Une longue étendue blanche, glacée, recouvrait les alentours. Il n'y avait rien: pas une maison, pas une personne, pas même un arbre robuste ni un animal égaré. Rien. Tout était recouvert d'un épais manteau neigeux, apaisant. C'était comme si rien n'avait bougé, que, depuis des siècles, tout était au même endroit, au millimètre près. On avait beau sillonné ces vastes environs, l'on ne trouvait rien d'autre que de la neige. Quoi? Quelqu'un aperçoit une tâche sombre au loin? Une sorte d'oasis au milieu de ce désert? Oui. Et, après s'en être approché et y avoir bien regardé, il semblait désormais indéniable que cette tâche était du sang.  

Pourtant, il n'y avait aucune trace de pas, à côté. Et puis, le sang ne tombe pas du ciel, n'est-ce pas? Mais le fait est qu'il était bien là. La police s'était rendue sur les lieux. Ils avaient prélevé des échantillons de cette tâche qui gâchait le paysage. Pris des photos sous tous les angles, aussi. Et, la seule chose que l'on put apprendre, et encore, par le biais des journaux, c'était que le sang appartenait à un dénommé Frank London (Howard Kwiat). Ce dernier était introuvable à son domicile. Ce fut donc pourquoi toute la population du petit village où ce monsieur résidait se permettait de croire que Frank était mort.  

Certains demandaient aux policiers en charge de l'enquête de trouver le coupable. On leur répondait qu'on ne savait même pas s'il y avait eu un meurtre. La vie reprit son cours normal, bien que de plus en plus effréné à l'approche des fêtes de fin d'année tant attendues. Jusqu'au jours où, par hasard, un chasseur du nom de Mike Cobrandt trouva dans les bois le corps sans vie d'un jeune, dont la description physique correspondait, comme par hasard, à celle de Frank. Plus tard dans la nuit, la police confirma le décès de Frank. Et, par ailleurs, elle nous en apprit un peu plus sur sa mort: le gars avait été assassiné.  

- Vous êtes bien la mère de Frank London? Madame, je suis au regret de vous annoncer que votre fils est mort. Assassiné.  

De l'autre côté du fil, la pauvre mère (Marie Alborth) veuve de son enfant pleurait à grosses larmes.  

Albert van den Fauthen (Vincent Horner) était considéré depuis toujours comme l'étranger de ce village du bout du monde. Tout le monde était anglais, lui demeurait un hollandais convaincu. En cette froide nuit d'hiver comme l'on ne peut en voir que dans cet endroit communément appelé le Grand Nord, Albert était seul, comme d'habitude. Il vivait d'ailleurs seul depuis voilà maintenant plus de dix ans et la séparation avec sa femme. Il avait alors tout quitté pour venir ici: femme, mais aussi enfants, pays, famille...Ce soir, il ruminait ses sombres pensées qui s'accumulaient dans sa tête depuis plus d'une semaine. Depuis la découverte du cadavre de Frank, à dire vrai.  

Shannon London vivait là l'un des plus pénibles moments de sa vie. L'annonce de la mort de son fils qu'elle avait tant aimé avait été pour elle un véritable cataclysme. Cela faisait maintenant trois heure qu'elle était là, assise dans son canapé, l'album photos grand ouvert sur ses genoux. Trois heures qu'elle repensait aux souvenirs qu'elle partageait avec Frank, qu'elle revoyait en boucle les mêmes photos où sont fils apparaissait tour à tour souriant, penaud, ou encore, fier. Il apparaissait surtout vivant. Shannon se leva. Elle ne pouvait pas rester là, à rien faire. Surtout depuis qu'elle savait qu'il avait été assassiné. Elle se mit alors en tête de retrouver l'assassin avant la police. Elle prit son manteau et sortit dans la nuit glaciale.  

Ce soir, il sortait. Il en avait assez de ses pensées qui lui pourrissaient la vie. Albert pensait qu'une petite balade nocturne dans la neige fraîche l'aiderait à se sentir bien mieux. Il poussa la porte de sa maison, sortit, puis la referma. A mesure qu'il marchait dans la rue sombrement éclairée, ses pas assourdis pas la neige fraîche qui continuait d'ailleurs à tomber sur le village, Albert ne pouvait s'empêcher d'éprouver la même sensation qui l'avait envahit la dernière fois. Il croisait les doigts pour ne tomber sur personne, ce soir. Question de vie ou de mort. Alors qu'il tournait à l'angle d'une rue, il eut la désagréable impression d’être épié. Il continua néanmoins sa route.  

Qui était cet homme qui se promenait seul dans les rues à cette heure aussi tardive. Que faisait-il là? Pourquoi semblait-il bizarre? Voilà autant de question qui trottaient dans la tête de Shannon. Intriguée et sentant qu'elle pourrait peut-être apprendre quelque chose ce soir, elle se décida à le suivre. A un coin de rue, elle dut se coller contre le mur, de peur d'être découverte. Finalement, elle put reprendre sa filature sans encombre. Mais suivre cet homme s'avéra une chose loin d'être passionnante. En effet, le pauvre hère errait dans les rues, hésitant à chaque coin de rue et donnant l'impression de ne pas savoir où aller. A un moment, elle failli décrocher et rentrer chez elle, où un bon feu l'attendait pour la réchauffer, dans l'âtre de la cheminée. Mais une rencontre la fit vite changer d'avis. Elle s'approcha un peu plus, puis se colla au mur, de telle façon à ne pas être visible.  

Albert n'avait désormais plus du tout l'impression d'être suivi. Du moins, il ne s'en souciait plus vraiment. Il avançait toujours lorsqu'une silhouette sombre sembla se dessiner devant lui. Il avança encore, jusqu'à arriver à hauteur d'une jeune fille blonde (Ezra Monet).  

- Bonjour, vous êtes jolie!, dit-il.  

- Bonjour.  

La fille s'éloignait déjà, tournant le dos à Albert.  

- Vous ne savez pas qui je suis?, reprit-il.  

- Non, répondit la fille qui s'était retourné face à Albert et semblait agacée par cet opportun.  

- Je vais vous le dire. Approchez. Encore, encore.  

Elle approcha timidement, ne sachant comment refuser. Albert se pencha alors vers elle, et lui murmura à l'oreille dans un souffle parfaitement audible.  

- Je suis un assassin.  

L'autre essaya alors de s'enfuir en courant. Albert sortit un long couteau de sa poche. Il le lança dans le dos de sa victime qui s'écroula. Calmement, il se dirigea vers le corps de cette fille. Il l'acheva alors, avant de récupérer son bien. Une nouvelle mare de sang salissait alors de nouveau le manteau neigeux. La blancheur était écarlate. Et Shannon se rua alors sur l'agresseur de son fils.