La pluie se déverse en continu sur Paris, la capitale de la France. Elle bat férocement le pavé, renvoie les gens chez eux, les décourageant à sortir. Pourtant, les filles sont belles et bien là, s'abritant comme elles le pouvaient, sur le perron des maisons. Les filles de joie n'attendent que quelque client téméraire ou infidèle, pour rapporter l'argent désiré. Une sale journée ordinaire pour ces «sales» personnes de la société, ces éternelles rejetées, condamnée à donner leur corps de nombreuses années encore. Sophie (Margot Broughton) ne tient plus en place. Il n'y a personne à l'horizon, à cause de ce temps morose et décourageant. Elle s'en va, rentre chez elle, sous les miteux toits, la pluie trempant ses légers vêtements sensuels. Elle trébuche, se relève, et aperçoit un petit papier sur le sol, trempé, lui aussi. Sophie le ramasse délicatement, de peur de l’abîmer. Elle commence alors à le lire sans savoir qu'il va bientôt changer sa vie.  

Quelques mois plus tard...  

Le chant envoûtant des violons retentissait loin dans une de ces folles nuits parisiennes. Là, dans ce grand immeuble particulier richement décoré, les gens dansent, rient, plaisantent...Toute la bourgeoisie se détend, oubliant les quelques soucis mineurs de la vie. Les coupes de champagnes pleines à ras bord volent sur les plateaux des serveurs; ceux qui ont vidé leur flûte se joignent à la mélodie des violons. Le tout Paris était réuni ici, dans une de ces soirées si faste qu'elle en devenait ennuyeuse, prévisible.  

Au milieu de tous ces belles et riches personnes, Sophie passait inaperçue. Bien des choses avaient changés depuis la dernière fois. Le Comte Henriac (Alan Pover), qui organisait la fête, l'invita à danser. Sophie se laissa entraîner, à la fois par ce vieux Comte et par la musique.  

En quelques mois, Sophie était passée de prostituée à bourgeoise respectée. Un grand fossé séparait ces deux statuts. Ce fossé, c'était ce fameux billet qu'elle avait trouvé, un soir où elle attendait, sous la pluie ruisselante, le moment où elle pourrait enfin accomplir sa bestiale besogne. Ce papier s'était révélé être un billet à ordre. Sophie ne connaissait que trop bien ce genre de monnaie pour s'être fait payée avec de nombreuses fois pour «services rendus». Mais elle n'avait pas l'habitude de voir inscrit dessus la modique somme de dix millions de francs.  

Sophie avait couru à la banque la plus proche dès le lendemain. Elle porta le billet au guichet. L'homme, intrigué par le fait qu'une femme si vulgaire porte un billet si précieux fronça bien un peu les sourcils démesurés qu'il avait, mais il ne posa pas de questions compromettantes et donna une petite partie de ladite somme à Sophie, mettant le reste sur son compte.  

Sophie ne savait pas qui était ce Monsieur G.Delante, ni à qui était destiné tout cet argent, mais elle le remerciait bien d'avoir fait tomber son papier.  

- C'est elle! Je suis sûr que c'est elle!  

- Moins fort, ta femme pourrait t'entendre!  

Le commissaire de Police Rougelot (Derek Weiner) était au bal, lui aussi. Il avait passé son temps à observer ce qui constituait son éternelle faiblesse: les femmes, ces êtres si chairs et fatals. Alors que sa femme dansait avec le Préfet, Rougelot pensait avoir désormais repérer une proie qu'il connaissait déjà: Sophie. Il était sûr qu'elle avait déjà eu affaire à lui...C'était une honte qu'une prostituée se balade librement et dignement dans un bal de cette classe! Rougelot se dirigea vers elle, déterminer à faire sortir d'ici cette «vermine». Il n'hésita même pas quand il vit s'illuminer le visage de celle qu'il allait détruire quelques instants plus tard.  

Le mal était fait. La salle se moquait. Le Comte se laisser aller à des plaisanteries faciles autant que grossières. Sophie était humiliée. Détruite. En larmes, elle quitta la salle qui lui lançait toutes sortes d'injures qui ne témoignait pas de l'appartenance de ces bons gens là à cette caste si haute pour eux. Qu'avait-elle donc fait pour mériter pareil traitement? Peu de chose, il est vrai. Les hommes qui il y a peu encore l'encensait lui hurlaient qu'avec des traits si grossiers comme cela, elle ne pouvait être que prostituée.  

Sophie était sortie, dehors. Elle s'était assise dans la rue, sur les marches marbrées de l'immeuble duquel elle venait de se faire jeter comme une malpropre. Elle pleurait, pleurait, ses chaudes larmes venant couler sur ses joues rosies par une honte illégitime. Pourtant, elle sentait qu'autre chose d'humide tombait sur elle: la pluie. La pluie qui ruisselait, de nouveau, comme à l'ancien temps. Comme à l'ancien temps, des pas affamés se rapprochaient d'elle. Sophie releva la tête et aperçu quelqu'un (Vincent Horner) qu'elle ne connaissait pas.  

- Sophie...Je n'aurais jamais cru que ce billet serait tombé entre tes mains, ma petite. Mais, soit. Tu a une dette envers moi. Une de plus.  

Pour une prostituée, l'ascension sociale est rapide; la chute, elle, d'autant plus douloureuse et infinie encore.