Participe au concours "Tous égaux !".  

La pluie martelait les pavés depuis plus d'une demi-heure. Le vent frais d'Ouest commençait à se lever, venant chatouiller les vitrines des beaux magasins. Les passants désertaient peu à peu la grande rue piétonne du centre-ville Art Deco, fuyant cette eau tombée du ciel. C'est alors qu'un homme arriva brusquement d'une petite ruelle alentour et s'engouffra dans cette rue. Il forçait le pas, les mains dans les poches et le crâne couvert d'un chapeau de feutre sombre. On aurait dit qu'il ne voulait pas être reconnu. Ni vu. Il se fondait parfaitement dans le paysage gris et triste, se mouvant avec aisance et rapidité lorsque son regard fut attiré par une grande demeure.  

Alan (Alan Pover) s'approcha lentement de la maison, regardant toujours furtivement derrière. Il n'était toujours pas suivi. Il grimpa sur le perron, puis, après s'être soigneusement essuyé les pieds sur le paillasson, il poussa les lourds battants de fer de la porte d'entrée et, sans attendre, entra.  

La maison était aussi belle et vaste à l'intérieur qu'elle le laissait deviner de l'extérieur. C'était le règne des tentures rouge sang, des dorures, des miroirs énormes et des tableaux. Le bruit de quelqu'un descendant les escaliers de marbre arracha Alan à la contemplation des lieux. Mme Violeta de la Torre (Lola Azul) était là. D'un geste du bout du doigt, elle invita Alan à le suivre. Ce dernier se laissa entraîné par celle qui portait une magnifique robe écarlate. Une fois assis dans le salon, tout pouvait commencer.  

Bien des mois plus tard...  

Tout était bien calme à côté de cette humble maison de briques rouges. Il fallait dire aussi qu'il était à peine six heures du matin, un dimanche d'automne. Il n'y avait aucun son autre que le bruit du vent, aucun mouvement, aucune lumière autre que celle projetée par les phares d'une voiture de police garée juste devant la maison.  

- Allez, allez, on y va!  

Une huitaine de policiers en uniforme se ruèrent le plus silencieusement possible à l'assaut de l'humble demeure. Ils enfoncèrent la porte et se précipitèrent à l'intérieur. Deux flics montèrent à l'étage.  

- Ne bougez pas!  

L'homme obtempéra. Il leva les mains au ciel, et se laissa faire. Il ne voulait vraisemblablement pas risquer sa vie. Tout ce petit monde sortit et on embarqua l'interpellé. Le commissariat n'était plus très loin, tandis que la curiosité matinale des gens était belle et bien éveillée.  

L'homme somnolait, affalé sur la table d'interrogatoire, quand un flic (Derek Weiner) y pénétra et releva la tête d'Alan.  

- Monsieur Alan Pierson...Vous voilà enfin...Depuis le temps que je vous cherchais...  

- Pierre Jourdain, je présume?  

- Co...Comment savez-vous?  

- Peut importe.  

Le flic était un peu déboussolé, mais il reprit bien vite du poil de la bête. Ce type en face de lui avait trahi son pays, sa patrie. Il avait marchandé avec une riche espagnole et lui avait vendu l'arme qu'il avait conçu. Une arme capable d'accomplir les ravages les plus destructeurs, une arme capable de détruire toute une civilisation. Lui, un français.  

- Pourquoi avez-vous fait ça?  

- Pour l'argent.  

Pierre ne voulait plus savoir qu'une seule chose désormais: qui possédait l'arme. Ensuite, on pourrait utiliser les bonnes vieilles méthodes de tout bons services secrets, à savoir, la torture, puis, l’exécution sommaire.  

- Qui?  

- Violeta Isabel Maria Ana de la Torre y Alcacer.  

Pierre jubilait. Cette salope allait pouvoir enfin être attrapée, et l'arme, récupérée.  

- Sachez juste une chose, Jourdain. A la fin, c'est toujours moi qui gagne.  

Comme par magie, Alan disparut alors de sa chaise. On eut beau chercher et fouiller tout le commissariat, il fallait bien se rendre à l'évidence: Alan avait filé.  

Il pleuvait encore, à croire qu'il ne pouvait pas faire un autre temps. Les immeubles de pierre luxueusement taillés dominaient la rue, la cité. Un homme passa dans la rue, la tête recouverte d'un chapeau. Le pas vif, il savait là où il allait. Il ne s'arrêtait pas, ne jetait pas le moindre coup d’œil aux vitrines richement décorées à l'approche de Noël. Il ne regardait pas même derrière lui, cette fois-ci. Il n'avait plus le temps. Il s'approcha de la même maison que la dernière fois, et, patienta quelques instants avant d'entrer, le temps de reprendre son souffle. Il savait qu'il ne trouverait pas Isabel, morte depuis deux mois, mais sa sœur Sofia (Renee Tilford). Il entra enfin, avec pour seul objectif de récupérer l'arme. Et, comme il l'avait si bien dit à ces policiers entêtés, à la fin, il gagnerait. Car Alan était un mage. La lutte inégale pouvait commencer pour l'homme au chapeau de feutre sombre....