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Loupieau Production France présente
An Irish Story

1996 – Belfast  

 

Le Irish Supremacy était à peu près le seul pub entièrement dévoué à la cause catholique dans tout Belfast. De prime abord, l'endroit semblait somme toute assez banal, plutôt normal. Un lieu paisible, et fleurant bon la bière, irlandaise, bien sûr, servie par Eilenor (Lou Franke), la patronne. Mais à y regarder de plus près, on pouvait aisément voir que ses murs étroits et sales étaient criblés de balles. Plus ou moins grosses, plus ou moins profondément. Mais elles ne semblaient pas avoir franchi la pierre.  

L'endroit était le lieu de rencontre privilégié pour tous les catholiques que comptait la ville. Ils aimaient ainsi à s'asseoir devant une table et une bonne bière, et pouvaient facilement passer des heures à injurier sans cesse les protestants, leurs ennemis de toujours. Eux qui, pour la plus grande majorité, étaient partisans de l’Irlande du Nord.  

Mais ce que la plupart des gens plus ou moins imprégnés d'alcool et d'idées républicaines au sens large ignorait, c'était que, dans un recoin sombre et souvent désert de ce petit pub, se trouvait une porte, qui se fondait à merveille dans le décor. Une porte derrière laquelle des personnes, un peu plus radicales disons, avaient pour habitude de se réunir dans le plus grand secret.  

 

Jamie McAllister (Alan Pover) était assis à la large table qui composait en tout et pour tout cette pièce gardée secrète. Dans la pénombre, on ne pouvait distinguer que la partie gauche de son visage, seulement éclairée par un mince filet de lumière provenant de la pièce voisine. C'était pourtant assez pour imaginer son beau visage qui paraissait aussi dur que l'était son âme. On apercevait également le coin de sa tempe, qui grisonnait par endroit, signe de son inquiétude permanente. Jamie n'était pas un enfant de chœur. Loin de là. Et son regard froid, d'un noir profond et plutôt effrayant, ne pouvait amener quiconque à dire le contraire. La porte s'ouvrit brièvement, et un homme fit irruption dans la pièce. Sans se lever, Jamie leva les yeux vers le nouvel arrivant, essayant sans doute de le détailler du regard. L'autre s'assit. Il lui tendit une main que Jamie serra avec force, comme s'il avait soudainement ressenti une irrésistible envie de la broyer. Andrew Easter (était un membre assez haut-placé de l'armée républicaine irlandaise provisoire, la PIRA. Il regarda Jamie droit dans les yeux avant de lui demander:  

- Alors, qu'as-tu décidé?  

- J'ai réfléchi. C'est non.  

Andrew Easter (Stjepan Boksic) soupira, et sans un regard, il abandonna Jamie à son triste sort. Sa vie venait de basculer. La porte s'ouvrit de nouveau, et l'on put apercevoir un court instant quelque goutte de sueur perler sur son front.  

 

- Jamais je ne pourrais sympathiser avec un de ces salauds de protestants unionistes! Jamais! Ils sont aussi anglais que fourbes, lâches et idiots! Je me battrai jusqu'à la mort pour l'Irlande, la grande et belle Irlande, débarrassée des anglais!  

Robbie Colligan (Patrick Maidstone) approuva d'un grand cri les quelques mots de son ami de toujours, Jamie. Et, tous les deux levèrent leur choppe, et trinquèrent, à la santé de l'Irlande.  

Leur vie venait de changer. Ils venaient de s'engager, de s'engager pour une cause qui les avait toujours attiré et qui leur paraissait des plus nobles. Robbie et Jamie étaient au service de leur nation. Mais désormais, leur combat avait changé radicalement. Fini la guerre des mots, et place à la guerre, la vraie: armes et attentats étaient ainsi appelés à devenir leur quotidien.  

 

Robbie se tenait désormais devant Jamie. Il le dévisageait férocement. Puis, comme venait de le faire quelques instants plus tôt Easter, il s'assit en face de lui. Un bref instant, Jamie pu apercevoir le visage de son ancien ami, plutôt en sale état.  

- Et bien, on dirait que la guerre ne t'a pas arrangé!  

Pour toute réponse, Robbie planta la lame de son canif dans la main de Jamie. Celui-ci hurla de douleur, ce qui eut pour effet d'arracher un horrible sourire à son ex-compagnon d'armes. Le souffle haletant, il réussit cependant à répondre:  

- A ce que je vois, vous utilisez toujours les bonnes vieilles méthodes! C'est quoi après? Ah, oui, je me souviens! Tu vas me couper les doigts, un par un, avant de me les faire bouffer! Désolé vieux, mais j'ai pas faim.  

