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Pamya Prod présente
Sous les ponts soupirent les âmes

Le pont du Rialto était noir de monde, à tel point qu'on aurait pu se demander s'il allait continuer à tenir encore longtemps. Les gens se pressaient, affublés de somptueux masques vénitiens de toutes les couleurs, sous les arches de l'édifice. Chacun voulait gagner au plus vite la place Saint-Marc, où le coup d'envoi du Carnaval allait être donné par le « vol de l'ange », comme le veut la tradition. Parmi la foule à l'âme éveillée, gaillardie par cette odeur de fête, deux enfants aux vêtements rapiécés, gamins des rues inséparables, Fausto et Ana, faisaient les poches des touristes bien trop occupés à admirer la cité. Leur technique était simple : ils laissaient leur chien, Ezzio, aller bousculer gentiment les passants, avant de s'excuser grassement auprès d'eux de la conduite de l'animal, tout en soulageant avec habileté ces gens de quelque monnaie trop encombrante. Ana murmura à son frère jumeau :  

- Viens, on a récolté assez d'argent pour toute la semaine. J'ai envie d'aller voir le carnaval, moi aussi.  

Les deux jeunes gens se laissèrent donc porter par la foule vers la place Saint-Marc, qui débordait déjà de monde.  

 

Fausto et Ana attendaient depuis déjà une quinzaine de minutes lorsque la jeune acrobate apparut en haut de la tour. Le public l'applaudit chaleureusement et l'encouragea. Elle prit quelques pas d'élan et sauta gracieusement dans le vide. Quelques dixièmes de secondes plus tard, elle avait atterrit dans le grand filet de protection qui avait été tendu pour l'occasion. Mais soudain, les cris de joies du public se transformèrent en cris d'horreur : un des câbles qui accrochaient le filet s'était rompu. L'acrobate tomba et s'écrasa violemment contre le sol.  

La foule s'approcha d'elle en courant. Elle semblait morte ou dans un coma profond. Un homme s'approcha rapidement d'elle, la retourna, lui arracha son masque écarlate sans détour, et prit la fuite en se fondant dans la masse de la foule terrorisée. Voilà un carnaval qui commençait d'une façon sacrément bizarre. Ana l'aperçu alors un vague instant, imprimant son déguisement tout de bleu dans son esprit. Ana prévint son frère jumeau de sa découverte. Ils partirent alors à la poursuite du fuyard. Il était parti par là, vers San Polo. Ils tentèrent de le rattraper mais le perdirent de vue à l'angle d'une rue. Fausto voulait continuer les recherches mais sa sœur le ramena à la raison. Ils retournèrent donc sur le lieu du Carnaval qui avait si mal commencé, pour finalement se rendre compte que celui-ci avait été purement et simplement annulé en raison des évènements.  

 

Quelques heures plus tard, les deux enfants décidèrent d'aller dans un petit restaurant peu cher dans lequel ils pourraient manger un peu. Ils passèrent par de petites rues sombres. Tandis qu'ils marchaient dans l'étroit chemin de la Toscana dans lequel il n'y avait personne, comme souvent, Ezzio, leur chien, s'arrêta près d'une poubelle. Il la fouilla malgré les contestations de ses maîtres. Au bout de quelques instants, il en ressortit avec un quelque chose dans la gueule. Il s'agissait du masque volé au festival. Ana l'observa attentivement et découvrit des inscriptions griffonnées à la main au dos de l'objet.  

“Quas autem vias dormit parvo speciosam”  

Une cité ? Sous les canaux ? Mais comment y accéder ?, se questionna Fausto.  

Ana lui fit un rapide petit signe de la main, lui indiquant un autre endroit de l'envers du masque, où, là encore, quelques mots avaient été inscrits.  

“Pauli, fratris nostri super nos. Inde sequitur, ut supra.”  

San Polo...murmura Ana.  

San Polo était l'une des plus anciennes église de la cité lacustre, bâtie dès le IXème siècle. De dimensions humaines, elle n'était pas la plus connue, ni la plus belle des églises de Venise, mais elle avait donné son nom au quartier. On entendait souvent murmurer que des restes de Saint Paul y étaient religieusement conservés dans la discrétion la plus totale.  

Quand Ana et Fausto arrivèrent, accompagné de leur chien, aux portes de l'édifice, un vague sentiment de doute les envahit. Et si ce n'était pas cette église ? Il y en avait des dizaines dans le quartier, des centaines dans la ville. Alors, pourquoi celle-ci ? Fausto chassa le doute qui commençait à l'envahir, et poussa les lourdes portes de bois qui marquaient l'entrée du bâtiment. L'austérité régnait en ce lieu, qui était désert à cette heure ci de la journée, qui plus est en pleine période de Carnaval. Les deux enfants inspectaient chaque recoin, chaque dalle, chaque mur avec minutie, mais rien ne semblait indiquer la présence d'un quelconque souterrain. Soudain, un grand bruit les fit se retourner à la hâte. Pris de panique, ils n'osaient plus faire un pas : que s'était-il passé ? C'est alors qu'une petite silhouette sombre se dessina au ras du sol, et Fausto et Ana soupirèrent de soulagement : c'était seulement le chien, Ezzio. Celui-ci émis quelques aboiement. Puis, l'idée effleura l'esprit de Fausto ; Ezzio avait découvert quelque chose !  

