vers la grande fenêtre et l’ouvrit largement, ainsi que les volets. La lumière entra avec agressivité et un froid humide s’installa en un coup de vent. Une partie des papiers posés sur le bureau en désordre s’envolèrent dans la pièce. Sherlock se précipita vers les battants de la fenêtre qu’il referma brusquement. Le détective se mit alors à remuer les bras de tous côtés, d'un air plutôt comique, désignant les papiers qui s'étaient répandus dans le salon, bousculant presque Mrs Hudson au passage. Celle-ci fit piteusement un pas en arrière. Elle ressentait pour son excentrique locataire un mélange de respect, de méfiance et de tendresse. Aussi, malgré son âge avancé, la femme d’origine écossaise s’agenouilla devant la porte d’entrée pour récupérer les feuilles griffonnées qui jonchaient le sol. Elle saisit une liasse de documents et aperçut une paire de chaussures en cuir noir. Elle sursauta et leva les yeux. Un homme d’une quarantaine d’années (Michael Cannon) observait la scène sur le pas de la porte. Mrs Hudson se releva promptement et salua le visiteur.  

- Inspecteur Lestrade. Je ne sais jamais à quoi m’attendre quand je vous vois ici.  

Le policier fit un signe de tête en direction de la logeuse qui lui fit comprendre avec esbroufe qu’elle avait certainement oublié quelque chose sur le feu. Ainsi, sans demander son reste, Mrs Hudson débarrassa le plancher, au sens figuré cette fois-ci.  

- Vous avez un peu de boue sur la chaussure, Lestrade. Et sur le revers de la manche. Dois-je en déduire que même lors du jour du Seigneur les affaires continuent ?  

L’inspecteur resta sottement immobile, comme à son habitude, et finit par essuyer sa chaussure sur le paillasson. Puis, il s’avança davantage dans l’appartement.  

- Vous avez vu juste, Holmes. Une fois de plus. Je reviens de Dorset Square. Un corps y a été découvert.  

Le détective privé leva les yeux au ciel, ne cachant pas sa lassitude. Il était familier des visites de ce pataud d’inspecteur de Scotland Yard mais regrettait le fait que celui-ci n’attende même plus de se trouver dans l’impasse avant de solliciter sa contribution. Dorénavant, cela devenait systématique et Sherlock craignait que ses coups d’éclat ne finissent par se banaliser. Lestrade sembla lire dans les yeux de son interlocuteur mais il resta silencieux quelques secondes, comme s'il cherchait ses mots avec encore plus de difficultés que d'ordinaire.  

- Je ne viens pas vous demander votre aide, cette fois-ci, Holmes. Et j’avoue que cela en est d’autant plus douloureux. Car le corps que nous avons retrouvé est celui du Docteur Watson.  

 

La lumière du soleil commençait à prendre l’ascendant sur le fog londonien qui résistait toutefois aux assauts de l’astre. La façade du Savoy Hotel qui donnait sur la Tamise obtint ainsi un peu de luminosité, ce qui était la moindre des choses quand on connaissait le prix de la nuit dans l'établissement. La cliente de la chambre 302 (Zoe Mears) en fut particulièrement ravie. Depuis son arrivée à Londres, une dizaine de jours tout au plus, le soleil californien ne lui semblait plus qu’un lointain souvenir irréel. Irène Adler n’avait pas remis les pieds sur le sol anglais depuis des années car elle l’avait quitté en mauvais termes. Mêlée à une sordide affaire de chantage, elle avait du fuir avec son futur mari, aujourd’hui décédé, sous la menace des révélations d’un détective privé. Sherlock Holmes. Encore aujourd’hui, ce nom avait une résonance particulière dans sa mémoire. L’homme l’avait bouleversée par sa vivacité d’esprit, son regard pénétrant et ses manières peu conventionnelles. Et Irène avait bien compris que cet attachement était réciproque car Holmes avait réussi à lui soutirer une photo d’elle, juste avant son départ. Ainsi, après la perte tragique de son mari, l’américaine avait instinctivement pris le bateau pour faire son retour sur le vieux continent. Bien qu'elle ne savait pas à quoi s'attendre et ce qu'elle attendait elle-même, ses pas l'avait portée en direction de Baker Street. Les retrouvailles, exactement une semaine avant les événements terribles qu'elle ignorait encore, avaient été courtoises mais retenues. Sherlock Holmes avait semblé réellement enchanté du retour d'Irène mais il ne l'exprimait pas outre mesure. De son côté, le Docteur Watson n'avait pas exprimé d'enthousiasme particulier. Et au fil des jours et de ses visites, l'américaine sentit que le débonnaire assistant du détective ne cachait plus sa mauvaise humeur. Elle eut la désagréable impression qu'elle venait casser un certain équilibre entre les deux hommes et que Watson était le seul à le regretter. Holmes, lui, rayonnait. Il faisait preuve d'une grande bienveillance envers la jeune femme, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Irène sentait un vrai lien qui se tissait entre eux.  

