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Morcar Prod présente
L'emprunt

A cette heure de la journée, le quartier résidentiel était calme et paisible, la plupart de ses habitants étant au travail. Sous ce doux soleil de printemps, les fleures qui commençaient à éclore égayaient de multiples couleurs les jardins de ces habitations témoignant d'une population de classe moyenne. Arrivant du centre ville, un autobus avança dans le quartier et s'arrêta pour laisser descendre une jeune femme en tenue sombre, qui resta sur place quelques instants, observant les environs, avant d'entammer sa marche alors que le bus était déjà reparti.  

Avançant jusqu'à une maison située quelques centaines de mètres plus loin après l'arrêt de bus, la jeune femme marchait d'un pas hésitant. Elle redoutait l'accueil qui allait lui être réservé lorsqu'elle frapperait à cette porte. Arrivant à la hauteur de la maison qu'elle rejoignait, elle observa celle-ci quelques instants avant de se décider à pousser la barrière de bois qui cloturait le jardin, et de s'approcher de la porte d'entrée. Au moment où elle allait frapper, elle hésita encore un instant, gardant le poing levé prêt à frapper, sachant qu'une fois ce geste fait, plus aucun retour en arrière ne serait possible. Le coeur battant la chamade, elle se décida enfin à frapper, puis attendit quelques instants. Lorsque la propriétaire des lieux lui ouvrit la porte, celle-ci resta clouée sur place, ses yeux trahissant une surprise non feinte, comme si elle ne semblait pas pouvoir croire à ce qu'elle avait devant les yeux. Les quelques secondes de silence qui suivirent parurent longues pour la jeune femme. Les mots qu'elles prononça alors pour rompre ce silence firent fondre en larme la femme qui se trouvait devant elle et l'attrappa alors pour la serrer dans ses bras. Deux mots seulement : "Bonjour Maman."  

 

Le petit appartement dans lequel vivait Rebecca (Gabriella Salazar) était si petit qu'on peinait à croire qu'on puisse y faire tenir tout le désordre qui y traînait. Vivant de son maigre revenu de serveuse, la jeune femme souffrait de la solitude, une solitude qui l'accompagnait depuis le début de sa vie. Abandonnée à la naissance par une mère sans doute trop jeune pour assumer un enfant, elle avait été balottée de famille d'accueil en famille d'accueil sans jamais parvenir à s'y intégrer. Ce n'était pourtant pas faute de faire des efforts pour plaire à ces parents d'adoption, car la jeune fille avait toujours tout fait pour tenter de devenir l'enfant idéal dont ils avaient toujours rêvé, à tel point qu'elle avait développé une sorte de talent pour changer totalement d'identité. Cherchant à découvrir quels traits de caractères ces parents espéraient trouver chez elle, elle devenait celle qu'ils voulaient qu'elle soit. Elle n'avait jamais compté le nombre de familles chez qui elle avait été accueillie, et donc le nombre "d'identités" qu'elle avait revêtues, jusqu'à sa majorité, sans jamais parvenir à se faire adopter.  

Aujourd'hui, sans parents ni biologiques ni adoptifs, elle se retrouvait donc seule, sans origine et sans passé. Cette solitude, elle la vivait comme une souffrance. Ne ne se sentait aimée de personne, elle avait l'impression de n'être elle-même personne, de ne pas exister, de errer tel un fantôme au milieu de tous ces gens qui vivaient leur vie sans se soucier d'elle, rejoignant chaque soir leur compagnon ou leur femme, couchant leurs enfants. Rebecca avait même songé à quelques reprises à mettre fin à ses jours, devinant que sa mort ne toucherait personne, mais n'avait jamais eut le courage de mettre à exécution ses idées. S'accrocher ainsi à une vie si misérable était en quelque sorte assez risible à ses yeux. Elle craignait de vivre ainsi des années de souffrance psychologique, jusqu'au jour où elle avait fait cette découverte dans les médias.  

En apercevant le visage de cette jeune femme disparue depuis trois ans, Rebecca avait cru rêver. Cette femme était son parfait sozie. Elles se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. En découvrant cela, Rebecca avait alors immédiatement vu là une opportunité à saisir, celle d'avoir enfin la famille dont elle avait toujours rêvé. Pour ça, il lui suffisait de rejoindre cette famille en se faisant passer pour leur fille disparue. Elle n'aurait sans doute aucun mal à se faire passer pour cette Eva Martinez. Elle avait déjà été capable maintes fois de changer de caractère, de personnalité. Revêtir celle de cette fille disparue ne serait pas plus difficile. Elle apporterait alors du réconfort à cette famille qui souffrait de l'absence de leur fille, et par la même occasion elle obtiendrait enfin ce qui lui avait toujours manqué.  

Pendant quelques semaines, Rebecca avait alors recherché toutes les informations possibles sur cette fille disparue, sa vie, ses proches. A travers des articles de la presse locale, qui avait traité de cette affaire à l'époque, elle avait appris qui était Eva Martinez, pour cerner le mieux possible la jeune femme et devenir elle. Puis du jour au lendemain, elle avait tout abandonné, son travail, son appartement, sa vie passée, pour traverser le pays et aller à la rencontre de ces parents, ses nouveaux parents.  