Jamie reçut un violent coup de poing en plein visage, et le sang se mit à couler lentement le long de sa joue. Robbie reprit:  

- Comment t'as pu?  

- Tu peux pas comprendre.  

 

Il était tard, la nuit venait de jeter son voile sur la cité. Jamie marchait seul, sous la pluie qui n'avait cessé de tomber de toute la journée. Les mains dans les poches, le menton enfoncé le plus profondément possible dans son blouson noir, il avançait dans les ruelles sombres et dangereuses de Belfast. Il tâtât instinctivement sa poche droite, et fut rassuré d'y sentir son arme, chargée et en parfait état de marche. Alors qu'il passait devant un mur gris sur lequel les mots «Fuck Catholics» avaient été inscrits, il ne put s'empêcher de penser à ce qu'il aurait fait à celui qui avait écrit cela. Il n'était plus à un crime près. Soudain, un cri de femme retentit derrière. Jamie fit volte face, et aperçut de suite, à une cinquantaine de mètres, une jeune femme qui se débattait, agressée par un homme plutôt massif. Jamie sortit son arme et s'approcha sans bruit. Alors que l'homme semblait avoir maitrisé sa victime et qu'il s’apprêtait à lui faire subir on ne sait quelles atrocités, Jamie posa le canon de son arme sur sa tempe. L'autre se retourna, et Jamie lui sourit. L'autre, pensant certainement que c'était là un complice qui venait participer à la fête, se mit à rire franchement. Jamie tira.  

 

- Et?  

- Je l'ai revue. Elle est magnifique, tu peux pas savoir. On se voyait toutes les semaines, le même jour, à la même heure, dans un petit café de l'Ouest de la ville, épargné par cette putain d'organisation. Et on parlait, on parlait. J'étais noyé dans son regard, son regard vert émeraude. Un soir, je lui ait proposé de la raccompagner chez elle. On a traversé une bonne partie de la ville a pied, passant dans les quartiers les plus délabrés, les plus dangereux, les plus ravagés par ces troubles dont nous sommes coupables. Pourtant, on était bien. Heureux. Tu peux pas comprendre ça. Arrivés devant chez elle, au moment de se dire au revoir, j'ai pensé à ce que Easter m'avait proposé. Cet attentat. Et je me suis dit que c'était peut-être la dernière fois que je la voyais. Je l'ai embrassé, et je crois bien que j'ai passé la plus belle nuit de ma vie. Chez elle, collé contre son tout petit joli corps.  

- Et?  

- Et?  

Jamie pris sont temps pour répondre.  

- Et elle est catholique. Je suis protestant. Tous ces troubles, ces attentats, c'est des conneries. J'en ai marre du sang, de la sueur, des blessures morales qu'on a infligé pour une cause inutile. J'en ai marre d'entendre tous les soirs, avant de dormir, cette mère de famille pleurer et me hurler à m'en briser les tympans d'épargner son fils de 4 ans. Tous les deux, je les ai tué, parce que ils étaient différents de nous. Parce qu'ils ne pensaient pas comme nous. Et ça, ça me hante. Alors, je préfère crever ici. Fier, et amoureux.  

- Comme tu voudras.  

Robbie quitta la pièce, laissant Jamie seul.  

 

Jamie pleurait. Il ne redoutait pas ce qui allait arriver. Non. Il pleurait en pensant aux atrocités qu'il avait commis bêtement, au nom de l’Irlande. Mais depuis qu'il avait rencontré Braínne (Lisa Edwards), sa vie avait changé. Elle, pourtant si différente de lui, lui avait fait comprendre que cette guerre civile était inutile. Que cela ne servait à rien de se diviser ainsi, avec tant de violence et de haine. Le conflit s’essoufflait. Jamie serait peut-être une des dernières victimes. Qu'importe.  

Jamie priait un dieu quelconque, qu'il soit catholique ou protestant, de bien vouloir le laisser en vie. Car il avait enfin trouvé un sens à celle-ci. L'Amour.

Scénario : (2 commentaires)
une série A dramatique (Action / Sentimental) de Demetra Kantelinen

Alan Pover

Lisa Edwards

Patrick Maidstone

Lou Franke
Avec la participation exceptionnelle de Stjepan Boksic
Musique par Lea Chusid
Sorti le 13 mai 2028 (Semaine 1219)
Entrées : 21 234 868
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