Un toc-toc résonna à la porte de sa chambre et la tira de ses pensées. Un groom brandissait un plateau avec un télégramme plié en deux. Elle le lut silencieusement et ses yeux s'écarquillèrent aussitôt.  

- Mon dieu...  

 

Le contraste avec la nuit passée était saisissant dans Dorset Square. Il y régnait une animation étonnante. Des calèches et voitures de police étaient garées tout autour du parc et en bloquaient l’accès. Ainsi, un rassemblement de badauds et de curieux se pressait tout autour de la zone qui avait été bouclée par Scotland Yard. Des rumeurs circulaient dans la foule. On parlait d’un terrible meurtre. Certains évoquaient un règlement de compte entre les voyous du quartier. D'autres, un crime passionnel.  

Plus profondément dans le square, une dizaine d’officiers de police s’affairaient de tous côtés, visiblement à la recherche du moindre indice, de la moindre trace. Le corps sans vie du Docteur Watson gisait toujours sur l’herbe mouillée et parfaitement tondue. Il avait été retourné et l’on pouvait contempler son visage, d’habitude si enjoué, éternellement figé dans une expression de stupeur. À quelques pas de son cadavre, l’Inspecteur Lestrade et Sherlock Holmes observaient silencieusement la scène. Le détective s'était rapidement vêtu d'un large pardessus qui couvrait sa chemise de nuit et sa fameuse casquette deerstalker à double visière trônait sur son crâne. Le visage de Holmes était neutre et sans émotion apparente. Il avait gardé un silence presque total depuis l’annonce de la mort de son ami. S’il ne l’avait pas connu aussi bien, Lestrade aurait pu croire que le détective ne ressentait aucune peine devant la disparition de celui qui l’avait secondé si souvent lors de ses illustres enquêtes. En réalité, Lestrade savait parfaitement que l’esprit de déduction de Holmes était en ébullition et tournait à plein régime, à la manière des roues dentées d’une horloge suisse de haute précision.  

 

- Sherlock !  

Une voix féminine interrompit les pensées de chacun et ils se tournèrent vers un petit groupe de policiers qui retenaient une femme aux cheveux blonds cherchant à se frayer un passage en direction de la scène de crime. Le détective privé se rapprocha d’eux et d’un signe de main, il indiqua aux officiers de la laisser passer. La blonde courut vers Sherlock Holmes et le prit dans ses bras.  

- Je suis venue dès que j’ai pu… Mon dieu, quelle terrible tragédie…  

Lestrade, qui observait la scène, ne cacha pas sa stupéfaction et resta bêtement bouche bée. Qui était cette femme qui avait un contact aussi rapproché avec le célèbre Sherlock Holmes, celui qui n’hésitait pas à dénigrer la gent féminine dès que l’occasion lui en était offerte et qui n’avait jamais, à sa connaissance, vécu de relation durable ?  

