En découvrant qui était chargé de son interrogatoire, lorsque s'ouvrit la porte de la pièce où il attendait assis sur une chaise et les poignets menottés depuis bientôt une heure, Mark Reed (Marc Cassel) ne put s'empêcher de sourire face à l'ironie de la situation. Aurait-il pu tomber pire qu'avec Leland ? Il en doutait, tant les deux hommes se détestaient mutuellement depuis toujours. Ned Leland (Dick Revolutionnary) était un de ces hommes aux dents longues qui n'avait jamais bossé que dans les bureaux et n'avait aucune idée de la réalité du terrain. Ceci ne l'avait jamais empêché de toujours trouver à redire sur les missions des agents tels que Mark, histoire de se faire mousser auprès de ses supérieurs, mais si tout le monde s'était toujours tu face à lui, Mark Reed avait fini par oser le remettre à sa place devant leur patron, et depuis ce jour Ned attendait patiemment l'heure de sa vengeance. C'est la raison pour laquelle se retrouver là face à Mark Reed lui procurait sans aucun doute un plaisir tout particulier, un plaisir qu'il ne cherchait même pas à cacher à en juger par le sourire qu'il affichait ouvertement.  

L'homme s'avança vers Mark, et posa un dossier sur l'unique table se trouvant au milieu de la pièce d'interrogatoire. Préférant rester debout, pour dominer son interlocuteur, il s'appuya des deux mains sur le bord de la table, et ouvrit le dossier pour en sortir quelques photos qu'il étala sous les yeux de Reed, des photos montrant le vice-président Taïwanais mort. Jetant un regard rapide sur chacune des photos, l'agent de terrain releva ensuite les yeux sans faire l'honneur à son interlocuteur de le regarder, et attendit qu'on l'interroge. Il savait trop bien ce qui était arrivé au vice-président de Taïwan. A présent, Mark Reed souhaitait entendre clairement de quoi on l'accusait.  

"Pour le compte de qui travailles-tu ?" La question de Ned Leland, qui vint rompre le lourd silence qui régnait dans la pièce, tomba brutalement. Mais Reed savait de quoi on l'accusait, et ne broncha pas. Au contraire, fixant toujours le miroire sans teint droit devant lui, comme s'adressant aux hommes qui observaient l'interrogatoire depuis l'autre côté, il répondit sans accorder aucun égard à son interrogateur, avec un ton calme et posé : "Pour le gouvernement américain."  

Se glissant dans un conduit d'aération, équipé de son matériel d'infiltration, Mark Reed avança jusqu'à l'ouverture donnant sur la cage de l'ascenseur de la tour où se trouvaient les bureaux dans lesquels il devait s'infiltrer. Lorsqu'il fut arrivé à celle-ci, l'agent américain respira quelques instants, se préparant à l'étape suivante.  

Sur la piste d'un groupe terroriste chinois soupçonné de préparer un attentat qui risquait de déclencher une guerre au niveau mondial, l'agent secret avait découvert des éléments le faisant souçonner un riche patron taïwanais de financer ce groupe terroriste. Déterminé à découvrir si ses soupçons étaient avérés ou pas, ce qui pourrait faire considérablement avancer sa mission, Reed avait donc entrepris de s'infiltrer dans le bureau du patron de la "Ming Corporation" pour tenter d'y trouver des preuves plus probantes de son implication dans cette affaire. Or les locaux de sa société se trouvaient au quatre-vingt huitième étage de la la Tour 101, à Taipei, et étaient dotés d'un système de sécurité de haute technologie impossible à contourner.  

Mark Reed avait alors longtemps étudié la configuration des lieux, et avait fini par découvrir une faille dans cette sécurité. Car les locaux de la "Ming Corporation" étaient situés contre la chambre spéciale où se trouvait l'énorme boule de 680 tonnes qui assurait la stabilité de l'immense tour contre les tremblements de terre, et une trappe permettant d'accéder en cas de souci à cette chambre, était totalement déconnectée du système de sécurité des bureaux. La seule manière de pouvoir entrer chez "Ming Corporation" sans se faire repérer était donc de le faire depuis cette chambre. Et pour y accéder, l'agent comptait se glisser par un conduit d'aération accessible depuis la cage de l'ascenseur de l'immeuble, qui menait droit à la chambre de la boule. S'étant arrangé pour se faire enfermer de nuit, à l'insu de la sécurité, dans les locaux d'une petite société située quelques étages plus bas, Reed avait attendu quelques heures que la nuit tombe avant de se glisser dans les conduits d'aération. Ayant à présent atteint la cage de l'ascenseur, il savait que le moment qui allait suivre serait déterminant pour la réussite de sa mission. Car si l'ascenseur de la tour, capable de grimper 89 étages en 37 secondes, était déclenché alors qu'il entreprenait l'ascension de la cage, Reed devinait dans quel état il finirait lorsqu'il entrerait en contact avec la cabine.  

