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Gérardmerveille, aujourd'hui.  

Carmen Ferango (Megan Andrews) est arrivée à Gérardmerveille le 1er janvier 2005. Dans quelques semaines, cela fera 7 000 jours qu'elle a posé le pied sur le tarmac de l'Aéroport International - un peu plus de 19 ans. Elle avait alors 8 ans et ses parents plein d'espoir.  

Elle était arrivée avec la famille du Burkina Faso pour y trouver une vie meilleure. Son père André - devenu Andrew (Steven Chaplure) était un romancier célèbre au pays. C'est d'ailleurs son éditeur qui l'avait amené à prendre une telle décision.  

Le Burkina Faso n'était pas une contrée en guerre : cette année-là, on célébrait même la première Présidentielle multipartite. Le "Pays des Hommes intègres", riche de ses milliers de villages, ce pays-là André ne voulait pas le quitter. Ils s'y sentaient tous bien mais l'éditeur avait su trouver les mots. Les arguments : la famille emménagerait dans une luxueuse villa du Quartier Torigny, les études de Carmen seraient intégralement financées d'avance et André avait reçu une très confortable avance pour son prochain opus.  

La petite fille vécut heureuse ; devenue adolescente puis femme, elle oublia le Burkina Faso et restait à Gérardmerveille. André faisait venir le reste de la famille. Son succès de librairie était amplifié par la considération qu'on lui portait et par les adaptations cinématographiques de ses oeuvres. Gérardmerveille était LA ville du cinéma sur l'île-continent.  

Devenue enseignante-chercheuse dans un domaine social à l'université, Carmen croisait un jour le regard d'un jeune étudiant en littérature, Brice (Lee Wong). Ils finissaient par sortir ensemble après s'être longtemps cherchés.  

Un soir, lors d'une conversation au milieu d'un parc, il lui apprenait son projet de partir pour l'Afrique sur la trace d'un homme : André Ferango.  

Elle lui sourit.  

"- Pourquoi partir sur ses 'traces' ? Il n'a pas disparu - tu sais qu'il vit ici depuis bientôt 20 ans !"  

Brice avait une autre théorie : le Andrew Ferango qui vivait à Gérardmerveille n'était pas le André Ferango qui avait écrit ses premiers ouvrages, là-bas. Ce n'était pas seulement quelqu'un d'autre - pas un imposteur car les ouvrages d'Andrew restaient remarquables et il avait éduqué ses enfants - mais un remplaçant. Pas un prête-nom (Brice reconnaissait au Andrew Ferango de Gérardmerveille un vrai talent), juste… quelqu'un d'autre.  

Ferango avait commencé à écrire bien avant la naissance de sa première fille. Le vrai André Ferango n'était pas celui qui avait éduqué Carmen ou ses soeurs. Il y avait un secret de famille caché derrière tout ça, et c'est parce qu'il l'aimait que Brice avait pris le risque d'en parler à son amie.  

Abasourdie par cette enquête (basée sur un recoupement d'informations pointu et l'étude stylistique de l'auteur), elle aurait pu croire Brice complètement fou ou bien tellement jaloux qu'il aurait inventé n'importe quel scandale pour nuire à son père. Mais ce n'était pas le genre du jeune homme, elle le savait.  

Le lendemain, piquée par la curiosité, elle contactait l'éditeur de son père. On lui passa le numéro de sa fille, Lilian (Maiween Peter Best) qui avait hérité des affaires de son paternel depuis que ce dernier avait pris sa retraite. Carmen lui demanda s'il était possible de récupérer les premiers manuscrits d'André, que ce dernier n'avait jamais récupérés. Elle avait même prévu un faux prétexte en cas de refus.  

Mais Lilian ne posa ni question ni condition : le papier pouvait bien lui revenir, l'oeuvre était protégée par le droit d'auteur et la maison d'édition tenait scrupuleusement à Ferango. On arrangea un rendez-vous rapide, auquel Brice se joignit.  

La maison d'édition de Ferango avait été récemment rachetée par un gros poisson des médias. Mais cette pépite n'avait pas changé et Lilian avait tout fait pour préserver le côté "small is beautiful" de l'entreprise. Le siège social en était une jolie maison de maître du centre historique, loin des buildings de verre et de métal de la maison-mère.  

Elle les attendait dans le grand salon, plusieurs classeurs et pochettes posées sur une grande table.  

Les manuscrits dataient d'avant la naissance de Carmen. Elle prit le plus ancien.  

Elle reconnut les mots de son père. Mais l'écriture était différente. Une écriture évolue au fil des ans, tout le monde le sait, tout en gardant des points de graphie communs.  

Mais là, ce n'était pas du tout la même écriture. C'était l'oeuvre de son père écrite par une main étrangère.  

A moins que son "père" lui-même eut été un étranger.  

*** "Film sur la création, la famille et l'héritage, '1 000 Semaines' est la première production des studios Risson Animation pour MMP. Le long-métrage de Clement Bates s'enorgueillit d'une technique d'animation classique mais spectaculaire : l'aquarelle sur cellos autour de compositions florales pour seules structures de ce que vous verrez à l'écran. Une expérience unique." (extrait du dossier de presse) ***  

(Script original)