- Lestrade, vous vous souvenez peut-être de miss Irène Adler... ?  

L’inspecteur fit un petit signe de tête poli en direction d’Adler, alors que quelques souvenirs épars lui revinrent. Il se souvint qu’Irène Adler était une américaine un peu aventurière qui avait croisé la route de Sherlock Holmes à plusieurs reprises. D’après Watson, le détective évoquait parfois Irène Adler avec une admiration peu commune et il fixait alors la photographie pendant de longues minutes, avec recueillement. Lestrade avait toujours perçu un peu de jalousie dans la voix du Docteur quand il l’évoquait. L'inspecteur tendit gauchement sa main, totalement charmé par le regard de l'américaine.  

- Heureux de vous revoir, miss Adler, malgré les circonstances. J’ignorais que vous étiez de retour parmi nous.  

 

 

Un ange passa. Sherlock Holmes restait mutique et Lestrade ne savait que penser de l’apparition de la jeune femme. Ainsi, ce fut elle qui brisa le silence.  

- Qui aurait osé s’attaquer à lui ? Un homme si charmant… Vous aviez encore des ennemis ?  

Le détective se gratta le bout du nez avant de secouer la tête.  

- Plus vraiment, non. Moriarty et ses sbires ne sont qu'un lointain souvenir. Watson avait toujours le chic pour s’attirer des ennuis avec ses articles, mais qui tuerait pour quelques mots dans un journal ?  

Il marqua une pause avant de réaliser un grand mouvement de bras qui surprit Lestrade.  

- Nous nous sommes à peine croisés, hier. Nous avons un peu discuté de polo, d'architecture et de politique ; mes derniers mots pour lui ont du être « Vous manquez cruellement de panache, mon cher Watson. » Quelle ironie. Une mort aussi mystérieuse ne manque pas d'éclat.  

 

Autour d’eux, des hommes en uniforme interrogeaient de nombreux habitants du quartier qui pouvaient avoir des renseignements sur les événements de la nuit. Se sentant mal à l'aise, Lestrade partit un peu à la pêche aux informations. Holmes s’approcha du corps de son ami et s’accroupit, observant en silence ce visage qu’il connaissait par cœur. Il attrapa le cadavre par l’épaule et le retourna. Les poches avaient déjà été vidées et la cause du décès semblait provenir d’une plaie béante qui trônait dans le haut du dos. Le détective souleva la veste et la chemise de Watson, découvrant la blessure. Le froid de la nuit londonienne avait déjà fait son office et le sang ne coulait plus. Sherlock Holmes s’approcha un peu et caressa le bord de la chair tranchée avec l’index. Et sous les yeux effrayés d’Irène, il posa le doigt sur ses lèvres.  

- Probablement du Chondrodendron tomentosum. Plus connu sous le nom de curare. Et pratiquement indétectable. Il faudra que je l’analyse dans mon laboratoire.  

 

Tsin Chen (Chao Hành) était une jeune immigrée chinoise et, comme toute bonne immigrée, elle ne voulait pas d’histoire. Ainsi, comme lui avait conseillé son patron, elle choisit ses mots avec prudence. L’inspecteur notait tout sur son carnet et il fut particulièrement attentif quand la jeune asiatique lui apprit qu’elle connaissait l’homme qui gisait sur le sol. Il voulait plus de détails, alors elle ferma les yeux et tâcha de remonter le temps.  

 

Elle avait beau ne pas regretter sa Chine natale, Tsin ne vivait pas le rêve londonien tel qu’il était parfois vendu aux quatre coins du monde. La jeune femme avait été embauchée de force par un vieil homme qui tenait une maison close dans un immeuble sordide de Milton Street. Sans espoir de connaître une vie normale, la jeune femme vivait sa vie sans honneur et sans honte. Ainsi, elle s’offrait aux hommes qui venaient parfois des plus hautes sphères de la ville, le tout dans un décor luxueux et rococo qui contrastait avec la misère dans laquelle les filles vivaient. Au rez-de-chaussée, les impatients pouvaient s’allonger sur des couchettes confortables et fumer de l’opium, ce qui arrangeait généralement Tsin, car son travail s’en trouvait alors réduit.  

