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Les Flims Plalstique présente
Ghetto Blast

(Voix-off de Geneva Backhouse)  

Le Ghetto de Skinnyred dans le quartier ouvrier de GérardMerveille. C'est là où je suis né et où j'ai grandi. C'est là que j'ai tout appris. Les bonnes choses... et les moins bonnes. Ma mère s'est toujours battu pour m'offrir le meilleur. Elle avait deux boulots et rentrait tard le soir. Du coup, j'ai aussi été élevée dans la rue. J'ai pris des coups, j'en ai rendu. Il m'est arrivé de chialer, le soir dans mon lit. J'ai également connu des moments de pur bonheur. C'est toujours avec une grande nostalgie que je reviens dans mon quartier d'origine. Mais je ressens également une pointe de crainte, à chaque fois. Pourquoi ? Parce que je sais pertinemment que l'équilibre sur lequel repose Skinnyred est fragile et bancal. J'ai toujours l'appréhension de voir apparaître cette petite étincelle qui mettra le feu aux poudres. Difficile de décrire Skinnyred. Le mieux, c'est encore de laisser s'exprimer ses habitants.  

 

"C'est vraiment la merde ici. C'est pas possible de s'imaginer vivre plus tard à Skin. Mes parents me laissent à peine sortir de chez moi et j'les comprends. Nan sérieux, y'a toujours des mecs qui veulent te sauter dessus, c'est vraiment craignos. Surtout quand t'es une meuf. Mon grand frère, j'le vois presque plus. Ils l'ont chopé pour faire guetteur. Mon daron veut plus qu'il mette les pieds à la maison, mais mon frère il s'en fout. Il m'a dit qu'il se faisait dans les cent cinquante billets par jour... Moi, j'aimerai faire des études, juste pour foutre le camp d'ici. Mais ça coûte super cher. On verra."  

"Ça fait quarante ans que je tiens la boutique, et avant moi, c'était mon père. J'ai Skinnyred dans le sang et j'partirai jamais. Mais y'a des jours, j'ai envie de me tirer une balle. Chaque jour, ça devient de plus en plus le bordel. Et c'est toujours les mêmes qui foutent le bordel, hein. Le prenez pas personnellement, mais c'est à chaque fois les négros quand y'a une emmerde. À part ceux de mon immeuble. J'ai déjà trois collègues qui ont fermé boutique à cause du racket. De toutes façons, moi j'ai un fusil sous le comptoir. J'attends avec impatience de faire un deuxième trou du cul à celui qui viendra essayer de me braquer..."  

"Ouais, les affaires marchent pas mal en ce moment. Y'a surtout des bourgeois de Mountain Hill qui viennent dans le coin pour choper la meilleure poudre de la ville. Du coup, on commence à être nombreux dans le bizness et on est obligé de s'faire respecter, tu vois. Ouais, j'ai déjà pété des dents et tout, j'ai un pote qui a descendu un de ces salopards du gang de Mendez. On s'en fout, on connait les règles du jeu. C'est pas comme ces connards de flics. T'façons, ils ont même plus les couilles de venir dans le ghetto. Regarde, j'ai toujours mon flingue sur moi, et y'a jamais eu un poulet pour venir me contrôler."  

"Ma femme me demande toujours pourquoi j'ai accepté. La vérité, c'est que je croyais que j'allais protéger mes concitoyens en arrêtant les mecs qui foutent le quartier à l'envers. Tu parles... Et pourtant, on sait qui c'est, hein ! Mais c'est politique et y'a des magouilles qui font que... Bref. J'peux pas tout dire. En plus on s'fait caillasser dès qu'on met les pieds ici. Et c'est pas que nous, hein ! Même les pompiers, ils hésitent à venir... Et faut pas se demander pourquoi les poubelles s'entassent autant sur le trottoir. Ça fout les boules. J'ai plusieurs collègues qui ont la haine, surtout depuis l'agression de notre jeune stagiaire, l'année dernière."  

 

L'impression de vivre avec une grenade dégoupillée entre les mains, je vois que les habitants de Skinnyred l'ont toujours. Mais pour bien comprendre la complexité de la situation, j'ai pris rendez-vous avec Hakim Sliman. Cet homme d'originaire égyptienne est arrivé à GérardMerveille quand il avait onze ans. Il est immédiatement tombé amoureux de ce quartier, de cette mixité sociale et ethnique. Depuis presque cinquante ans, il s'occupe de La Tour de Babel, la maison de quartier qui s'occupe notamment des jeunes désœuvrés qui n'ont plus aucun repère. Tâche noble. Mais ardue.  

