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MMP présente
Bathory

Hongrie, région de Cachtice dans les Carpates. 1662  

 

Cela faisait trois jours que le frère Guillaume (Blaise Atouva) arpentait les Carpates. Trois jours à grelotter en compagnie de son fidèle disciple Christian (Sam Boston). Trois jours à rechercher la contrée du Duc de Cachtice (Barry King), un être bien courageux au milieu de ces hordes d'infidèles, seul représentant du Seigneur parmi les barbares.  

 

Mais si le Duc s'était lui-même converti sur le tard, c'était autant pour bénéficier du trésor de guerre des états pontificaux que pour sceller quelque juteux contrats : la région était pauvre mais sa main-d'oeuvre pléthorique. Le Duc était ainsi versé dans la "fourniture" de travailleurs tout à fait prête à offrir un labeur pour peu qu'on le payât : tout valait mieux que ces terres hostiles et sur lesquelles les nuages des ombres du passé volaient encore très bas.  

 

Parmi ces nuages, celui de feu-Élisabeth Báthory était particulièrement lourd à porter. Décédée en 1614, cette Comtesse au passé trouble, à la famille disloquée et aux croyances fumeuses avait marqué les générations de son empreinte. D'ailleurs, malgré un château désolé et une haine viscérale que le peuple lui portait, on murmurait que cette cruelle femme, qui toute sa vie avait oeuvré à ne jamais vieillir, n'était pas vraiment disparue mais se dissimulait parmi eux.  

 

Des sornettes. Mais les hommes d'église avaient eux-mêmes payé un lourd tribut à cette femme. S'ils l'avaient faite "tomber", elle avait tout de même échappé au procès en sorcellerie qui l'attendait. La politique avait fait le reste.  

 

Les deux hommes étaient arrivés au sommet d'un piton rocheux. Guillaume suant comme un porc (il aimait trop les plaisirs de la vie, Dieu le lui rappelait sans cesse) et le bel éphèbe lui, plutôt frais. En contrebas se tenait le village de Chzerk et, surplombant ce dernier, l'imposant château du Duc.  

 

On les accueillit du mieux que l'on pût et ils partagèrent le confort spartiate du lieu. Ils eurent le privilège d'un bain à deux et d'un repas frugal mais chaud en ce début d'après-midi glacé et balayé par les vents. Le couple fut reçu par le Maître. On leur fit comprendre que c'était une faveur.  

Le Duc était heureux que la Cité Vaticane fut revenue à de meilleurs sentiments envers lui malgré son remariage : la vie n'avait pas été facile ces dernières années mais il représentait une sorte de rempart face à la barbarie, il le savait. Même s'il n'était qu'un pion géostratégique, il était un pion important et le savait  

 

Alors qu'ils conversaient, sa seconde épouse Maria (Gaëlle Wilson) fit une apparition remarquée. Remarquée par sa beauté glaciale et transfigurée, et par le Duc qui s'interrompit quelques instants pour lui glisser deux mots à l'oreille.  

Guillaume, malgré ses airs bonhommes et calmes n'était pas un imbécile que l'on dupait facilement. Comme de rares hommes de Foi de l'époque, il était instruit, érudit et hommes de lettres : Maria ressemblait à s'y méprendre à la gravure à l'eau forte de feu-Báthory qu'il avait eu l'occasion d'admirer dans la bibliothèque papale. Christian en aurait bavé de concupiscence s'il n'avait lui-même pas été aussi discipliné : lui n'avait jamais vu le visage de Báthory nulle part mais le visage de cette femme était à la fois divin et maléfique.  

 

Le restant de la journée fut consacré à la prière. Leur mission d'évangélisation devait commencer la semaine suivante par l'apprentissage de la Doctrine de la Foi à la fille du Duc, Marianne (Margot Broughton) issue d'une première couche et jeune rebelle qui n'était pas encore mariée à 22 ans, au grand désespoir de son père qui espérait que l'Eglise rendrait un résultat que lui avait échoué à obtenir. On discuta dogme, enseignement, pédagogie : Guillaume avait des idées très avancées sur le sujet. Christian buvait ses paroles sans se rendre compte du trouble qui agitait intérieurement son mentor.  

 

Cette nuit-là, le Christ-Roi leur apparut.  

Le rêve fut bref mais pénétrant : ils étaient à nouveau en haut du piton rocheux d'où Chzerk leur était apparu. Le Christ leur souriait, désignait le château ducal puis pointait un doigt plus à l'Est. Et là leur apparaissait une autre bâtisse, d'une ressemblance troublante avec la première.  

Il y avait une grande confusion dans cette demeure, une agitation perceptible, des gens en sang. Devant le parvis du château se trouvait une femme - visiblement une sorcière (Priscilla Keith) comme cette région impie avait su les multiplier.  

La sorcière jetait une malédiction à la demeure et à ses occupants.  

 

Le rêve devait s'arrêter ici. Le plus troublant pour eux fut le fait qu'il l'ait partagé. Ce n'était pas la première fois que Guillaume voyait le Seigneur mais Christian, lui, en fut profondément troublé.  

Dans la matinée, l'homme d'église sollicita un nouvel entretien avec le Duc. On lui dit que ce dernier était parti à la chasse pour la journée.  

Dehors, il s'était mis à pleuvoir. Tandis que Christian priait dans leur chambre pour le salut des âmes qu'ils avaient vues en songe, Guillaume partit à la recherche de la bibliothèque.  

 

Il la trouva en compagnie de l'intendant qui repartit à ses occupations. Mal entretenue, poussiéreuse, sans fenêtre. Armé d'une bougie, il consulta les registres et les documents familiaux du Duc.  

Quel âge avait-il ? Un âge avancé probablement, il était canonique : 50-60 ans ? Se pouvait-il qu'il fut né avant le décès de Báthory ? Se pouvait-il qu'il fut le fils de cette dernière ? Il en frissonna.  

 

Et si elle n'était pas morte ? Elle n'avait jamais donné descendance à Ferenc I Nádasdy, son mari, et la femme qu'ils avaient vue hier portait une ressemblance troublante. Ce pouvait-elle qu'elle fut alors une Báthory mais pas la Báthory ? Pas sa fille (elle aurait eu une cinquantaine d'années, l'âge du Duc) mais une petite-fille ?  

 

Cette seule pensée lui souleva le coeur : le passif de Báthory était de l'histoire ancienne mais restée à jamais gravée dans la chair de l'Eglise. Si elle avait survécu, par quelque maléfice que ce soit, alors tout restait à refaire.  

Mais peut-être, tout simplement, que son imagination lui jouait des tours...  

 

Une autre malice ?  

Il s'adressa à Dieu dans le silence pesant du lieu : il relèverait son défi et résoudrait cette énigme.  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une série A historique (Thriller) de Alan Caine

Sam Boston

Gaëlle Wilson

Blaise Atouva

Margot Broughton
Avec la participation exceptionnelle de Barry King, Priscilla Keith
Musique par Clarisse Botton
Sorti le 04 décembre 2021 (Semaine 883)
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