A quoi bon ? A quoi bon manger, boire, rire, aimer... ? A quoi bon vivre quand à la fin, tout disparaît ? Pourtant, Janko ne peut se résoudre à mettre fin à cette vie qui l'a tant fait souffert. Il n'en a tout simplement pas le courage. Ou peut-être bien se rend-il compte que ce geste serait inutile.  

Janko repense à tout ce qu'il a put vivre...Mais, la seule véritable image qui s'impose à ses yeux, encore et encore, c'est celle de sa fille, Krava. Elle lui sourit, encore et encore. Elle lui sourit, et lui, son père, entend son rire résonner dans la chaude après-midi ensoleillée. Elle vit, encore et encore. Pourtant, comme toutes les choses que Janko a aimé dans sa vie, Krava a disparu.  

L'avion qu'elle avait pris s'était écrasé en plein océan, et, jamais on ne retrouva sa trace. Toutes les personnes présentes à bord étaient dès lors portées disparues. Depuis ce jour, la vie de Janko n'était plus la même : elle s'était brisée.  

Le vieux père meurtri et lassé de sa vie ouvrit un grand tiroir et en sortit une arme. C'était dans la violence et dans le meurtre qu'il avait désormais trouvé refuge. Tuer l'amusait, du moins, ça lui faisait oublier. Et puis, cela faisait rentrer un peu d'argent, aussi. Une source de revenus non négligeable, en somme...Il chargea l'arme et partit au-dehors, calme, serein. Il savait ce qu'il devait accomplir : descendre sa cible.  

L'écran digital de sa montre égrenait lentement les secondes. Janko était bien installé, allongé à plat ventre sur le haut d'un immeuble. 50,51,52...Il cala son œil contre la lunette de visée. Il apercevait ainsi parfaitement sa cible. 53,54,55...La tête de l'homme, en pleine conversation téléphonique, était dans son viseur. Ce n'était plus qu'une simple question de secondes...56,57,58...Janko retenait son souffle, son doigt se tenait bien prêt à appuyer sur la gâchette. 59, 00...Un petit bip retentit, et Janko tira. Un léger bruit s'en suivit. Janko s'était relevé. C'était à peine s'il avait jeté un regard à l'homme qu'il venait d’abattre. Il rangeait déjà son matériel, et s'apprêtait à quitter les lieux.  

La porte d'entrée du petit appartement confortable de Janko s'ouvrit. Il y pénétra et déposa sur une table tout son armement. Il se dirigea de suite vers la cuisine, sortit un verre, puis se versa une grande quantité de whisky. Il but une première gorgée, avant de reposer son verre. Quelque chose avait attiré son attention. Quelque chose d'anormal se trouvait ici...Dans le salon, il mit la main sur ce quelque chose. C'était une enveloppe, sans adresse, sans écriture, sans timbre...Janko l'ouvrit, plongea sa main dedans, et en ressortit une petite lettre blanche, où était tapé à l'ordinateur ce message : « Abattez Elisa Jones, directrice de AnLour Corp., ce soir, à 19h, à son bureau. Elle sera seule. Un virement de 1 000 000 $ sera fait sur votre compte une fois la besogne effectuée. ». Bizarrement, la lettre n'était pas signée. Il n'y avait même pas d'indice quant à son envoyeur.  

Quoi qu'il en soit, Janko était bien décidé à agir. Cela représentait tout de même une grosse somme. Il reprit ses affaires et partit.  

La lumière allumée dans le bureau éclairait une silhouette féminine qui allait et venait sans cesse dans la pièce. Il restait à peine une minute. Janko était prêt. Il n'avait plus qu'à tirer. Dix secondes...La femme ouvrit alors le store et son visage apparut à Janko. Il était abasourdi. C'était impossible. Non ! Elle était morte ! Pourtant, cette femme avait les mêmes traits que sa Krava...Janko était comme pétrifie. Il se leva soudain d'un bond, ressentant la folle envie d'aller retrouver sa fille perdue depuis tant d'années. Le regard de Krava croisa alors celui de son père. Avant que son père ne puisse y voir une lueur de terreur et comprendre, Krava se jeta au sol. Dans la foulée, des coups de feu retentirent au dehors. Mais il en fallait bien plus pour effrayer Janko, qui avait enfin retrouvé une raison de vivre...