 

======= GHETTO BLAST ========  

 

https://www.youtube.com/watch?v=BjX5kwLy8So  

 

Sous l’œil de la caméra d'Esteban Del Rincòn, Geneva arpente une rue aux hauts immeubles de briques rouges. Au pied de ceux-ci sont installés des groupes de jeunes gens qui discutent et jettent des yeux mauvais et soupçonneux en direction de la caméra. Au milieu de la rue, bloquant une circulation inexistante, quelques gamins jouent au baseball et un vieil homme vend du maïs qu'il fait griller sur un caddie déglingué. Une femme portant un boubou bariolé se traîne un immense sac de courses avec un bébé agrippé dans son dos. Parfois, on voit un cadavre calciné de poubelle ou d'automobile. Tout le long du trajet, on a une succession de rideaux de fer baissés et recouverts de graffitis exprimant des messages de haine ou d'appel à l'aide.  

Geneva débarque sur une petite place où l'horizon se devine presque. Une sorte de clairière au milieu d'une forêt cauchemardesque. Un vieux bâtiment cubique se pose fièrement au centre de cet emplacement. Un panneau de signalisation indique La Tour de Babel.  

 

Hakim Sliman est un homme au visage marqué par le temps. De profondes rides creusent ses joues mais ses yeux abritent une sorte de feu sacré. Malgré son âge avancé, Hakim semble plus vivant que la plupart des hommes du coin.  

-Je comprends ceux qui veulent aller voir ailleurs. Mais le quartier est comme un fruit gâté : il est repoussant, abîmé et personne ne veut y goûter. Et pourtant, je vous assure qu'il en vaut la peine. J'ai connu des gens extraordinaires ici et la plupart des jeunes sont des bons gars. Juste un peu influençables, comme n'importe qui. Et cette saloperie de dope a fait des ravages. Mais les plus grands élans de solidarité, c'est ici que je les ai vécus.  

Il entraîne Geneva dans de longs couloirs où l'on devine, derrière les portes entrouvertes, des dortoirs et des salles d'activité où il y règne un joyeux foutoir. D'une voix apaisée mais ferme, Hakim ordonne à des jeunes gens regroupés autour d'un babyfoot de baisser le son de leur ghetto blaster. Son trajet se termine dans un petit bureau à l'étage, avec vue sur la place. Mais ce sont les photos encadrées sur les murs qui offrent une perspective étonnante. Il s'agit du même point de vue que la fenêtre, au fil du temps. On remarque que les immeubles se sont rapprochés, resserrés et tombent inexorablement en miette. Mais ce qui est frappant, ce sont les rues qui se vident. Autrefois, il y avait une réelle vie de quartier, toutes générations et origines confondues. Aujourd'hui, chacun semble se cloîtrer chez soi, avec la peur du voisin.  

-Je n'aime pas la dénomination 'ghetto'. Au cours de l'histoire, on a utilisé ce mot pour bien signifier qu'une part de la population était mise à part, était isolée, comme mise en quarantaine. C'est à peu près ça, d'ailleurs. Et les gens d'ici s'en sont fait une raison. Les politiques ont cru que mettre les problèmes de côté les en préserverait. Et quand ça commence à déborder, c'est généralement trop tard.  

Hakim hausse les épaules. Un certain fatalisme semble l'habiter, malgré une volonté de faire avancer les choses. Ou plutôt de ne pas les faire reculer.  

 

Alors que Geneva s'apprête à enchaîner, une rumeur leur parvient aux oreilles. Des cris de révolte résonnent plus bas dans les locaux de l'association. Une jeune femme d'origine mexicaine débarque en courant. D'un geste de main amical, Hakim la désigne à Geneva et Esteban.  

- Ah ! Je vous présente Mercedes. Elle a grandi ici et m'aide pour tout ce qui est administratif et...  

- Hakim, y'a eu une descente de flics à Gordon Street. Apparemment ça chauffe. Les mecs sont remontés.  

- Il ne manquait plus que ça. J'arrive.  

