"C'est encore trop tôt pour emménager ensemble", "Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de me présenter tes parents", "Mon nom de famille ? A quoi ça te servirait de le connaître ?". Angela Philips (Sabrina Sbrizi) avait entendu toutes sortes d'excuses de la part des hommes avec qui elle était sortie dans sa vie, pour éviter tout engagement. C'est bien simple, elle avait fini par avoir une théorie sur eux : ils ne savent que dire non à tout, à partir du moment où ça les engage ne serait-ce qu'un tout petit peu dans une relation. Elle avait bien songé à virer lesbienne, comme sa meilleure amie Ginger (Kara Milovy), mais brouter le gazon, ça ne l'avait jamais tentée. Non, c'était d'un homme dont elle avait besoin, mais comment faire dans ce monde où tous ne savent que dire non ?  

Employée par un magazine de mode gérardmerveilleux, Angela était pourtant loin d'être une femme repoussante. Au contraire, elle n'avait jamais eut trop de difficultés à se trouver un homme. Mais si elle savait en trouver aussi facilement que de nouvelles chaussures ou un nouveau chemisier, les garder, c'était une autre paire de manche. Soit elle n'attirait que des types pas encore réellement sortis de leur adolescence, et qui préféraient ne jamais s'engager, soit c'était elle qui inconsciemment n'était attirée que par ces types avec qui elle n'avait aucune chance de voir sa relation évoluer. Dans tous les cas, elle était convaincue que le problème venait d'elle. Dépitée, elle ne savait donc plus quoi faire pour se sortir de cette situation. Alors lorsque Ginger l'invita à sortir avec elle et ses copines au Sergiot Club, le club gay friendly le plus célèbre de Cinéjeu Island, elle ne se trouva pas la force de refuser. Après tout, qu'est-ce qu'elle risquait, d'être draguée par une cliente de la boite ? Il y avait pire.  

Voilà donc comment elle s'était retrouvée embarquée avec sa meilleure amie ce samedi soir là, vêtue de sa plus belle robe, pour une soirée que Ginger lui promettait mémorable. Et pour l'illustrer, celle-ci n'hésitait pas à lui faire avec humour des allusions plus graveleuses les unes que les autres sur les relations entre femmes. La musique dans la boite de nuit était assourdissante. Il y avait là quantité d'hommes et de femmes, tous plus beaux les uns que les autres, qui se dandinaient sur la scène, les uns contre les autres. La seule différence ici était que les couples n'étaient pas mixtes. Embarquée sur la piste par ses amies, elle se sentit rapidement mal à l'aise au milieu de toutes ces femmes dont certaines la dévoraient des yeux. Elle laissa alors Ginger et ses amies et fila droit vers le bar, qui serait le meilleur endroit ce soir-là pour oublier ses soucis. Et au moins ici, elle n'allait pas être dérangée par un type qui n'en voulait qu'à son cul, et n'envisageait aucunement d'aller plus loin que son lit. Dans la musique assourdissante, elle commanda un martini, ça l'aiderait à patienter jusqu'à la fin de la soirée.  

Pourquoi Luke (Logan Horowitz) ne savait-il jamais dire non ? "T'es trop bon !", voilà ce qu'on lui disait sans arrêt. Mais ne dit-on pas aussi "Trop bon, trop con ?" Toujours est-il que depuis toujours, Luke n'avait jamais rien su refuser, à personne. Quoi qu'on lui demande, quel que soit le service, il n'osait jamais dire non. Il ne comptait plus l'argent qu'il avait prêté, et qu'on devait lui rendre, un jour. Et dès qu'il sortait avec des potes, c'était toujours lui qui prenait sa bagnole.  

Mais cette fois-ci, il ne comprenait même pas comment il avait pu accepter de rendre ce service. A la demande de son patron, Luke avait accepté de rencontrer un futur gros client de leur société, dans le Sergiot Club. Le fait qu'il donne rendez-vous dans cet endroit était pour le moins étrange, et le bon sens aurait du pousser Luke a refuser de rencontrer le client de cette manière. Mais il ne savait pas dire non... Assis à une table avec ce Ryan Richardson (David Ponthieux), un as de l'informatique que son patron espérait convaincre de bosser avec eux, Luke restait muet, ne savant pas quoi dire dans pareille situation. Devait-il causer boulot ? Au lieu de dire une bêtise, il se contentait donc de bouger bêtement au rythme de la musique, assis sur son fauteuil.  

Son verre étant vide, le jeune homme trouva une excuse pour s'éclypser un instant, et fila vers le bar. Décidément, cette soirée était vraiment trop étrange pour lui. L'ambiance de la boite de nuit le mettait mal à l'aise, et le regard de ce Ryan, qui le déshabillait de la tête aux pieds, n'arrangeait pas la situation. Arrivé au bar, il commanda une nouvelle vodka, bien qu'il hésita à ne prendre qu'un jus de fruit, de peur qu'il ne s'ennivre trop et qu'il regrette le lendemain comment se déroulerait la fin de la soirée.  

Lorsqu'il fut servi, bien trop rapidement à son goût, Luke se résigna à retourner vers la table où l'attendait son client. Mais en se retournant, il fut heurté par l'épaule d'un client de la boite et renversa la totalité de son verre sur une jeune femme se tenant debout à côté de lui. Angela jura lorsque la vodka se répendit sur sa belle robe, qu'elle avait payée une fortune la semaine précédente. "Qu'est-ce qui te prend, toi ? Tu hais à ce point les femmes pour les asperger d'alcool ?", lui balança-t-elle furieuse.  

Luke ne parvint pas à lui répondre non. Il ne savait pas dire non. Pourtant intérieurement, il avait bien envie de la remettre en place, cette goudou. C'est bien simple, si son verre n'avait pas déjà été vide, elle aurait méritée qu'il le lui lance à la figure. Mais si Luke croyait être tombée sur une lesbienne chevronnée jetant son venin sur tous les hommes qu'elle croyait, Angela aussi se trompait sur la situation du jeune homme. Et ils ne se doutaient pas encore que leur rencontre n'allait pas s'arrêter là. Or Angela ne se doutait pas qu'un homme ne savant pas dire non était peut-être pire encore qu'un homme qui le disait toujours, et qu'alors qu'elle cherchait à trouver le moyen de garder un homme, elle allait au contraire avoir bien du mal à se débarasser de celui-là...