"Qu'avons-nous fait de nos idéaux ?
Je me souviens d'un temps, vers la fin des années 60 et jusqu'au milieu des années 70 où l'on pouvait se battre pour ses idées sans passer pour un "réac"... D'un temps fleuri où les idéaux l'emportaient sur le marché et ou l'opposition politique passait forcément par le dialogue.
Ils ont tué le dialogue au profit de la publicité.
Ils ont tué les idéologies au profit du marché.
Que nous reste-t'il : le droit de poser le bulletin dans l'urne lors de pseudo-événements électoraux truqués à la base par les sondages et les médias à la botte des puissants ? Ceux-là mêmes qui ne distinguent désormais la Gauche de la Droite que par les changements de cravate à la tête de l'Etat...
On sait ce que vaut cette démocratie. Ils l'ont tuée en 1986.
Mais moi, Romuald Russell (Logan Miller), je revendique le droit à la contestation du système. C'est pourquoi je prétends que seule une révolution pourra faire bouger les choses.
J'annonce donc officiellement qu'à compter de ce jour, 14 juillet 2007, je ferai exploser une bombe par semaine dans les quartiers que les médias nomment "populaires" - car c'est mon droit à la contestation qui s'exprimera ainsi tant que le système n'aura pas compris qu'il doit générer des anticorps à ses propres excès. Plus le peuple souffrira de MES excès, plus il exercera une pression sur les vôtres."
Signé : Romuald Russell

"- Qu'est-ce que vous en pensez ?"
La question vient du Directeur de la Sécurité Nationale Paul Simm (Jonathan Reviglio), qui ne cache plus son agacement. En face de lui, le Commandant Harbour (Ruth Paulson) chargée du Département des Menaces Terroristes. Elle a dans sa main une lettre photocopiée dont elle vient d'énoncer le contenu à l'assistance présente - qui comprend également quelques Secrétaires d'Etat et directeurs de cabinets.
"- Ce gars a l'air troublé - on a du mal à comprendre ses revendications, une espèce de diatribe anti-libérale à la portée du premier élève de 1ère - surprenant pour un gars aussi diplômé. Et cette tendance à fantasmer le passé..."
Simm reprend : "Oui, mais peut-il être un danger ?" Un signe de tête vers ses collègues de l'Intérieur... Harbour reprend la question au vol...
"- Il peut être dangereux s'il dépasse le stade-même de la simple verbalisation, et des indices concordants laissent entendre... mais..."
Un agent de l'intérieur l'interrompt :
"- Ils sont plus que concordants, Monsieur : Romuald Russell, ingénieur en chimie a quitté le domicile familiale pour une destination inconnue. Ni sa femme Yasmine (Alexandra Yusef) ni ses enfants ne l'ont revu depuis. Il s'est littéralement volatilisé. D'ailleurs, on aurait pas fait un tel tohu-bohu de cette affaire si Russell n'avait pas été lui-même mis au secret par l'Armée dans le cadre de ses recherches...
Simm : - Donc si je comprends bien : nous avons un spécialiste accrédité par le Ministère qui a disparu depuis quelques jours et se promène dans la nature ou reste cloîtré dans un coin, tout en revendicant sur le net qu'il n'est pas content de la vie qui va et qu'il va tout faire exploser - et surtout le populo ? C'est ça, la menace ?
Harbour : - Malgré tout, sa dialectique n'est pas révolutionnaire, il ne semble pas lié à un groupe... Il a juste besoin d'une psychanalyse.
Simm : - C'est nouveau, ça : les hautes instances de la sécurité de l'état viennent de se réunir aujourd'hui pour prescrire une thérapie à un de nos ingénieurs qui a le blues ?!!? Harbour, vous allez retrouver ce gars, vous le prenez comme bon vous semble - mais vite : l'argent du contribuable ne sera pas gâché par les gêmissements pathétiques du premier citoyen qui n'est pas heureux de vivre dans notre démocratie. Je suis heureux de notre législation sur les armes, ce gars aurait déjà fait un carton sinon. Vous avez carte blanche sur 48h00 : je refuse qu'il fasse exploser quoi que ce soit, même un pêtard." (Script original)