Malgré le poids des années, l'homme descend les escaliers avec vélocité et parvient dans le hall du bâtiment. Une dizaine de jeunes gens crient dans toutes les directions. Ils semblent révoltés. Hakim s'approche et tente d'en savoir plus. Geneva reste en retrait mais le micro de la caméra capte les paroles échangées. Un car de policier a réalisé une arrestation massive dans la planque d'un trafiquant de moyenne envergure. Le type a réussi à s'enfuir et il est activement recherché par les forces de l'ordre qui feraient usage de brutalité. Déjà, des sirènes de police se font entendre à l'extérieur.  

- Gardons notre calme. Nous ne risquons rien, ici.  

Hakim parvient à ramener le calme mais plusieurs groupes de jeunes gens se mettent à affluer en direction du bâtiment. La caméra les filme entrer par vague sous les yeux impuissants du responsable de l'association de quartier. Certains de ces types ne se donnent pas la peine de cacher l'arme qu'ils portent à la ceinture ou à la main. Geneva, la main sur la bouche, comprend que les pires caïds du ghetto de Skinnyred se sont rassemblés ici-même. Mais il y a aussi des femmes, des enfants et des vieillards qui se sont réfugiés dans le premier abri venu.  

Un grand latino au crâne recouvert de tatouages se met à crier au-dessus du brouhaha qui règne.  

- Ces fils de putes arrivent ! Vous barricadez de tous les côtés !  

Alors que des fusils et des cocktails molotov commencent à faire leur apparition et que des types bloquent les accès en renversant des meubles sur le passage, Hakim se rapproche de celui qui semble avoir pris le commandement de l'émeute. Pour toute réponse, le vieil homme récolte un violent coup de poing dans l'estomac. Impuissant, il revient vers Geneva et se laisse tomber dans un fauteuil.  

- Le pire, c'est qu'il a raison. Ici, c'est un ancien commissariat. Rien de mieux pour tenir un siège. Regardez...  

Hakim désigne le poste de télévision qui diffuse les images d'une chaîne d'information. Une vue d'hélicoptère filme leur bâtiment encerclé par une horde de policiers, captés également par la caméra d'Esteban à travers les grilles des fenêtres.  

 

La nuit tombe et la situation n'évolue pas. Dans l'ancien commissariat, les pleurs des enfants sont couverts par les ordres du chef de gang qui semble tout aussi perdu que les autres. Tous les regards sont surtout tournés vers l'écran de télévision qui relaie les informations. Visiblement, les policiers comptent donner l'assaut rapidement. Mercedes, l'assistante de Hakim, se ronge les ongles jusqu'au sang.  

- Il faut faire quelque chose ! Ils doivent savoir qu'il y a des enfants, des innocents, ici !  

- Que peut-on faire ?  

Toujours sous l'oeil de la caméra d'Esteban, Geneva ne cache pas son impuissance avant de montrer son horreur quand elle comprend le projet de Mercedes.  

- Tu...  

- Oui. Je vais aller parler aux flics. Couvre-moi.  

Sous prétexte de réaliser une interview, les deux cinéastes se rapprochent alors du gangster latino et Mercedes en profite pour s'échapper.  

- Hey ! Regardez ! Elle se barre !  

Geneva retient d'une main puissante l'homme qui allait partir la poursuivre. Le silence s'installe dans le hall et chacun observe la suite des événements, soit à travers une fenêtre barricadée, soit par la télévision qui retransmet cette tentative de prise de contact.  

 

Mercedes avance, les mains vers le ciel. Les policiers pointent leurs armes dans sa direction et un ordre indistinct retentit. La jeune femme continue d'avancer et se met, à son tour, à crier des paroles indéterminées. La tension est palpable. À la télé, le commentateur ne dit plus rien. Soudain, une détonation éclate et un nuage de fumée apparaît entre les deux camps. De chaque côté, chacun retient son souffle. Quand la brume se dissipe, le corps inerte de Mercedes gît sur le sol. Geneva ne peut pas s'empêcher de lâcher un cri alors que des larmes de colères coulent sur ses joues...  

 

 

Scénario : (1 commentaire)
une série Z documentaire (Ma 6t va cracker) de Esteban Del Rincòn

Geneva Backhouse
Musique par Amaury Avery
Sorti le 15 avril 2034 (Semaine 1528)
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