Mal assis sur son siège rehausseur placé à l'arrière de la voiture, Michael, 4 ans ne semblait pourtant pas trop dérangé par cela. Ni par les soubresauts qu'effectuait le véhicule sur cette petite route de campagne en piteux état. Il semblait bien au contraire faire abstraction de tout ça, comme si cela n'existait même pas. Michael donnait en effet bien plus l'impression d'être occupé à empiler quelques cubes pour bébé. Les mouvements de la voiture faisaient s'écrouler la tour régulièrement, mais cela ne semblait guère entamer la détermination féroce du petit. Et il recommençait, encore et encore. Rien au monde n'aurait pu le distraire de son activité.  

Judith, sa mère, était, elle, beaucoup plus préoccupée. Quand elle gara sa belle voiture dans la cour de sa maison, elle resta quelques instants au volant, sans bouger ni remuer le bout des lèvres. Elle fixait vaguement le mur, le regardant et ne le voyant pas à la fois. Puis, après un assez long moment, elle poussa un long soupir et ouvrit sa portière. Ce ne fut qu'au moment où Judith prit son fils dans les bras pour le ramener à la maison que celui-ci s'aperçut qu'ils étaient enfin arrivés. Il laissa ses cubes à contre-cœur et se laissa emporter par sa mère, sans mot dire. Judith le déposa sitôt la porte d'entrée passée, tandis qu'elle se dirigeait vers le salon, où James, son mari, l'attendait. Celui-ci l'interrogea en un mot: Alors? Judith hocha la tête et fondit en larmes. James prit alors sa femme dans les bras et entreprit de la consoler. Pourtant, il le savait bien, elle était inconsolable. Lui aussi d'ailleurs. Leur vie à tous les trois venait de changer.  

Et pendant ce temps-là, Michael empilait les boîtes de conserves qui trainaient dans les placards de la cuisine...  

L'autisme. Voilà ce dont quoi souffrait Michael. Jamais ses parents n'avaient pu imaginer que leur fils aurait pu être atteint par cette maladie, à sa naissance. Cela faisait un an qu'ils fermaient les yeux, se disant que cela ne pouvait pas leur arriver à eux. Mais le spécialiste qu'ils s'étaient résolu à consulter leur avait confirmé leur pire crainte, à leur plus grand malheur.  

Michael n'avait pas beaucoup changé: il parlait toujours aussi peu, passait son temps à empiler ce qui lui passait sous la main,.... Ses parents étaient perdus, et meurtris.  

Puis un jour, Michael tomba sur des feutres négligemment posés là. Il s'en saisit et commença à dessiner des choses sans sens ni formes sur les murs immaculés. Ses parents le surprirent bientôt ,mais ils n'eurent pas le courage de le gronder quand ils aperçurent l'énorme sourire qui éclairait le visage de leur fils pour la première fois.  

Et cela dura pendant une bonne semaine. Michael, quand il n'empilait pas, passait son temps à dessiner et à peindre sur les mur. Il ne s’améliorait toujours pas, mais il semblait en tirer un plaisir énorme...Ses parents laissaient faire.  

Un gros trait noir et tordu sur la droite. Une pointe de rouge sang par ici. Une grosse et horrible carapace violette...Des gros yeux bleus monstrueux. De petites pattes sombres...Ça y est!  

Michael contemplait son œuvre. Il venait de peindre la chose qui le hantait depuis si longtemps et qui le rendait malade. Le monstre était sur le papier de sa chambre. Michael le regardait d'un air curieux, avant de lâcher subitement son pinceau plein de peinture qui atterrit sur le parquet. Pétrifie d'horreur, il contemplait le monstre, qui venait de prendre vie. Ce dernier s'élança, sauta du papier et atterrit aux pieds de Michael, avant de se mettre à grandir, grandir, jusqu'à atteindre deux bons mètres. Michael, terrifié,se réfugia en hâte dans ses épaisses couvertures. Il s'enroula dedans.  

Judith montait les escaliers et entra dans la chambre de son fils. C'était l'heure de manger. Quand elle le trouva, emmitouflé sous les couettes, trempé de sueur et terrifié, elle appela son mari d'une voix tremblante. Que c'était-il passé ici?  

Le médecin était venu, mais il n'avait pas pu apporter de réponse aux nombreuses questions que se posaient Judith et James. Il n'avait jamais vu un cas comme Michael. Ne sachant trop que faire, il préconisa du repos à l'enfant. Michael se retrouva alors seul dans son lit pour le reste de la journée, voué à dormir. Il y était parvenu quand un bruit le réveilla en sursaut. Il se redressa et une lumière s'alluma, sans qu'il n'eut besoin de toucher quoi que ce soit. La peur commençait à l'envahir.  

N'aies pas peur. Je suis ton amie. Je vais t'aider. Nous allons t'aider. Michael était stupéfait par ce qu'il se passait. Il reconnaissait la créature informe qui lui parlait. Instinctivement, il jeta un coup d’œil au mur qu'il avait «tagué». Il était de nouveau propre. Michael en conclut que ses bonnes créatures avaient, elles aussi, prit vie. La première question qu'il posa fut celle-ci:  

- Tout ça se passe dans ma tête, hein?  

Bien sûr Michael. Nous sommes le fruit de ton imagination débordante. Nous sommes tes anges gardiens, tes protecteurs. Tu nous as donné vit pour que l'on t'aide.  

- Et, euh,...Le Démon? Lui aussi a prit vie.  

Je sais. C'est pour ça que tu nous as appelé. Pour t'aider à t'en débarrasser.  

Soudain, le démon fit irruption dans la pièce. Un halo de lumière noire l'entourait, ce qui le rendait encore plus inquiétant. Il s'avança vers Michael, déterminé.  

- On va en finir, mon garçon. Il n'y en aura plus pour longtemps.  

Le monstre se rapprocha petit à petit de Michael, quand tout à coup, les autres créatures, plus petites que le démon, se dressèrent devant lui pour le protéger. Le monstre rageait. Et la bataille commençait.  

Au salon, ni Judith, ni James, ne pouvait se doutait de ce qui se tramait en haut. Dans sa tête, Michael jouait son avenir. Soit il venait à bout de ses vieux démons, soit il plongeait à jamais. Les dés étaient jetés. Des dés particuliers. Comme si c'était Michael qui les avait lui même dessiné...  

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Michael: Voix de Michael Charest  

La bonne créature: voix de Tara Kubota  

Le démon: voix de Bertrand Pçékrouton  

Judith: voix de Demetra Legrand  

James: voix de Derek Band  

Le médecin: voix de Dirk Tager