Equipé de matériel lui permettant de se hisser le long des cables d'acier de l'ascenseur, Mark Reed se lança enfin, déterminé à effectuer cette ascension le plus rapidement possible. Après quelques minutes d'effort et de sueurs froides, l'agent atteint enfin le conduit par lequel il put se glisser dans la chambre de la boule. Mais son travail était encore loin d'être fini, et allait encore être particulièrement minutieux. Car le tout à présent était d'atteindre la trappe, par laquelle il accèderait aux bureaux de la "Ming Corporation", sans toucher la boule stabilisatrice de l'immeuble. Sans ça, il risquait de déséquilibrer totalement la tour, qui au prochain tremblement de terre risquerait de s'écrouler sur elle-même.  

La réponse de Reed ne satisfit évidemment pas Leland. L'agent secret avait été découvert près du corps du vice-président, tenant dans la main l'arme avec laquelle avait été abattu l'homme politique à bout portant. La situation ne pouvait donc pas être plus claire, et à présent, ses supérieurs souhaitaient tout savoir des hommes pour qui Reed travaillait, ceux pour qui il avait trahi son pays.  

En l'état, tout ce que le gouvernement de Taïwan retenait était le fait qu'un agent américain avait abattu son vice-président. Et étant donné les accords qui étaient sur le point d'être signés entre la Chine et les Etats-Unis, on soupçonnait les américains d'avoir commandité ce meurtre pour gagner toute la confiance de la Chine, qui espérait tirer profit de la situation politique instable du pays pour reprendre le contrôle de Taïwan. Le Président américain avait donc exigé que l'on face au plus vite la lumière sur cette affaire, pour pouvoir donner une réponse au président taïwanais, et appaiser celui-ci.  

Malheureusement, Mark Reed n'avait aucune réponse à donner, aucune explication à la situation. Il avait été piégé, rien de plus, sans doute par ceux qu'il tentait justement d'arrêter au cours de sa mission, mais il n'avait aucune preuve pour le démontrer. A présent, l'agent secret se demandait si l'attentat qu'on lui avait demandé d'empêcher n'était pas en réalité une fausse piste, créée justement pour le mener où on voulait, et le piéger. Mais si Reed se savait dans une situation inconfortable, n'ayant aucune preuve pour étayer sa théorie, il savait d'autant plus qu'il serait difficile d'en convaincre son interlocuteur qu'il s'agissait de Ned, l'homme qui plus que quiconque souhaitait le voir tomber.  

Une fois à l'intérieur des locaux de la "Ming Corporation", Mark Reed se dirigea droit vers le bureau du directeur, dans lequel se trouvait le petit coffre-fort à l'intérieur duquel il espérait trouver les preuves pour lesquelles il avait fait tous ces efforts. Armé du matériel dernier cri en matière de perçage de coffre, Reed se mit rapidement au travail, et suivit les instructions données par Yên, un de ses contacts locals experte dans le domaine. Le mieux pour lui aurait été de pouvoir l'emmener avec lui, mais la jeune femme n'était pas entraînée pour les infiltrations du genre de celle qu'il venait d'effectuer, et la laisser l'accompagner aurait été prendre un trop gros risque, pour elle comme pour lui. Il ne pouvait donc pas mieux faire que de suivre les conseils de sa co-équipière qui lui indiquait dans son micro comment opérer.  

Le perçage d'un tel coffre prenait du temps, et il fallait pour y arriver beaucoup de patience. Dôté lui aussi d'un système de sécurité puissant, il était hors de question pour Reed de réduire à néant tous les efforts qu'il avait fait pour arriver jusque là. Eclairé par la simple lumière d'une lampe frontale, il s'affairait donc à son oeuvre, lorsqu'un bruit l'interrompit dans son travail. Cessant immédiatement tout ce qu'il faisait, Reed tendit l'oreille pour vérifier s'il avait ou pas rêvé. Lorsqu'il entendit à nouveau un mouvement près de lui, il était déjà trop tard, et l'agent s'écroula au sol, assommé par le violent coup qui s'abattit sur son crâne.  

Sommé de raconter toute son histoire depuis le début, Mark Reed hésitait encore à le faire réellement. Devait-il donner tous les détails à ses collègues ? Devait-il leur faire part de l'implication de Yên Xian (Courteney Campbell) dans sa mission ? La jeune femme faisait partie de ses contacts personnels, et n'était en aucun cas un agent. Il craignait qu'en révélant son implication, on l'accuse elle aussi de faire partie du complot ayant mené à la mort du vice-président.  

