La nuit n'était pas encore finie, mais déjà les quais du port breton s'activaient. Avant que le soleil se lève, l'équipage du bateau de pêche aurait déjà embarqué, et serait déjà bien loin en mer. Debout sur le quai, un sac sur l'épaule et son appareil photo autour du cou, Diane Scellier (Jessie Forden) discutait avec le capitaine du bateau. Armel (Salomon Last) était un ami d'enfance. Tous les ans, la jeune femme qui n'était alors qu'une petite fille, venait en vacances chez ses grands-parents, sur la côte du Finistère, et retrouvait la petite bande d'amis qu'elle s'était faite ici. Depuis, bien du temps avait passé, et au fil des années leurs rencontres s'étaient de plus en plus espacées.  

Ce fut donc une surprise pour la jeune flic d'entendre la voix de son ami au téléphone, lorsqu'elle l'avait décroché une semaine plus tôt. Les contraintes de leurs vies respectives avait réduit leurs contacts à quelques appels polis pour le nouvel an, ou se souhaiter leurs anniversaires, et rien d'autres. Alors lorsqu'Armel l'avait appelé, elle avait craint que ce soit pour lui annoncer une mauvaise nouvelle. Diane fut soulagée d'apprendre que ce n'était pas le cas, en tout cas pas ce qu'elle avait craint. Non, il n'était rien arrivé à aucun d'entre eux. Mais Armel avait un petit service à demander à son amie.  

Voilà maintenant cinq ans qu'il était capitaine de son propre navire de pêche, un immense paquebot avec lequel il partait de longs mois durant en pleine mer, entre les îles Féroé et l'Islande, pour pêcher ces poissons affreux vivant dans les profondeurs, que l'on était allé déranger après que l'Homme ait dépeuplé les espèces vivant en surface. C'était sa grande fierté, la réussite de sa vie. Après avoir longtemps économisé, il avait pu quitter le bateau sur lequel il travaillait pour s'acheter le sien, et diriger son propre équipage.  

Mais depuis quelques temps, des choses étranges survenaient sur son bateau. Au cours de ses dernières pêches, plusieurs incendis s'étaient déclarés, et si dans un premier temps il avait mis ça sur le compte d'une association de malchance et d'avaries, la multiplication de ces incendis avaient fini par lui faire penser à des actes criminels. Parmi l'équipage, on devinait que l'idée était dans l'esprit de chacun, pourtant personne n'osait aborder le sujet. D'ailleurs, qui pourrait bien être à l'origine de ceci ? Ils se connaissaient tous depuis des années maintenant, et aucun parmi eux n'avait d'intérêt à voir brûler le bateau en pleine mer.  

Pourtant, il y avait quelque chose de louche, et Armel tenait à faire la lumière là-dessus. Evidemment, il n'en avait pas parlé à la Police, qui ne pouvait pas faire grand chose dans ce genre de situation. Le crime avait lieu à des kilomètres des côtes, et lorsque le bateau était de retour au port, cela faisait bien trop longtemps que ceux-ci avaient eut lieu. Les éventuelles preuves qui auraient pu permettre de découvrir l'auteur des incendies avaient été largement effacées.  

C'est la raison pour laquelle il avait eut l'idée de faire appel à son amie d'enfance, devenue flic. Ce qu'il lui avait demandé n'était pas une chose facile à faire, et il aurait tout à fait compris qu'elle refuse de le faire. Mais face à la détresse d'Armel, Diane n'avait pas pu refuser. Officiellement, elle était une photographe d'investigation, qui embarquait à bord du navire de pêche pour effectuer un reportage sur le dur travail de ces hommes et femmes, qui abandonnaient conjoints et enfants pour une longue durée.  

Mais en réalité, le capitaine du bateau espérait bien que son amie parviendrait à trouver l'origine de ces incendies, et à mettre la main sur celui qui en était à l'origine si jamais il s'agissait bien d'incendies criminels comme il le craignait.  

Un groupe d'hommes et de femmes approcha alors des quais, en direction du capitaine. Ce dernier leur présenta la journaliste qui, comme il le leur avait expliqué quelques jours plus tôt, allait partager la vie de l'équipage durant plusieurs semaines, afin de faire un reportage sur leur travail. Il présenta ensuite chacun des membres de l'équipage à Diane.  

L'équipage était composé de quatorze hommes et deux femmes, auxquelles venait s'ajouter Diane pour cette fois. Une fois les présentations faites, tout le monde se dirigea vers le bateau pour embarquer. Diane fut surprise de trouver celui-ci ci-haut sur l'eau. Elle était convaincue que les navires de pêches s'enfonçaient beaucoup plus profondément. Magnus (Nathan Paulton), le mécanicien de l'équipage, un trentenaire d'origine norvégienne, lui expliqua que pour le moment le bateau était léger, ce qui expliquait le fait qu'il flotte autant au-dessus de l'eau. Au départ du port, la seule cargaison du bateau était le gasoil nécessaire pour ce long "voyage". Au retour, si la pêche était bonne, le poids de la cargaison de poisson viendrait remplacer celui du gasoil.  

Le bateau quitta le port, et pour le moment l'ambiance était bonne à bord. Plusieurs jours de navigation attendaient l'équipage avant qu'il ne se mette réellement à la tâche. Cela allait permettre à Diane de faire discrètement la connaissance de chacun, sans éveiller de soupçons. Elle patagerait la cabine d'Enora et Karina (Nina Korkivich), les deux seules femmes de l'équipage. La seconde était la soeur de Magnus. L'un comme l'autre étaient tombés amoureux de la mer étant petits, et n'avaient jamais imaginé rien faire d'autre que le métier de pêcheur. Dès leur plus tendre enfance, ils allaient régulièrement pêcher le week-end sur le petit bateau que leur père s'était acheté. Evidemment, ils étaient bien loin de la pêche qu'ils pratiquaient aujourd'hui, mais cette passion ne les avaient plus quittés depuis.  

Lorsque le jour se leva, Diane observa vers l'arrière du bateau à la recherche d'un bout de côte, pour se rassurer. Mais la terre était déjà bien loin derrière eux. Se sentant mal à cause des mouvements de la mer, la jeune flic commença à s'interroger à propos de cette enquête qu'elle menait à titre privé. Avait-elle bien fait d'accepter la demande de son ami d'enfance ? Elle avait déjà mal au coeur, et tout laissait à penser que les choses n'allaient pas s'arranger de ce côté là. Et elle n'avait encore aucune idée de ce dans quoi elle venait de s'embarquer.  

N'aurait-elle pas mieux fait d'utiliser ses congés pour aller bronzer sur une plage de la Côte d'Azur l'été, plutôt que de partir ainsi de longues semaines en plein hiver, dans une mer inhospitalière ? Mais il était trop tard pour les regrets à présent. Car il était évident que le bateau n'allait plus faire demi-tour maintenant. Armée de son appareil photo, et du carnet sur lequel elle prenait des notes, la jeune flic n'avait plus qu'à se mettre à la tâche.  

Pour le moment, elle allait jouer le rôle qu'elle était sensé jouer, et interroger l'équipage sur leur travail pour cet article qu'elle était sensé écrire. Ca serait l'occasion d'interroger chacun, et d'en apprendre plus sur les membres de l'équipage. Après ça, tant qu'aucun nouvel incendie ne se déclarerait, elle ne pourrait rien faire. Elle ignorait encore qu'elle n'aurait pas à attendre longtemps avant que cela n'arrive.