La veille au soir, il n’y avait pas eu beaucoup de besogne. La jeune chinoise avait débuté son service avec un diplomate français et enchaîné avec un banquier ventripotent et terriblement lubrique. Vers deux heures du matin, elle reçut la visite d’un habitué. Elle ignorait son identité exacte mais il lui avait déjà révélé qu’il était médecin. Après chacune de leurs galipettes, l’homme lui en apprenait davantage sur lui, à doses homéopathiques. Au fil des semaines, Tsin avait décelé un mal-être chez ce bonhomme qui se comportait néanmoins toujours en parfait gentleman avec elle. Il lui apprit qu’il était veuf depuis quelques années seulement, qu’il commençait à comprendre que sa vie n’était pas si extraordinaire qu’il le croyait préalablement, que l’Histoire l’oublierait, au profit d’autres plus enclin à attirer la lumière… Ainsi, Tsin mettait un point d’honneur à lui redonner un peu de joie de vivre et ce soir-là, il lui sembla qu’elle y parvint encore. L’homme la quitta et après un dernier passage vers les pipes d’opium, regagna le monde réel.  

La chambre de la jeune prostituée donnait sur la rue. Elle avait pris l’habitude de suivre du regard ses habitués qui rentraient penaudement chez eux, la queue entre les jambes, prêt à débiter des mensonges que personne ne croirait. C’est pourquoi elle ne manqua rien de la rixe qui opposa son docteur à un autre individu qui sortit de la brume pour l’interpeller. Les deux hommes n’en vinrent pas aux mains, mais la conversation fut animée et houleuse. Tsin observa la scène en se rongeant les ongles, ne sachant si elle devait intervenir. Le docteur semblait avoir l'ascendant, à la surprise de l'autre. Finalement, le second type finit par partir comme il était venu. Son client resta immobile quelques secondes et disparut à son tour dans le brouillard, en direction du parc et en chantant très fort. Ce fut la dernière fois qu’elle le vit vivant.  

 

- L’autre homme, vous avez vu son visage ? Vous pourriez peut-être nous le décrire ?  

L’Inspecteur Lestrade savait qu’il avait ferré quelque chose. Il devait insister avant que la ligne ne lui échappe. Mais la chinoise ne sortit plus un mot. Ses yeux étaient rivés au-delà des épaules du policier. La jeune femme fixait le cadavre de Watson qu’elle apercevait malgré les allées et venues des uniformes dans son champ de vision. Tsin se rendit alors compte que ce n’était pas le corps du pauvre homme qu’elle dévisageait. Mais plutôt le type accroupi à ses côtés et qui le manipulait sans ménagement. Il portait une casquette deerstalker et un long pardessus. Celui-ci se leva et tourna légèrement la tête pour échanger quelques mots avec une jolie blonde.  

Le cœur de Tsin stoppa net. Celui qui s’était violemment disputé avec le docteur était assurément cet homme.  

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=t_S4h7_oGlM  

 

 

- Le curare ne tue pas instantanément. Watson s'est forcément rendu compte de ce qu'il lui arrivait. Je ne serais pas étonné qu'il ait eu le temps d'apercevoir le visage de son assassin. Son expression ne laisse que peu de doutes : il connaissait son meurtrier.  

Irène écoutait fascinée les premières conclusions du génie de la synthèse logique.  

- Au moins, avec vous, Watson savait que ce crime ne resterait pas impuni.  

