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Loupieau Production France présente
Eglise Macabre

Ce soir, en cette petite église d'un petit village tchèque, tout était calme. En apparences du moins. Car les personnes s'y trouvant étaient quelques peu spéciales et s'adonnaient à quelques «petits plaisirs». Lukas (Max Jarre) se dirigeait vers eux.  

 

Il avait l'allure svelte bien qu'il était mince. Ses hautes épaules donnaient l'impression de ne pas pouvoir l'atteindre. Ses jambes ressemblaient à de solides piliers. Son visage était de type slave, les cheveux bruns et courts emmêlés. Le nez était légèrement bosselé, alors que ses paumettes étaient quelques peu creusées par la fatigue et les années, bien qu'il était encore jeune. Ses yeux étaient quant à eux d'un bleu presque blanc, renforçant le côté mystérieux du personnage. Lukas était simplement vêtu, un jean bleu et une ample chemise blanche. Son regard était impénétrable, bien qu'empreint d'une certaine tristesse. Lukas était un homme sain, de bonne conduite. Du moins, c'était l'impression qu'il donnait. Son visage était un masque. C'était là un être mystérieux, troublé et tourmenté.  

 

Il faisait nuit. La lune n'éclairait pas Lukas, qui marchait seul, dans la rue de ce sinistre quartier. La rue était sale, les maisons délabrées. Il tourna à l'angle de la rue. D'un pas pressé, il traversa le vieux square. Il dépassait les arbres morts,la végétation ténébreuse, qui, avec l'herbe haute et sèche, rendaient cet endroit on ne peut plus lugubre. Il arriva alors en vue d'une lourde de porte de bois, abîmée par les ans. Lukas ralentit et se retourna nerveusement: il n'était pas suivi. En cette nuit noire, l'église était bien inquiétante, avec les gargouilles et les statues, parfois défigurées, qui semblaient pendre au nez de Lukas, comme un avertissement. Il ouvrit doucement la porte, qui grinça, et pénétra silencieusement dans le lieu sacré.  

 

Il traversa lentement le chœur, sans jeter un seul regard aux corps inanimés gisant de chaque côté. Les chandelles éclairaient les vitraux, ce qui rendait le tout très sinistre. Mais Lukas ne semblait éprouver aucun sentiment, il restait de marbre face aux corps sans vie. Ses pas résonnèrent sur le carrelage froid comme la mort, jusqu'à ce qu'il atteignit la porte de la sacristie. Il frappa deux coups brefs, puis entra dans la pièce.  

 

Elle avait été réaménagée. On ne distinguait plus aucun signe religieux. Une grande table en bois massif trônait au milieu. Elle était entourée d'une dizaine de chaises simples et d'un confortable fauteuil central. Les murs étaient blancs, sobres, mais ne reflétaient absolument pas la vérité des lieux, ni le caractère des personnes s'y trouvant. Là, Lukas l'aperçut. Son père (Patrick Maidstone) se tenait en face de lui, assit dans le fauteuil, l'ombre obscurcissant son pâle visage. Il ressemblait beaucoup à Lukas, mais en plus large. Ses cheveux étaient grisés par les années, ébouriffés. Par moment, on pouvait voir sa tempe frémir sous la tension à peine perceptible qui l'agitait. Il semblait pouvoir contrôler ses nerfs, et que, la seconde d'après, il exploserait de rage. Ses yeux donnaient la désagréable sensation d'être fouillé aux rayons X. Le mystère était de famille, mais Pavel, s'était son nom, avait quelque chose en plus: il était intimidant, à la limite de l'arrogance.  

 

A ses côtés se tenait Maria (Tara Bregman), avec ses cheveux blonds tressés en couronne. Elle avait la stature haute et le regard méchant, hautain. Il y avait aussi Dragomir, Ivan, Aleksandar et Ana (Estelle Green). Quand Lukas ouvrit la porte, toute la petite bande avait tourné les yeux vers lui. Pavel, son père, lui sourit alors. On ne saurait trop dire ce que signifiait ce sourire. Lukas s'adressa alors à son père, d'une façon respectueuse mais qui se voulait également froide. Pavel, assit dans son siège de bois, au centre de la table, dominait l'assistance de son regard glacial. Il leva les yeux vers son fils, debout devant la porte d'entrée, avant de daigner l'écouter.  

 

- Père...  

- Lukas! Pourquoi as-tu révélé notre secret? Notre vie en dépend!, tonna Pavel.  

- Il m'a attaqué, je me suis défendu. C'est tout.  

- C'est tout? Sais-tu, mon très cher fils, combien de morts avons-nous sur les bras par ta faute?  

- Non. Mais il m'a attaqué. Je n'y peut rien. De toute façon, il avait des doutes sur moi.  

- Ce dont je ne doute pas, c'est que tu ais pris plaisir à le tuer!, lâcha son père.  

Tout le monde observait la scène de loin, n'osant pas intervenir. Les deux hommes étaient maintenant nez à nez, les yeux plongés dans ceux de l'autre. Au bout d'un certain temps que certains trouvaient interminable, Pavel se rassit, énervé, bientôt imité par son fils. L'assemblée attentive se rassit à son tour soulagée, et la conversation reprit.  

