Suite de La petite fille.  

Joue avec la mort. La plus part du temps, c'est elle qui gagnera.  

Elle était devenue une femme. Pauline (Jessie Altman) avait voulu jouer. Mais évidemment, elle avait perdu. Mais aussi, qu'avait-elle réellement perdu? Ses parents étaient morts, elle n'en pouvait plus de vivre. C'est donc la vie dans l'âme qu'elle s'en alla mourir. Presque gaiement. Quand elle repensait à tout ce qu'elle avait subi, à tous ceux qu'elle avait perdu, elle se sentait presque heureuse de pouvoir les rejoindre. En plus, de ce qu'elle avait vu la première fois, la mort se rapprochait beaucoup plus du paradis que sa vie. Elle montait alors tranquillement vers les cieux apaisés, comme si ce don mortuaire satisfaisait enfin la soif de mort de ceux d'en haut. Elle arriva en vue d'un endroit qu'elle connaissait bien. Mais son paradis était un peu différent de la dernière fois qu'elle était venue.  

Le paradis que l'on montre n'est pas forcément celui rêvé.  

Pauline pénètre en ces lieux désormais sombres, mais qui jadis, était on ne peut plus radieux. Mais, comme un rayon de soleil dans les ténèbres, elle les aperçoit. Ses parents (Vincent Horner et Bianca Rasmusson) se tiennent debout dans la pénombre. Pauline accourt vers eux, les larmes à ce qu'il lui reste d'yeux. Et là, elle laisse ses émotions sortir, elle fond en larmes dans les bras de ses parents. Après de longues minutes passée à pleurer son atroce passé, elle releva la tête. Et surprise: ses parents ne semblaient pas en meilleur forme qu'elle auparavant. Le visage atrophié, la mine défaite malgré le bonheur de revoir leur fille, ils n'étaient pas beaux à voir. Et Pauline croyait voir en eux son reflet d'antan.  

Les retrouvailles dans la mort ne sont jamais heureuses.  

Malgré tout, Pauline essayait de ne rien montrer. Elle cachait son inquiétude vis à vis de ses parents. Sur le chemin de la maison, ces derniers avaient voulu la rassurer. Ils lui avaient dit que ce n'était que quelques amusements entre amis, que de toute façon, tout le monde était comme ça. Ça, Pauline aurait pu s'en apercevoir seule. Les «gens» qu'elle rencontrait avaient tous une tête plus horrible les uns que les autres. Ses parents avaient beau lui dire que tout allait bien elle n'en croyait pas un mot. Et pire: en arrivant près de la maison, sa maison, elle étouffa un cri de stupeur et d'horreur. La bâtisse que se tenait devant elle était délabrée, trouée de partout. Il n'y avait plus que quelques tuiles sur le toit. Il n 'y avait plus qu'une planche de bois en guise de porte d'entrée. Et l'intérieur était pire encore. Mangé aux mites, il sentait...la mort.  

Quand la perspective de se venger d'elle apparaît...  

On est tenté. Et Pauline l'est. A l'intérieur, ses parents lui ont avoué que c'est bien la mort qui les a transformés comme ça, comme de véritable esclaves déshumanisés. Dès lors, Pauline cherche donc un moyen de se venger. Un moyen de faire mal à la mort et de s'en libérer. Cela faisait maintenant une bonne horrible semaine qu'elle était ici. Un jour, elle accompagnait ses parents à la corvée matinale, généralement, c'était de choisir qui mourrait aujourd'hui. Et celui qui ne voulait pas obtempérer avait obligatoirement un châtiment. On ne le revoyait jamais. Sur le sentier qui les y menait, ils rencontrèrent les oiseaux de la Mort: les corbeaux. Mais bizarrement, ils ne restèrent pas corbeaux longtemps. Ils se transformèrent en d'horribles créatures, que l'on aurait bâties pour torturer. Et les premiers à subir furent les parents de Pauline, sous ses propres yeux. Horrifiée, elle regardait la scène sans pouvoir intervenir, quand une petite voix envoûtante se glissa à son oreille.  

- Tu veux te venger d'elle, n'est-pas?  

- Oui.  

- Quand l'ombre envahit la cité, la tête est chauve dans son cercueil..  

Et la voix disparut, laissant Pauline seule dans ses pensées. Et vite, elle s'empressa d'aller chercher ses parents, abandonnés par les corbeaux.  

...On ne peut pas l'ignorée. Et l'on cherche à comprendre.  

Pauline ne sortait plus depuis des jours, comme ses parents, encore sous le choc de leur torture publique et gratuite. Mais Pauline était plus troublée par les mots qu'elle avait entendu. Tout se passait dans sa tête, elle en était sûre. Et puis, elle se disait qu'il fallait qu'elle réussisse. Elle n'avait qu'à regarder ses parents pour s'en convaincre. Quand l'ombre envahit la cité? Pendant la nuit, sûrement. La tête chauve est dans son cercueil? Ici, le cercueil, c'est plus le lit, mais la tête chauve alors ? Cela faisait des jours qu'elle cherchait ce que pouvait bien être cette tête chauve. Entre-temps, elle avait appris beaucoup de choses sur l'endroit. Que la Mort les surveillait tous de sa maison à l'entrée de cet enfer, que... La maison de la Mort. Y aller faire un tour serait peut-être intéressant, non ? Elle attendit la nuit.  

Quand on veut se venger d'elle...  

Pauline avait emprunté le même chemin sinueux et caillouteux qu'à l'aller. Mais cette fois-ci, elle voulait trouver la maison de la Mort. Car elle ne l'avait pas aperçut en arrivant. Arrivé au bord de l'enfer, elle la trouva. Comment avait-elle put la manquer? Elle était gigantesque. Bien qu'elle se fondait parfaitement dans le noir, on pouvait distinguer ses sombres contours. Une sensation envahissante de dégoût prit alors Pauline à la gorge: la maison semblait faite de cadavres. En faisant le tour, Pauline aperçut une fenêtre ouverte. A l'intérieur, sur un atroce lit d'os humains, une silhouette mince semblait dormir. Le capuchon était baissé et l'on pouvait voir le crâne chauve, sans défense de la Mort. Le tête chauve! La voici.  

...La Mort nous a presque toujours par la ruse et la traîtrise.  

A peine Pauline eut elle pénétré dans la pièce que la Mort se réveilla et se dressa face à elle.  

- Pauline, Pauline... Tu pensais pouvoir m'avoir dans mon sommeil...Mais ne t'est-il pas venu à l'esprit que la voix dans ta tête ne pouvais être que moi, ta meilleure ennemie? Pourtant, tu aurais dû t'en douter.  

- Qu'est que tu vas me faire?!  

- Je t'ai attiré ici pour en finir avec toi...  

A ce moment, l'air se déchira et une lumière aveuglante envahit la pièce. Pauline eut juste le temps de voir s'éloigner la Mort avant qu'elle-même ne disparaisse dans cette lumière.  

Elle ne savait pas ce qui se passait. Elle ne savait pas où elle était. Peut-être ne savait-elle même plus qui elle était...  

La Mort: Voix de Patrick Vrana.