Ces quelques mots ne furent pas suffisants pour rassurer Sherlock Holmes. Malgré son apparente indifférence, l'homme sentait une boule qui brûlait dans son estomac. Il culpabilisait de n'avoir pas su anticiper cet acte. Il y avait forcément eu des indices qui auraient pu lui mettre la puce à l'oreille et lui révéler le drame qui allait se dérouler. Mais il dut se résigner. Il n'était qu'un ignorant. Watson lui-même aimait le lui répéter ces derniers temps : " Holmes, vous n'êtes qu'un bâté qui ne comprend rien à l'âme humaine. Vous vous obstinez à analyser avec votre cerveau, mais c'est au dépens du reste. "  

Le détective comprit, un peu trop tard, que son ami avait raison. Il ignorait tout. Il ignorait les raisons réelles et profondes du mal-être de pauvre Docteur. Il ignorait également les raisons véritables de son mal-être à lui. Il ignorait que la cocaïne qu'il s'injectait dans le sang de plus en plus fréquemment le détruisait à petit feu au lieu de soigner son mal. Il ignorait également que lorsqu'il en consommait trop, il partait déambuler dans les rues de Londres et revenait au petit matin complètement vidé et quasiment inconscient. Il ignorait que, la plupart du temps, Mrs Hudson le posait sur son lit alors qu'elle le trouvait végétant sur le palier de sa porte. Il ignorait surtout que le soir de la mort du Docteur, il avait erré longtemps dans la brume londonienne. Ainsi il n'avait aucun souvenir d'avoir rencontré Watson, faussement par hasard. Ils s'étaient violemment disputés au sujet d'une femme qui chamboulait toute leur relation. Watson avait eu le dernier mot et Holmes ne l'avait pas supporté. Mais il l'avait anticipé car, avant de partir, le détective, alors sous l'emprise de la cocaïne, avait emporté une lame enduite de poison mortel. Il n'en gardait aucun souvenir, mais il avait poignardé Watson. Là, dans le square, comme un vaurien. Comme dernier cadeau empoisonnée, il avait offert à son ami de toujours la mort la plus minable qu'il aurait pu espérer.  

- Cette enquête va être pénible, miss Adler. Mais j'irai au bout. C'est le minimum que je puisse faire pour lui.  

- Je vous aiderai, Sherlock. Nous ne serons pas trop de deux.  

Le détective lança un regard étonné en direction d'Irène. Celle-ci venait de prendre la place de Watson et il s'en félicitait car la jeune femme brillait par son intelligence. Mais ce que Sherlock Holmes ignorait par-dessus tout, c'était que son extraordinaire esprit de déduction le conduirait inexorablement à sa perte. Car le meurtrier qu'il se promit de traquer sans relâche, en mémoire de son ami disparu, c'était bien lui-même, Sherlock Holmes.  

 

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Les Films Plalstique présentent  

"Qui a tué le Docteur Watson ?"  

 

Un film de Danny Ireland (Légion Mythril - Opération Bismarck)  

D'après l'œuvre de Sir Arthur Conan Doyle  

Sur une musique de Lea Chusid (Lamento della ninfa)  

 

Avec  

Matthew Sorensen (Le Ninja de Brooklyn fait la sourde oreille) dans le rôle de Sherlock Holmes  

Zoé Mears (La Lune Rouge) dans le rôle d' Irène Adler  

Bob Peck (Bienvenue chez les Clutterson) dans le rôle du Docteur Watson  

Michael Cannon (L'enfant et la dictature) dans le rôle de l' Inspecteur Lestrade  

Chao Hành (Dernière Samba à Sao Paulo) dans le rôle de Tsin Chen  

et  

Adrienne Fishburne (Mrs Turnipfield) dans le rôle de Mrs Hudson  

 

Merci au Corbeau pour son rôle de script doctor

Scénario : (1 commentaire)
une série A policier de Danny Ireland

Matthew Sorensen

Zoé Mears

Bob Peck

Chao Hành
Avec la participation exceptionnelle de Adrienne Fishburne, Michael Cannon
Musique par Lea Chusid
Sorti le 30 septembre 2034 (Semaine 1552)
Entrées : 21 443 711
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