 

- Nos pouvoirs son découverts, continua Pavel. Si tout le monde prend conscience de notre différence, c'est la corde assurée. Je propose que...  

Il s’interrompit, dérangé par des bruits de pas. Il ouvrit la porte, et sous le regard médusé de ceux de la table, il frappa violemment le malheureux qui avait osé s'introduire ici. La pitié ne parcourait pas le moins du monde son regard glacial. Son sang-froid faisait peur à voir. Pavel semblait juste être inquiet de la tournure que prenait les évènements pour lui et les autres assis à la table.  

Le père et son fils restèrent là de longs instants, se dévisageant avec intensité, devant l'assistance pétrifiée qui redoutait l'issue de cette macabre soirée, mais qui en même temps, ne perdait pas une seule miette de cette dispute.  

 

Lukas n'était pas de mauvaise foi. Cet humain l'avait bel et bien attaqué. Quand il l'avait vu se ruer vers lui, couteau à la main, il n'avait pas pu se contrôler. Il le savait. Il ne lui avait pas laissé le choix. C'était lui ou cet homme. Et Lukas avait choisi. Il avait utilisé ses pouvoirs pour l'anéantir. Juste du regard, il l'avait frappé contre les murs. Mais d'un autre côté, son père avait raison. Il avait éprouvé une certaine satisfaction après cette...chose.  

Pavel, lui, ne décolérait pas. Son fils avait commis là une grave erreur, qui les compromettait tous. Si leurs pouvoirs étaient découverts, s'en serait fini d'eux. Personne n'accepterait cette différence. D'un autre côté, il voulait croire volontiers à la version «défensive» de son fils. Mais sa personnalité l'obligeait à faire le contraire.  

 

En fait, tous deux avaient à la fois tort et raison. Et tous deux ne voulaient pas l'admettre à quelqu'un d'autre qu'eux-mêmes. Chacun ne voulait pas montrer ses faiblesses à l'autre.  

Car pour Lukas, cela ressemblerait à la défaite finale face à son père. Il ne voulait à aucun moment perdre la face face à lui. Il voulait être comme lui: impassible, froid, grand. Il voulait prendre exemple puis le dépasser.  

Pour Pavel, il n'était pas question de lui monter ne serait-ce qu'une seule faiblesse, aussi petite soit-elle. Car c'était son fils et il ne devait pas grandir avec l'exemple d'un père faible et mou. Il était dur avec lui mais pour lui. Mais il pensait que le jour où il le surpasserait, lui serait déjà mort et enterré.  

 

Lukas et Pavel sortirent alors de leur torpeur et ce dernier reprit:  

- Ne nous attardons pas plus sur cette «affaire».  

- C'est toi qui la fait cette affaire!, répliqua Lukas.  

Pavel ne releva pas la remarque et continua comme si de rien n'était.  

- Mes amis, je ne vois qu'une chose à faire pour nous.  

- Pour toi! Tu ne penses qu'à toi depuis toujours!  

- Assez!  

 

Lukas et Pavel étaient de nouveau nez à nez, prêts à en découdre. Ana essaya de s'interposer pour calmer les deux hommes. Peine perdue. Pavel était hors de lui. Et malheureusement, ce fut Ana qui en fit les frais. Elle fut projetée en l'air sans que personne ne l'eut touché, et elle retomba lourdement sur la table. Lukas se précipita vers celle qui était son amie, pendant que Pavel, rageur, tournait le dos à la scène. Alors, il s'éleva brusquement dans les airs, volant à deux bons mètres du sol. Il reprit une énième fois la parole tout en fustigeant son fils du regard.  

- Bon, je vais enfin pouvoir finir... Cacher nos pouvoir ici est désormais impossible. Je ne vois qu'une solution: fuir.  

 

A ces mots, il joignit ses deux mains qui projetèrent alors d'ardentes flammes sur le plafond de l'église, qui s'embrasa. Vite, un trou se forma, par lequel certains passèrent, tandis que les autres traversaient les murs épais et encore froids. Pavel ne laissait donc pas le choix à son fils. Lukas sortit en dernier, déçu d'avoir perdu une bataille face à son père. Il jeta un dernier coup d’œil presque amusé à l’amoncellement de cadavres qui brûlait dans l'obscurité entêtante de la nuit et sortit enfin, rejoignant les autres, Ana y compris, bien qu'inconsciente. Il se vengerait de son père.  

 

Alors, en cette nuit noire, on put apercevoir dans le ciel quelques silhouettes qui volaient en direction d'un nouveau lieu encore inconnu, tandis que les habitants du village tchèque découvraient l'église en flammes. Ils pleuraient leurs morts, tandis que Pavel jubilait et que Lukas se morfondait. La fuite macabre ne faisait que commencer.  

Scénario : (2 commentaires)
une série A dramatique (fantastique et...macabre) de Amandine Calasse

Max Jarre

Tara Bregman

Patrick Maidstone

Estelle Green
Musique par Enya Kanno
Sorti le 15 mai 2021 (Semaine 854)
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