 

Assise sur le canapé au milieu du salon, Rebecca observait le lieutenant Dale Kerrigan (Paulo Fischer) qui semblait ne pas en revenir de voir ici celle qu'il avait recherchée pendant tant de temps. Dans ses yeux, elle devinait les questions qui traversaient l'esprit du flic. Comment pouvait-elle se trouver là ? Qu'était-elle devenue pendant tout ce temps ? Avant lui, ses parents lui avaient déjà posé les mêmes questions, cherchant à comprendre la raison de cette disparition, et celle de ce retour. Mais la jeune femme était restée assez floue dans ses explications, feignant le trou de mémoire. Et si ses parents, tout du moins ceux de la jeune femme pour laquelle elle se faisait passer, trop heureux de retrouver leur fille chérie, avaient accepté ces quelques explications sans l'ennuyer d'avantage, le lieutenant semblait quand à lui quelque peu plus soupçonneux.  

Elle avait expliqué avoir oublié tout de l'époque de sa disparition. Elle ne se souvenait elle-même plus qui elle était, jusqu'à ce qu'elle découvre sa photo dans la presse. Elle avait alors eut comme un flash, et avait retrouvé une partie de la mémoire qu'elle avait perdue. Mais tout restait encore très flou dans son esprit. C'est en tout cas l'explication qu'elle avait donné pour justifier tout cela. Une explication qui ne semblait pas convenir au lieutenant.  

A l'époque de la disparition d'Eva, la police n'avait eut aucune piste solide à remonter. La raison même de cette disparition était restée inconnue de tous. Disparition volontaire, accident, kidnapping, meurtre ? Rien n'avait permis de découvrir quoi que ce soit concernant cette jeune femme sans histoire qui s'était tout simplemement volatilisée comme ça, sans laisser de trace. La voir donc de retour, et sans plus d'explications que ça à sa disparition était pour le moins étrange. Rebecca voyait dans les yeux du flic qu'il aurait aimé avoir les réponses aux nombreuses interrogations qui lui traversaient l'esprit, mais qu'il préférait pour le moment ne pas gâcher ces retrouvailles, et garderait donc ses questions pour lui.  

Une situation qui n'allait sans doute pas durer. Mais d'ici que le lieutenant l'interroge plus en détails sur cette période de sa vie, Rebecca aura eut d'avantage de temps pour assimiler la vie de celle dont elle avait emprunté l'identité, et imaginer une explication plausible à donner pour justifier tout ça.  

 

Miguel (Javier Perez) ouvrit la porte de son appartement et y fit entrer sa petite amie, ce qui lui procura à ce moment là une impression étrange, comme s'il avait remonté le temps. Quelque peu intimidée, Rebecca pénétra dans l'appartement de cet homme qui la prenait pour sa petite amie, et resta debout au milieu de l'entrée tandis qu'il refermait la porte derrière lui. La voyant mal à l'aise, le jeune homme s'approcha d'elle et l'invita à ôter son manteau et se mettre à l'aise. Ils s'assirent d'abord à table, pour boire un verre et tranquillement discuter.  

Rebecca devinait qu'il souhaitait lui aussi avoir des explications sur sa disparition. Depuis deux jours qu'elle avait fait son apparition, tout le monde ne cessait pas de l'interroger sur ces années au cours desquelles elle avait été absente. Jusque là, elle était parvenue à éviter de rester seule avec celui qui était son petit ami, celui d'Eva tout du moins, mais elle n'avait pas pu le faire indéfiniement. D'après ce qu'elle avait découvert sur Eva, la jeune femme était en couple avec ce Miguel depuis l'adolescence. L'homme avait été terrassée par cette disparition à en juger par ses différents témoignages de l'époque dans les médias. Rebecca continua de jouer sur le registre de l'amnésie pour éviter de répondre aux questions, et rapidement Miguel arrêta d'insister, voyant qu'il la mettait mal à l'aise. S'approchant doucement d'elle, il posa alors la main sur sa joue et la caressa, plongeant son regard dans le sien pour la rassurer. "Tu m'as manqué, tu sais ?" La jeune femme resta silencieuse. Elle eut d'abord un mouvement de recul lorsque le jeune homme approcha ses lèvres des siennes pour l'embrasser, ce dont il ne lui tint pas rigueur comprenant que la situation n'était sans doute pas facile pour elle, mais il retenta sa chance et s'approcha de nouveau pour l'embrasser.  

Décidée à bien jouer son rôle, Rebecca lui rendit alors timidement son baiser. Celui qu'il échangèrent fut d'abord doux et timide, puis l'homme se fit de plus en plus fougueux. Retrouver des années après sa petite amie disparue était sans doute pour lui une délivrance, et il se laissa aller, désireux de rattrapper le temps perdu. Rebecca ne le repoussa pas lorsqu'il la serra dans ses bras pour l'embrasser d'avantage encore, ni lorsqu'il la porta jusqu'à sa chambre. Elle qui n'avait connu que très peu d'amants dans sa vie, et jamais aucune relation ayant duré, découvrit alors un plaisir qu'elle n'avait encore jamais ressenti, celui d'être aimée.  

