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Loupieau Production France présente
La baguette du sourcier

Collaboration entre LPF et Risson Corp Animation. Affiche de RCA.  

 

Il se faisait tard en ce soir glacial d'hiver 1992. A travers les vitres embuées de l’hôpital, James (voix de Michael Charest) scrutait la rue de ses yeux bleus, se mettant sur la pointe des pieds pour voir tant bien que mal. Soudain, la porte de la chambre s'ouvrit et un infirmier en blouse blanche, immaculée comme la neige qui recouvrait la ville de son épais manteau dehors, sortit. Alors, James sentit une main se poser doucement sur son épaule puis l'attirer vers elle. Il se laissa faire, s'arrachant à la contemplation des flocons qui virevoltaient et pénétra dans la chambre, derrière sa mère (voix de Iris Levay). Là, il le vit: son grand-père (voix de Peter Jones) était allongé sur le lit, le teint encore plus pâle que d'habitude. James accourut, vers lui, monta un peu sur le lit surélevé et embrassa Aimé sur les joues.  

- Doucement, James, papi a besoin de repos.  

- Oh, tu sais Juliette, j'aurai bientôt le repos éternel...  

James était trop petit pour comprendre cette dernière allusion. Il n'y prêta aucune attention, trop content d'avoir retrouver son papi.  

En théorie, la visite ne devait durer que quelques minutes, vingt tout au plus, mais il s'écoula plus d'une heure sans qu'aucun membre du personnel soignant ne vienne interrompre la conversation passionnante de James et Aimé, seulement coupée parfois par Juliette qui s’inquiétait pour son père.  

A huit heures, un infirmier entra alors, priant James et sa mère de bien vouloir partir. Ils embrassèrent une dernière fois Aimé avant de partir. Mais Aimé avait glissé dans la poche de son petit-fils un bâton.  

- James...C'est ma baguette de sourcier. Elle n'a jamais marché avec moi, alors peut-être qu'avec toi...  

Puis, tous les trois se quittèrent, peut-être pour la dernière fois.  

 

Depuis trois jours qu'il avait reçu la baguette, James la tournait et la retournait dans tous les sens, pour découvrir son secret. Il lui chuchotait même des mots doux, sans aucun succès. Il fallait dire que la forme bizarre du bâton, un «y», l'intriguait. Il ne savait pas ce qu'était une baguette de sourcier. Ce jour-là, il jouait seul dans le jardin, emmitouflé dans son gros manteau d'hiver, quand sa mère ouvrit la porte-fenêtre du salon et vint s'asseoir à côté de lui, sur le rebord gelé du muret.  

- Ça ne va pas mon chou? Tu n'as même pas construit de bonhomme de neige...  

- Si maman, je m'amuse, tu sais. Avec ce bâton de bois. C'est une baguette de sourcier qu'il a dit papi.  

- Mais, oui, bien sûr, mon ange...  

Elle se redressa et le prit dans ses bras, lui claquant de gros bisous sur ses joues rosies par le froid. Puis, tous deux rentrèrent manger.  

 

Cette nuit, James ne dormit pas bien. Il ne pouvait s'empêcher, comme depuis maintenant trois jours, de penser à cette baguette, à l'aspect pourtant si vulgaire. Sa mère lui avait expliqué ce qu'était une baguette de sourcier, et il en avait été un peu déçu: il pensait trouver autre chose que de l'eau.  

C'était les vacances scolaires, mais le matin, il se leva malgré tout de très bonne heure. Il prit son bout de bois favori et sorti dehors, dans le jardin. Il s'accroupit alors, attendant que quelque chose se passe. Il lui paraissait que cela faisait maintenant des heures qu'il attendait là, assis dans la neige, à ne rien faire. Impression renforcée par le fait qu'il faisait très froid et qu'il était assez peu chaudement habillé. Mais bizarrement, il ne grelotait pas sous son léger pull. C'était irréel. Il aurait dû être transi de froid, mais ce n'était pas le cas. Bientôt trois heures qu'il attendait, et l'impatience commençait à l'envahir. De plus, il ne voulait pas être découvert par sa mère, qui rentrerait de son travail dans une bonne heure.  

 

A l'heure qu'il était, il aurait dû être mort depuis longtemps. Mais au contraire, James ne s'était jamais senti aussi bien, bien qu'un certain agacement l'agitait. «Foutu bâton!», pensait-il. Et puis, comme par miracle, une chose se produisit. Enfin. Une voix douce et féminine résonna à ses oreilles. Elle était envoûtante et magnifique. Elle était enfantine, aussi, et elle rappelait beaucoup à James la voix de sa sœur (voix de Lucy Wieczorek) aujourd'hui disparue, beaucoup trop tôt. Épouvanté, il jeta la baguette aussi loin que ses petits bras lui permettaient. Puis, il resta là, immobile, à pleurer silencieusement dans la neige. Il essayait de ne pas se laisser submerger par ses émotions, mais il craquait. Il se demandait si c'était à ça que servait la baguette. Il releva les yeux et, à sa plus grande surprise, il vit que la baguette était revenue à lui. Partagé, il la ramassa malgré tout, avec précaution, comme si la baguette pouvait lui brûler les os. Il la dévisagea alors avec intensité. La voix n'avait pas disparue. Elle s'éleva à nouveau et, comme si elle lisait dans les pensées de James, lui répondit:  

- Non, petit frère, elle ne sert pas à ça. Elle sert à vivre.  

Puis, la voix s'évanouit. A ce même moment, Juliette fit irruption dans le jardin. Elle était rentrée beaucoup plus tôt que prévu, que se passait-il? Elle donnait l'impression que des larmes avaient coulé le long de ses joues.  

- Papi est mort, lui annonça-t-elle.  

James s'effondra alors dans les bras de sa mère: il adorait son grand-père. Alors, délaissant la baguette, qui fut bientôt recouverte d'une épaisse couche de neige, il rentra se réchauffer le corps et l'âme à l'intérieur. Car désormais, il avait froid. Et il ne savait pas que la baguette permettait de rester en vie. Papi non plus, d'ailleurs...

Scénario : (3 commentaires)
une série B d'animation de Simon Nober

Michael Charest

Lucy Wieczorek

Peter Jones

Iris Levay
Musique par Frances Raven
Sorti le 15 janvier 2022 (Semaine 889)
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