Concours Uchronie – Sélection officielle  

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Quelques part dans les sous-sols d'un grand palais de Londres...  

Tout est calme. Personne ne traîne dans ces larges couloirs de pierre, tristes et mal éclairés. Une petite porte en bois, vieille et moche, donne sur la droite. Mais ce n'est qu'une simple remise où s'entassent divers objets. Et puis, le couloir donne enfin sur une pièce circulaire et de grande taille, à peine plus lumineuse. On n'entend pas d'autres bruits que le grattement des plumes sur le papier et le bourdonnement léger des quelques mouches présentes. Toute une flopée d'hommes et de femmes est là. Ils sont tous silencieux comme des tombes. Soudain, la grande porte située tout au fond de la pièce s'ouvre à la volée. Deux hommes en sortent, affolés, et, visiblement, épuisés.  

- Putain de bordel de ...Shit! C'est impossible! Not possible!  

- Majesté, deux scientifiques de vos services voudraient vous parler d'une chose de prime importance...  

- Faites-les entrer.  

Les deux scientifiques entrèrent dès que la porte fut ouverte. Ils se précipitèrent dans la pièce, face à George III, et s'agenouillèrent devant lui. Ils semblaient encore plus terrifiés que tout à l'heure.  

- Votre altesse...Nous avons mis au point, conformément à vos souhaits, une machine à voyager dans les époques...  

- Ah! Les nouvelles sont-elles bonnes?  

- Non, sire, au contraire. Nous sommes allés voir quelques années plus tard comment se portera le monde, et, il s'avère que...Heu...Qu'il sera dominé par un français. Bonaparte.  

- Quoi? Qui est ce type?! J'ordonne que l'on fasse quelque chose!  

Les services secrets britanniques étaient dès lors sur le pied de guerre. Ils avaient échafaudé un plan pour assassiner Bonaparte lors de son mariage prévu prochainement. Pour ce faire, deux agents secrets et so british avaient été chargés de l'éliminer, par n'importe quel moyen. Enfin, un moyen pas trop visible, quand même.  

Jack Portey était l'agent le plus étrange du service. Chaque jour, il arborait fièrement un nœud papillon ridicule et flashy différent. Il portait également une chemise blanche à motifs qui variaient selon les jours et l'humeur, et son pantalon porte-bonheur de velours rouge vif, rapiécé de partout.  

Lisbeth Salsbury, elle, avait une façon de s'habiller un peu plus conventionnelle. Reste qu'elle était, à plus de 30 ans, toujours célibataire. Ce qui ne l'empêchait pas le moins du monde de s'amuser avec ses jouets favoris: les hommes. Elle avait un sale caractère bien trempé.  

Pendant ce temps, en France...  

Napoléon, confortablement assis dans son fauteuil, était à peine de retour de campagne. Il lisait, quand Joséphine entra dans la pièce. Tout deux allaient bientôt se marier, en cette belle année 1796. Elle avança, le pas léger, et un sourire irrésistible aux lèvres, et s'arrêta derrière le fauteuil de son futur époux. Tendrement, elle lui caressa le cou, avant de déposer sur ses lèvres un doux baiser. Elle quitta alors la pièce, laissant le général à sa lecture. Pourtant, il fut bientôt de nouveau dérangé. En apercevant l'homme qui venait le visiter, Napoléon Bonaparte laissa son livre de côté.  

- Que se passe-t-il Mariveau?  

- Napoléon, j'ai eu vent d'une conspiration contre votre personne. Une conspiration anglaise.  

- Une conspiration? Mais pourquoi diable les anglais feraient-ils ça?!  

- Je ne sais pas, général, mentit Mariveau.  

Ailleurs...  

Une calèche faisait route vers Paris depuis maintenant trois bonnes heures. Elle filait sur l'horizon, alors que le soleil se couchait enfin et baignait de cette belle lueur orangée tout les terres, les maisons, environnantes. A l'intérieur de la voiture, deux personnes se balançaient au rythme effréné et désagréable des soubresauts incessants que faisait le véhicule en passant sur les voies pavées. La femme en était toute verte.  

- Je vous avez bien dit que vous ne supporteriez pas le voyage, My Lady.  

- C'est surtout vous que j'ai du mal à supporter, sir.  

L'homme esquissa un sourire. Jack Portey aimait les femmes. Surtout celle qui ont un caractère bien trempé. Lisbeth Salsbury reprit:  

- Voulez-vous bien me donner l'enveloppe contenant la mission?  

L'autre s’exécuta. Il sortit d'une poche intérieur de son manteau une enveloppe blanche cachetée, et la tendit à sa charmante coéquipière. Elle la parcourut rapidement puis lui lança:  

- Non, en fait, Jack, je veux la vraie lettre. Pas celle où vous expliquez comment vous pensez me draguer...  

Il sourit franchement, avant de lui donner la vraie mission.  

- Si on ne peut même plus rire...Enfin...  

- Oh no! C'est pas possible.  

- Quoi donc?  

- Pour notre couverture, nous sommes en couple! Shit!  

- Vous devriez plutôt vous en réjouir...Ce n'est pas tous les jours que vous sortirez avec un homme pareil...  

- Ça, c'est sûr...  

Le mariage de Napoléon et de Joséphine était prévu le surlendemain, dans l'après-midi. Il devait se dérouler dans une petite église parisienne, en petit comité. Le général et sa future épouse se préparaient à la cérémonie qui les attendaient, joyeux, mais anxieux, aussi. Joséphine avait en effet peur que la cérémonie tourne au cauchemar, Napoléon, lui, redoutait une attaque britannique, depuis qu'il avait été informé de la conspiration.  

Le grand jour était enfin arrivé. Les deux futurs époux étaient arrivés chacun dans une calèche différente et somptueuse. Tous deux étaient parfaitement vêtus. La cérémonie commença. Elle paraissait durer des heures et des heures entières, quand tout à coup, Mariveau poussa les portes de l'église, affolé. Il se précipita à l'intérieur et vint parler au général.  

- Ils sont là, ils arrivent!  

Napoléon comprit. Il se cacha dans un recoin de l'église, et, alors que la foule s’inquiétait et bougeait en tous sens, ils entrèrent.  

- Oh, je crois que nous avons un peu de retard, My Lady!  

- Yes! Et pour la discrétion de l'opération, on repassera!  

- La faute à qui? Si vous ne vous étiez pas pomponnée pendant des heures, on serait arrivé à l'heure pour tuer la grenouille!  

- Ah oui? Et si vous aviez avalé votre déjeunez en vitesse ce matin, au lieu de mater les seins de la serveuse, on serait arrivé à l'heure aussi!  

- C'est bon, c'est bon. Calmez-vous. N'étalez-pas nos problèmes de couple en public, voulez-vous ! De toute façon, le plus important, c'est de tuer l'Empereur.  

Napoléon sortit de derrière la colonne qui le cachait, et s'avança dans l'allée.  

- Vous savez, je ne suis pas encore Empereur. Et puis, qui vous a permis de révéler mes ambitions?!  

Napoléon sortit de la poche intérieur de sa veste un de ces vieux pistolet, et, au même instant, les deux agents secrets le menacèrent chacun avec une arme à feu beaucoup plus moderne.  

- Oh, on s'est renforcé, à ce que je vois. Mais, peut-on modifier le destin? Mon destin? C'est ce que nous allons voir!  

La bataille s'engageait alors, entre deux agents secrets britanniques très très spéciaux, et un Napoléon français très très ambitieux...