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Loupieau Production France présente
Déchus

Le ciel grondait sourdement, laissant s'abattre sur ce sol herbu de grosses goutes humides de pluie, et couvrant le bruit désagréable et guerrier des lourdes armes qui s'entrechoquaient sur le champ de bataille. Parfois, la terre tremblait : un homme était tombé, mort. Alors, la clameur redoublait. Ce combat durait depuis des heures entières sous cette pluie battante. Soudain, une archère embusquée toucha sa cible en plein cœur. Puis, un hallebardier trancha la tête de son adversaire, tandis que dans le même temps, un chevalier enfonçait sa lourde épée dans le thorax d'un soldat. Devant ces assauts inattendu et violent auxquels il n'était pas préparé, l'ennemi préféra prendre la fuite. La bataille était gagnée. Tous se retournèrent alors vers les trois compères, et se livrèrent alors à des scènes de liesse.  

 

Alain et Augustin se trouvaient là depuis des heures. Assis à la table crasseuse de leur pauvre maison, ils buvaient un alcool répugnant qui leur faisait oublier. Augustin s’apprêtait à porter de nouveau à ses lèvres la chope puante, quand la porte s'ouvrit à la volée. Nullement inquiets, les deux hommes regardaient la femme qui se tenait dans l'encadrement de la porte. Elle s'avança, après avoir refermé la porte sur elle.  

- Tenez, voici ce que je rapporte, bande d'ivrognes !  

Son ton, grave, était néanmoins teinté d'un humour certain et d'affection envers les deux hommes. Elle jeta sur la table le gibier qu'elle portait sur ses frêles épaules. Voyant que les deux autres ne réagissaient pas, elle rajouta.  

- Plus rien ne sera comme avant, vous le savez.  

- Oui. A cause de ce roi auquel tu viens de prendre « son » gibier.  

- Oui, c'est ça. C'est à cause de cette ordure que nous sommes ce que nous sommes.  

 

Les souvenirs fusaient dans la pièce. Chacun revisionnait dans sa tête, avec émotion, ces moments de gloire communs qui appartenaient désormais à leur passé. Car il faut beaucoup de temps pour bâtir et peu pour démolir.  

Anne le savait bien. Pendant longtemps, elle avait été l'archère la plus douée du royaume de France. Elle avait mis sa vie en danger pour la couronne, elle avait tiré, touché, vaincu mille ennemis...Et c'était comme cela qu'on la remerciait. Le roi l'avait tout simplement renvoyée de l'armée, sous prétexte budgétaire. Elle venait alors juste de gagner une bataille décisive. Anne était l'intelligence.  

Alain était le plus expérimenté du groupe condamné à finir son existence dans la chaleur de l'alcool et des larmes. Le hallebardier, c'était lui. Il était venu à bout de milliers d'assaillants féroces. Lui aussi avait été renvoyé. Alain était la force.  

Augustin était le plus jeune des trois compères. Issu d'une famille paysanne, il avait réussi à s'échapper, pour servir son roi. Il était alors le chevalier du groupe, craint, redouté, et diablement efficace. Renvoyé en 1369, comme les autres. Augustin était le courage.  

 

Chacun se souvenait aussi qu'après la gloire, la chute fut bien douloureuse. L'on faisait croire dans tous le pays que c'était eux qui ne voulaient plus servir leur patrie. Malgré qu'ils nièrent tous toujours ces choses, la population, qui, autrefois, les adulait, les détestait plus que tout autre chose désormais. Ils ne pouvaient plus sortir de chez eux sans risquer de se faire lyncher par un bête paysan.  

Depuis, ils vivaient donc terrés dans cette humble chaumière, à attendre en buvant que l'interminable jour se finisse enfin afin que commence le suivant.  

Alain s'empara alors soudainement d'un sale bout de parchemin mouillé posé sur la table que personne n'avait remarqué.  

- Qu'est-ce donc ?  

- Lis.  

Le parchemin, encore placardé il y a peu sur un mur de la ville, annonçait la proche visite du roi à ses sujets. Anne reprit :  

- J'ai trouvé ça tout à l'heure. Je pense qu'il est grand temps de reprendre du service...  

 

Les armures étaient bien un peu rouillées, l'épée et la hallebarde un peu grinçantes, et l'arc un peu rigide, après ces 16 mois d’inutilité, mais les ressortir était tellement plaisant. Bien moins que la perspective de les utiliser, certes. Anne, Alain et Augustin était surmotivés par l'idée de se venger définitivement de ce roi fourbe et mesquin. Ils projetaient de l'assassiner ensemble. Certes, après s’être échapper, ils pourraient difficilement mener une existence simple et heureuse, mais au moins, ils seraient vengés. Anne avait échafaudé le plan en quelques heures seulement, le temps d'analyser chaque idée et de ne conserver que la meilleure. Alain et Augustin devraient se charger d'attaquer violemment et par surprise la garde rapprochée du roi. Ceci, afin de dégager la voie à Anne qui pourrait alors tirer sa flèche mortelle dans la poitrine du souverain. Après, ils profiteraient du désordre ambiant et de leur connaissance de la ville et de ses nombreuses ruelles et fréquents dédales pour fuir. L'assassinat devait avoir lieu dans une semaine.  

 

La veille de la venue du roi en ville, une femme seule vint frapper à la porte des comploteurs. C'était Yvonne, la seule qui semblait encore les soutenir ici. Elle, d'habitude joyeuse, arborait la mine triste et sombre des mauvais jours. Un mauvais pressentiment envahit les trois amis.  

- Que se passe-t-il ?  

- Le roi sait. L'armée est en route.  

- L'armée ?!!  

- Oui. Environ cent homme arrivent. Fuyez, avant qu'il ne soit trop tard !  

Effrayés par la situation tragique, Anne, Augustin et Alain, après avoir pris leurs armes, sortirent de leur maison.  

Pour eux, il n'était pas question d'abandonner. S'il fallait combattre l'armée, ils le feraient. Mais il fallait tuer ce roi traître à tout prix.  

Scénario : (1 commentaire)
une série A d'action de Aileen Chaplure

Nicholas Julyan

Lisa Clausen

Salomon Kondor

Abella Lauber
Musique par Ira Clements
Sorti le 25 février 2023 (Semaine 947)
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