Ils suivirent le petit chien quelques instants, jusqu'à ce que celui-ci s'immobilise juste à côté d'une trappe béante, qui trouait les lourdes dalles de pierre. Le tunnel était juste assez grand pour que les deux enfants puissent y tenir debout, mais ils s'y engouffrèrent sans hésiter, par curiosité. Le noir se fit, et les trois compères n'eurent plus d'autre choix que d'avancer.  

 

L'eau coulait à leur pied dans un mince filet à l'odeur écœurante. Fausto et Ana n'y prêtaient pour autant guère attention, tant ils étaient omnibulés par l'aventure, et ce long couloir sombre et bas de plafond, qui, à en croire l'odeur, serpentait sous les canaux de la cité sérénissime. Soudain, Ana crut apercevoir une lumière qui se faisait petit à petit plus forte au bout du tunnel.  

Fausto, regarde, la lumière !  

Et les deux jeunes gens accélèrent le pas, pressés de découvrir ce qui les attendait.  

Ils atteignirent enfin une vaste salle, aux murs rongés par l'humidité, mais qui laissaient tout de même entrevoir un décor mural, qui, autrefois, avait certainement été somptueux. La pièce était faiblement éclairée par deux rangées de torches qui brûlaient à petit feu, signe que quelqu'un venait de passer par ces lieux il y a peu. Fausto fit un pas en avant, comme pour mieux voir le spectacle qui s'offrait à ses yeux, et qui paraissait incroyable. Une ville. Ici, sous Venise. La même cité que celle qui vivait au rythme du carnaval un peu plus haut. Mais une ville miniature et souterraine.  

 

Ana s'approcha à son tour. Chaque détail de la cité ancestrale avait été restitué avec une minutie la plus totale. Le spectacle était impressionnant. Soudain, Fausto remarqua un morceau d'étoffe noir accroché au petit cloché d'une église. C'était surement l'homme qu'ils poursuivaient qui l'avait laissé ici, de manière forte involontaire. Ana le ramassa et commença à l'inspecter d'un peu plus près, quand des pas se firent entendre. Les deux enfants retirent leur souffle, persuadés de ce qui allait se passer.  

L'homme était là. Masqué, toujours. Armé, aussi. Ana sentit son sang se glacer.  

« - Des enfants. Ce n'est pas vous qui allaient contrecarrer mes plans. Le plan d'une vie entière. Et pas que la mienne. Des siècles que ma société secrète se bat pour que cesse cette mascarade de carnaval, qui donne lieu à toutes sortes de débordements. Les gens s'amusent, ripaillent, boivent, volent...Ils oublient que Dieu voit leur pêchés, et ne les pardonne pas. Il est grand temps, je crois, que l'Eglise retrouve la place qu'elle aurait toujours du occuper dans cette cité. Que ses dogmes reviennent dicter la bonne conduite des gens, faite d'obéissance, de dévotion et de malheurs. Il est temps que cette folie créative cesse, pour le bien des hommes, et de l'Eglise. Les enfants, il est temps que le carnaval meurt ! Dans un instant, tout sera fini. Le temps pour moi de détruire la précieuse relique du créateur de ce maudit carnaval. Cet objet insignifiant, cause de temps de dégâts...  

 

Fausto et Ana n'en croyaient pas leurs yeux. Ils ne pouvaient laisser cet homme détruire cette relique. Il ne pouvaient le laisser détruire le carnaval, et l'âme créatrice et festive de Venise par la même occasion. Car c'était bien là ce qui les motivaient au quotidien à survivre en ces lieux : la joie, la créa, et l'amour.  

Non, ils ne pouvaient laisser faire cela. Ils allaient devoir agir. Et vite.  

 

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Avec les voix de :  

 

Leonard Berger (Fausto)  

Margot Edwards (Ana)  

 

Scénario de Delmax et de Emilien.  

Merci à Loupieau Production France d'avoir accepté de créer ce film en co-production et d'avoir supporter pendant plusieurs mois notre production.

Scénario : (1 commentaire)
une série Z d'animation de Eddie Wilder

Leonard Berger

Margot Edwards
Musique par Wayne Kirkhope
Sorti le 28 décembre 2030 (Semaine 1356)
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