Quelque part dans l'immensité de la jungle mexicaine, vers 1510.  

Là, tout n'est que végétation luxuriante. Partout, elle pousse. Des arbres tous plus touffus les uns que les autres, de plus en plus hauts, certains donnent même l'impression de toucher le ciel capricieux de la région. Et puis, voilà comme un choc: une clairière énorme, où une véritable cité semble s'être construite autour du grand temple. Les gens sortent de partout, ramenant avec eux les produits de la chasse, de la pêche ou encore de la cueillette, pendant que ceux restés sur place continuent d'agrandir encore la splendide cité. Soudain, un personnage que l'on devine haut-placé de par son accoutrement riche, paré de multiples plumes d'aigles et d'autres bijoux, sort sur la place. Il monte quelques marches du temple avant de se retourner et de crier au peuple qui le regardait:  

- Elle est née!  

Puis, il disparut.  

Quelques années plus tard.  

Et Elle avait bien grandi. Tout comme l'agitation qui régnait partout dans la cité. Il faut dire qu'il se murmurait fortement que les Espagnols étaient aux portes de Lezotlan. Certains, gagnés par la peur, avaient été tout simplement sacrifié, pour les dieux, mais surtout pour calmer le peuple. Le tout jeune roi Popatlan (Duckas Batson), avait donc bien du mal à calmer les esprits. Et elle, Itchlan (Adélaide Lynch), grandissait dans cette pagaille envahissante. Aussi, il fallait dire que personne ne pouvait nier que malgré son très jeune âge, la petite fille avait une importance peu singulière. Elle était malgré tout imperméable aux rumeurs la concernant. Si seulement s'en eut été.  

Car depuis sa naissance, tout le monde savait. Elle était inespérée, c'était elle qui avait le pouvoir de conduire son peuple en déclin vers un renouveau plus glorieux encore. Personne ne lui avait avoué qui elle était vraiment. Et elle ne s'était toujours pas révélée. Même pas à elle-même. Alors qu'elle travaillait tranquillement aux côtés de sa mère, une clameur inquiétante s'éleva alors. Tout le monde arrêta ce qu'il était en train de faire, et ce qu'il aperçurent fut plus qu'une vision d'horreur pour eux. Des hommes en armures marchaient, d'autres étaient sur de drôles de bêtes qui avançaient pour eux. Ils tenaient des armes bizarres: des fusils. Les conquistadors envahissaient la cité de Lezotlan. Alors, les Guerriers Aigles s'empressèrent d'aller à leur rencontre, la peur faisant soudainement place à l’orgueil et au courage.  

Et il fallait croire que le courage aztèque réussissait à repousser les espagnols hors de la cité pour le moment. La bataille avait été d'une incroyable intensité. Des vagues déferlantes de Guerriers fondaient inlassablement sur les espagnols, pris de court, et qui, visiblement, avaient sous-estimé les aztèques, car ils étaient venus trop peu nombreux. Le roi savait que ce répit n'était que de courte durée. Aussi, comme tout son peuple, se mit à implorer les dieux pour qu'elle se révèle enfin. Itchlan avait vu son père revenir de la bataille, le bras ensanglanté, mais il était vivant. Elle était déboussolée. Soudainement, après quelques trop courtes heures, les espagnols revenaient en nombre, cette fois-ci. Devant l'horreur et l'ampleur de la bataille acharnée, Itchlan ne se contrôlait plus. Ce fut comme si une partie insoupçonnée d''elle-même sortait de son corps, pour fondre rageusement sur les espagnols, qui, apeurés autant qu'épouvantés, battirent en retraite une nouvelle fois.  

Marchena (Leonardo Scherzo), dans son campement proche de la cité, fulminait. En plus d'avoir perdu deux batailles face à ces vigoureux aztèques, il savait que d'heures en heures, les choses se compliquait sérieusement pour lui et ses hommes. En effet, il l'avait vu de ses propres yeux: la déesse légendaire Catitcha était bel et bien sortie du corps d'une jeune fille en apparence innocente, pour fondre sur eux. Les hommes des autres cités soumises à l'Espagne n'avaient donc pas menti. Et maintenant, gagner par la force semblait bien compliqué. Place à la ruse.  

Le lendemain, comme par hasard, la cité voisin envoya quelques émissaires armés à Lezotlan. Ceux-ci étaient apparemment là pour demander si le roi voulait de l'aide et si Catitcha était bien apparue. Quand on leur répondit que oui, une drôle de lueur éclaira leurs yeux. Les émissaires rentrèrent chez eux, en promettant de ramener une armée amie. Mais la nuit venue, la ruse et la traîtrise aidant, les «émissaires» rentrèrent dans la cité endormie. Là, ils se dirigèrent tout droit vers la maison de Itchlan, et l'emmenèrent dans son sommeil agité. Pour la livrer aux espagnols.  

Marchena, seul dans sa tente, ne dormait pas, malgré l'heure avancée. Il attendait impatiemment le retour des hommes qu'il avait payés pour qu'il lui ramène la fille, qui à cette heure-ci, n'avait pas encore pleinement conscience des pouvoirs qu'elle détenait. Soudain, un vacarme à réveiller les morts se fit entendre et il sortit précipitamment de sa tente. Les traîtres lui ramenait la fille, qui se débattait rageusement. Soudain, ce fut comme si toute la rage qu'elle contenait en elle explosait. Les hommes lâchèrent prise, avant de mourir, comme étranglés par une main invisible. Itchlan se redressa et aperçut les yeux de Marchena qui la fixaient. Il sourit avant de s'emparer d'elle et de l'emmener dans sa tente, inconscient du danger. Ou aveuglé par ce dernier.  

L'interrogatoire n'avait rien donné. Marchena s'énerva: elle ne voulait pas coopérer. Elle lui disait qu'elle ne savait même pas comment elle faisait ça. Juste quand elle était en colère, cela venait tout seul. Elle ne voulait pas l'aider à briser les siens, et il ne savait pas si la force suffirait à la convaincre. Il restait là, songeur. Et Itchlan s'en aperçut et en profita. Elle s'enfuit en courant, le long d'un chemin terreux menant vers sa cité, Marchena sortit vite, sortit son pistolet et l'abbatit froidement. Ce n'était qu'une fillette.  

- Mieux vaut qu'elle soit morte qu'elle soit avec eux.  

Mais ce qu'il n'avait pas vu, c'est que la déesse avait déserté le corps inerte de Itchlan et s'était envolé vers la cité. La lutte allait reprendre, inégale et revancharde.