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Le clocher de l'église sonnait midi. Les coups de cloches se succédaient pour annoncer à la population l'heure de la journée, et plus encore. Déjà de nombreux hommes et femmes se massaient-ils devant le parvis, délaissant pour un petit moment leur activité. Les paysans, les artisans; et même les serfs: tous étaient là. Soudain, les lourdes portes de l'église s'ouvrirent et un impressionnant cortège religieux se rua dehors. L’évêque (Vivian Gold) ouvrait la marche, suivi de près par quelques moines. Derrière, quatre hommes, des bourreaux, portaient une cage de fer à l'intérieur de laquelle se débattait furieusement une jeune femme brune (Lisa Clausen) aux cheveux aussi crasseux que ses pauvres vêtements troués de partout. Sur son passage, on pouvait entendre les paysans pester: «Brûlez cette sorcière! Elle a tué nos enfants! Brûlez-là». Un grand tas de bois, prêt à s'enflammer, l'attendait déjà. On ouvrit la cage et on força la femme à en sortir. Deux hommes l'empoignèrent solidement et l'attachèrent à un pieu. L'évêque s'avança alors près d'elle, et lui murmura au creux de l'oreille:  

- Vous avez déjà échappé au feu une première fois, grâce à votre magie. Mais cette fois-ci, permettez-moi de ne vous laisser aucune chance et de vous démontrer l'étendue de mes propres pouvoirs.  

Avant de se retirer et de s'adresser à la populace, il prit bien soin d'entailler profondément le bras de la condamnée. «Tout commence avec le sang».  

- Marie Lagauche, vous êtes condamnée à mort pour sorcellerie. Que le feu divin emporte avec lui l'horreur de vos actes!  

Le bûcher s'enflamma au moment même où la torche toucha le bois. Marie ne hurla même pas, tandis que le peuple se réjouissait de voir cette sorcière se consumer. Et personne n'aperçut l'évêque repartir, un tableau rouge sang sous le bras.  

Un homme élégamment habillé, tout de noir vêtu, hormis ce petit nœud papillon blanc qui venait joliment orner son cou, ouvrit lentement la porte à l'homme qui venait de frapper à la porte du manoir. Ce dernier c'était présenté comme étant un certain Edouard Baudet (Miles Baccarin), lorsque Francis (Nolan Andrews) l'avait eu au téléphone. Il était, apparemment, désireux de visiter le manoir dont Francis était le majordome, bien que les lieux n'étaient plus habités depuis belle lurette. Rien qu'à la façon dont le jeune homme était habillé, Francis devinait les raisons qui l'avaient poussé à venir ici. Ce n'était pas, comme il l'avait pourtant assuré, l'envie de devenir propriétaire de la vieille et sinistre baraque qu'il l'intéressait. Non, Francis devinait que Edouard était plutôt un jeune étudiant en quête de sensations fortes ou étranges. Car on disait ce manoir hanté.  

- Suivez-moi, si vous le voulez bien. Je vais vous faire visiter les lieux.  

Le parquet ancien couinait à chaque pas qu'effectuaient les deux hommes. Edouard regardait partout autour de lui, à la recherche d'une quelconque chose un tant soit peu effrayante. Jusqu'ici, rien ne parvenait à aiguiser un peu son amour de la peur.  

- Et voici maintenant la grande salle qui abrite la grande collection d'art de feue madame la propriétaire.  

La pièce ne contenait qu'un seul tableau, vulgairement accroché au mur, comme s'il s'agissait d'une vulgaire croûte. Francis laissa son visiteur s'en approcher seul, tout en esquissant un léger sourire du coin des lèvres. «Il veut des frissons? Il va être servi.», se dit-il.  

Edouard observait le tableau, visiblement peu convaincu du talent de celui-ci qui l'avait peint. Une tête rouge sang, vaguement en relief, se dessinait sur un fond blanc. Alors qu'il s'apprêtait à repartir vers le majordome pour continuer cette visite jusque là décevante, un grand cri se fit entendre. Un cri de femme, horrible, torturé. Edouard fit volte-face et prit peur – enfin – en apercevant que du tableau émergeait une tête de femme, rouge sang, à peine retenue par une fine couche de peinture dans le bas du cou. Elle criait, et dardait Edouard de son regard féroce. «Tuer...Tuer...Tuer!»  

Edouard prit alors ses jambes à son coup, effrayé par ce qu'il pensait être une blague de mauvais goût. Il s'arrêta dans la pièce d'à côté, hors de porté de ce truc menaçant. La femme lança alors à son majordome: «Ramène-le moi.»  

Francis s'avança calmement vers le jeune homme qui reprenait peu à peu ses esprits. Il s'agenouilla à côté de lui et lui murmura au creux de l'oreille: «Ça va?».  

L'autre acquiesça d'un discret signe de tête, aussi Francis lui planta profondément son couteau favori dans le ventre, avant de le retirer de la plaie béante, ruisselant de sang. Edouard en restait muet de douleur. Pourtant, quand il vit que le vieux majordome revenait à la charge, il réussit tant bien que mal à trouver la force nécessaire pour s'enfuir. Francis se mit tout de suite à sa poursuite. Le garçon n'avait absolument aucune chance: il ne connaissait pas bien les lieux.  

Pourtant, quand Francis revint voir sa maîtresse, il était seul, et ses vêtements étaient déchirés, ensanglantés. D'un regard, elle lui demanda ce qu'il s'était passé à l'étage. Francis lui raconta que le jeune homme était gravement blessé, et qu'il s'était enfermé dans une chambre.  

- Francis, tu parais blessé, toi aussi.  

- Oui, madame, je le suis.  

- Ne t'inquiètes pas. Je vais abréger tes souffrances.  

La tête «entableautée» de Marie Lagauche se rua alors sur sa proie et l'acheva dans un bruit sourd. Soudain, un corps tomba sur le sol. Marie se releva lentement, le visage plein de sang. Elle s'émerveillait devant le miracle qu'elle attendait depuis des siècles. A force de sang, elle avait fini par réussir à sortir de ce tableau. Désormais, et plus que jamais, elle ressentait une implacable envie de tuer. Et elle savait fort bien qui serait sa première victime...  

«Tout finira par le sang.»