Mais n'avait-elle réllement rien à voir avec tout ça, comme le pensait Reed ? Car l'agent ne savait plus que penser de la situation. Il avait été piégé, c'était évident, mais qui pouvait avoir révélé ses plans à son ennemi ? L'agent secret commençait donc à douter lui-même de Yên. Elle était pourtant une amie de longue date, qu'il avait connue lors d'une précédente mission en Chine. Mais il avait déjà été trahi au cours de précédentes mission, notamment par Caterina en Italie, et savait qu'il ne fallait jamais faire totalement confiance à personne.  

Se sentant totalement impuissant face à la situation dans laquelle il se retrouvait, Mark Reed brûlait d'envie d'envoyer tous ses collègues se faire foutre et de tenter de s'enfuire pour faire lui-même la lumière sur toute cette histoire. Mais la situation dans laquelle il se trouvait l'en empêchait, pour le moment. Le mieux à faire était peut-être pour le moment de rester silencieux, et d'attendre une occasion de pouvoir se tirer de là.  

Reprenant conscience, Reed mit quelques instants à comprendre où il se trouvait. Dans ses derniers souvenirs, il se trouvait dans la Tour 101, en train de percer le coffre du patron de "Ming Corporation". Se redressant, il posa la main sur une arme, laissée à sa portée près de lui. L'endroit où il se trouvait ne ressemblait cependant en aucun cas aux bureaux situés au sommet de la tour de Taipei. Tout en se mettant debout, il posa la main sur l'arrière de son crâne, qui lui faisait attrocement mal, tandis que sa vue se précisait petit à petit. Il se trouvait dans une pièce sombre, sans savoir où. Cherchant un moyen d'éclairer la pièce, il trouva enfin un interrupteur et alluma la lumière, pour découvrir un corps au milieu de la pièce.  

Tenant dans sa main droite l'arme qu'il avait trouvée près de lui, l'agent secret comprit alors dans quel bourbier il venait de se mettre. Car malgré le sang dans lequel gisait le corps, et malgré le trou sur le côté du crâne de la victime, Reed n'eut aucune difficulté à l'identifier, son visage étant connu de tous. Car il s'agissait là du vice-président de Taïwan. Au moment même où l'agent comprenait ce qui lui arrivait, il entendit des bruit à l'extérieur de la pièce où il se trouvait. Une porte explosa alors, et plusieurs hommes déboulèrent, armés jusqu'aux dents, pointant leurs armes vers Reed.  

L'homme lâcha alors son arme et leva immédiatement les mains en signe de rédition, sachant que pour le moment la seule chose qu'il pouvait faire était de s'arranger pour rester en vie.  

Le téléphone portable d'Omen Thàn (Urs Andrews) sonna soudain, et le criminel décrocha, impatient de savoir si tout s'était déroulé comme prévu. Son plan avait été calculé au millimètre près, mais il savait également qu'il tenait à peu de chose, et qu'il pourrait être totalement remis en cause selon les évènements. Evidemment, il avait prévu différents plans de secours, pour arriver à ses fins quoi qu'il arrive, mais le mieux était de pouvoir s'en tenir au plan de départ. Sans ça, les choses pourraient s'avérer être plus difficiles à gérer.  

Mais très rapidement, un sourire satisfait se dessina sur le visage du criminel, lorsque son informateur lui indiqua que tout s'était déroulé comme prévu. Reed avait gardé le silence, malgré l'insistance de l'homme chargé de l'interroger. Il avait alors été transféré, et on s'était arrangé pour laisser à l'agent secret une possibilité de s'échapper. Mark Reed n'avait pas attendu d'avoir une seconde chance, et s'était jeté sur la première occasion de s'enfuire. A présent dans la nature, il était donc devenu l'ennemi public numéro un. L'ordre avait été donné de le capturer mort ou vif.  

Omen Thàn raccrocha alors, puis appela immédiatement Mina Deng (Lily Vinding), un de ses meilleurs élément infiltré dans les services secrets chinois. Elle avait pour mission d'abattre l'agent américain, pour mettre ainsi un terme à l'unique piste en la possession de leurs ennemis pour remonter jusqu'aux véritables tueurs du vice-président. Une fois Reed mort, plus rien ne pourrait venir contredir la théorie du complot des USA et de la Chine contre Taïwan.  

Ce ne serait alors que le commencement d'un plan imaginé par Thàn.