Dans un premier temps, Miguel fut doux avec elle, caressant son corps, l'embrassant langoureusement. Mais petit à petit, il se laissa aller à des gestes plus brusques qui surprirent la jeune femme. Rebecca se laissa cependant faire. Miguel était sans doute habituée à s'y prendre ainsi avec sa petite amie disparue, et elle ne voulait pas le froisser. Et puis, elle n'avait pas assez d'expérience pour juger si oui ou non ce comportement était celui d'un homme normal ou pas. Bien qu'un peu mal à l'aise, elle se sentait aimée, ce qui lui procurait un bien fou, et c'était là pour elle le principal. L'homme était brusque, presque bestial. Lorsqu'il lui serra les poignets, pour lui maintenir les bras cloués au lit, il lui fit même mal, mais elle continua de jouer son rôle, celui d'Eva.  

Lorsqu'ils eurent terminé, elle posa sa tête sur le torse de son amant qui se tenait allongé à côté d'elle, écoutant battre son coeur. Elle n'avait encore jamais ressenti cela. Cela ne faisait que deux jours seulement qu'elle avait revêtu l'identité d'Eva, et pourtant déjà elle devinait qu'elle ne pourrait jamais la quitter. Elle savait cependant qu'il ne s'agissait là que d'un emprunt d'identité, dont la date limite dépendrait de celle où la vraie Eva referait apparition. Ignorant si cette date allait arriver ou pas rapidement, elle était donc décidée à profiter au maximum de ces instants qui lui étaient offerts.  

 

Lorsque Rebecca retrouva Kim (Elsa Foster), cette dernière lui demanda alors avec un regard intrigué comment s'étaient passé leurs retrouvailles avec Miguel. Rebecca se laissa alors aller à une réponse langoureuse, encore perdue dans ce rêve éveillé qu'elle vivait dans la vie d'Eva. Kimberly Randall était la meilleure amie d'Eva, son amie de toujours, sa confidente. Rebecca avait donc décidé de jouer la carte de l'honnèteté avec elle, de lui raconter avec quelques détails comment s'était déroulé ces retrouvailles. Elle en profita pour glisser dans ses explications son sentiment de surprise lorsque Miguel s'était fait plus brusque, mais Kim ne sembla pas surprise de l'apprendre. A priori, Eva aimait cela, Rebecca allait donc devoir s'y habituer.  

Mais au fil de la conversation, Kim posa finalement une autre question à Rebecca qui la surprit. "Et Dale, tu l'as revu depuis ton retour ?" Dale Kerrigan ? Le lieutenant ? Pourquoi cette question ? Observant la surprise sur le visage de son "amie", Kimberly l'interrogea. "Tu ne te rappelles pas de Dale ? De ce qui se passait avec lui avant ta disparition ?" Rebecca comprit alors que la situation dans laquelle se retrouvait celle dont elle avait emprunté l'identité était bien plus complexe qu'elle ne l'avait imaginé, et que cette Eva n'était peut-être pas seulement la jeune fille sage qu'elle avait découverte à travers les portraits d'elle qui avaient été faits dans la presse à l'époque de sa disparition. Elle préféra continuer alors de jouer le jeu de l'amnésie, et demanda alors plus de détail à son amie sur la question. Mais Kim refusa de lui répondre. Le mieux pour elle était d'aller voir directement Dale pour voir tout ça avec lui.  

Rebecca ne sut pas quoi penser de cela, et lorsque les deux amies se quittèrent, elle ne sut pas quoi faire. Devait-elle aller voir le lieutenant comme le lui conseillait Kim, ou bien devait-elle le laisser venir vers elle lorsqu'il le souhaiterait. A la vision de ces nouveaux éléments, elle repensant au regard que le flic portait sur elle lorsqu'elle était assise chez ses parents de substitution, ceux d'Eva. Etait-il possible que ce regard interrogateur qu'il portait sur elle avait une autre signification que ce qu'elle avait cru comprendre sur le moment ? Tout à coup, elle commença à craindre de s'être embarqué dans une histoire qui la dépassait. Se pourrait-il que parmi ces gens qui l'entouraient se trouve une ou plusieurs personne responsables de la disparition d'Eva ?  

 

Debout dans le bus qu'elle venait de prendre après avoir quitté son amie d'enfance, Kimberly saisit son téléphone portable et composa un numéro de son répertoire. Lorsque son interlocuteur décrocha, elle prononça quelques mots d'un air grâve : "Elle ne semble pas jouer la comédie. Je crois qu'elle ne se souvient réellement de rien..."

Scénario : (1 commentaire)
une série B thriller de May Elbez

Paulo Fischer

Gabriella Salazar

Javier Perez

Elsa Foster
Musique par Wolfgang Blakstad
Sorti le 04 avril 2031 (Semaine 1370)
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