Il est tard, plus de minuit. Le ciel gronde au-dessus de l'île de Marnan, petite étendue de terre au milieu du grand océan, d'humeur dévastatrice aujourd'hui. En effet, les vents violents soulèvent l'eau qui forme des vagues d'une hauteur impressionnante. La pluie tombe sans relâche depuis des heures. Derrière la fenêtre de sa chambre, Amandine (Lisa Clausen) observe toute la beauté et la puissance de l'orage qui se déchaîne. Elle scrute l'horizon depuis un bout de temps, comme scotchée par ce qui se passe au-dehors de la grande bâtisse sombre où elle réside, incapable de déposer son regard ailleurs que sur la houle des vagues. Elle était sensée dormir, mais elle n'y arrivait pas. Pour s'apaiser et trouver enfin le sommeil, elle avait décidé de regarder cet orage. Mais une chose étrange se produisit et fit loin de l'apaisée. Précipitamment, elle attrapa son téléphone portable, encore allumé sur son bureau en chêne, et composa le numéro habituel.  

- Oh, je sais pas trop. Tu sais, avec cet orage, c'est pas très prudent...  

- Mais je te dis que je l'aie vue!  

- Bon, mais les garçons viennent avec nous, alors.  

Quand Amandine l'avait appelée pour lui dire ce qu'elle avait, Jessica (Lydia Jurmann), sa meilleure amie, n'était pas très rassurée. Mettre les barques à l'eau pour traverser l'océan et atteindre une île proche... Dangereux, surtout par cette nuit orageuse. Mais de quelle île parlait-elle. Il n'y avait jamais eu d'île en face de l'île de Marnan. Bizarre. Enfin, la présence de Damien (Derek Band) et Alex (Saul Hewitt) rassurerait à n'en pas douter les deux filles. Jessica, comme ses trois compères, quitta alors le domicile de ses parents, où elle vivait depuis dix-sept années, pour se rendre à la plage de Waloa Beach, le lieu du rendez-vous.  

Le ciel était de plus en plus sombre. Les quatre jeunes gens convergeaient vers la plage. Parfois, un éclair intense striait le ciel, accompagné de suite par le vacarme assourdissant du tonnerre. Tous étaient maintenant sur la plage. Les filles hésitaient. Les garçons se voulaient rassurant, bien qu'ils ne se sentaient pas plus rassurés que ça. Mais à bien y regarder, dans chaque paire d'yeux qui scrutaient l'obscurité, on pouvait y voir luire l'excitation de l'aventure.  

- Alors, on y va? demanda Alex.  

- On y va, répondirent l'ensemble du petit groupe.  

Tous se dirigèrent alors vers l'océan troublé, et grimpèrent dans la barque de bois de Damien, à peine assez grande pour eux quatre. Amandine, qui avait aperçut cette mystérieuse île, dirigea la barque et ses occupants face aux flots, vers l'île inconnue.  

La traversée n'avait pas été de tout repos. Malgré la relative courte distance qui séparait Marnan de ce lieu, les passagers avaient été freinés et secoués par les vagues coléreuses. Jessica ne se sentait pas bien quand elle posa pied à terre. Pas du sable, d'ailleurs. Ni des galets. Non, simplement de l'herbe, de l'herbe encore humide de la pluie diluvienne qui était tombée, et qui, de façon aussi incompréhensible que soudaine, s'était arrêtée en même temps qu'ils étaient arrivés.  

- Oh, regardez! s'écria Alex.  

D'un même mouvement tous se retournèrent pour contempler ce qu'Alex montrait du doigt.  

- Qu'est-ce qu'il y a? Tu veux nous faire peur? railla Amandine.  

- Mais non, on ne voit plus notre île! Marnan a disparu!  

Et en effet, la petite île de Marnan, leur île, pourtant si proche et encore visible avant d'accoster, ne l'était plus. Il n'y avait pas non plus de brouillard. Il fallait se rendre à l'évidence: elle avait disparu.  

Le groupe d'adolescents avait tout essayé. Repartir par la mer? Il n'y avait plus de mer, partout, à perte de vue s'étendait cette herbe grassouillette, encore fraîche et humide.  

- Avançons, soupira Amandine.  

Le petit groupe se mit à marcher, dépité et inquiet de la tournure que prenait les évènements. A mesure qu'ils avançaient, il semblait que le paysage changeait. L'herbe, puis des galets, des feuilles mortes, un enchevêtrement de branches foudroyées se succédaient sous leurs yeux ébahis. Tous étaient attirés par la magie de ces lieux, quand Amandine se retourna pour voir si tout le monde était là. Damien avait disparu!  

- Merde, c'est pas drôle si c'est une blague!  

- Il est peut-être parti pisser?  

- Je sais pas, appelons-le .  

Mais ils eurent beau crier, jamais Damien ne leur répondit.  

Les trois personnes restantes – Amandine, suivie par Alex puis par Jessica -, commençaient sérieusement à s'inquiéter pour leurs vies et celle de Damien. Mais ils se résolurent à continuer à marcher, dans l'espoir, certes vain, de faire une heureuse rencontre salvatrice. Une forêt épaisse défilait maintenant devant eux, où se mêlaient les hululements des chouettes et leurs pas saccadés, à l'image de leurs personnes: ravagés. Cela faisait maintenant quatre heures et quelques minutes qu'ils étaient ici, dans cette île, piégés comme des rats, à la recherche d'une sortie. Mais là, à cet instant Amandine aperçut une maison. Peut-être étaient-ils sauvés?  

Ils s'approchèrent tous les trois, déterminés, cette vision rassurante les ayant galvanisé. Avant de frapper à la porte, ils admirèrent la maison. Elle était relativement petite. Quatre murs de briques rouges entouraient la petite porte, galbée et tenant difficilement sur ses gonds. Les toit était lui on ne peut plus naturel, fait par le feuillage touffu et compact des grands feuillus alentours. Alex arracha tout le monde à la contemplation de la maison et frappa à la porte. Rien, personne. Aucun bruit. Il frappa de nouveau. Toujours rien. Il recula de quelques pas et enfonça la porte avec son épaule.  

Le groupe avait pénétré dans la maison. Ici, tout sentait le moisi, le renfermé, comme si le propriétaire des lieux était mort depuis longtemps. A regarder la décoration, ou ce qu'il en restait, plutôt la propriétaire. Les murs avaient une teinte rose saumon, parcourue par moment par des éclairs bleutés. La magie n'avait pas quitté ces lieux, par contre. Une lumière douce et changeante éclairait paisiblement la pièce principale. Tous étaient émerveillés.  

L'attention de Jessica avait été attirée par un livre magnifique, relié de cuir et où l'illustration de la couverture avait été réalisée à la feuille d'or. Bien évidemment, l'image bougeait. Jessica ouvrit soigneusement l'ouvrage et commença sa lecture.  

Un jour, la jeune Comtesse de Marnan, éprouvée par la rupture brutale avec son mari, tué dans une bataille sur le continent, prit un petit canot et se laissa porter par les flots, avec la ferme intention de se laisser mourir. Mais sa frêle embarcation toucha terre sur une île inconnue. Intriguée, elle mit pied à terre et avança. Elle rencontra par la suite la fée de l'île. Cette fée était la gardienne de l'île magique, elle était destinée à rester ici jusqu'à ce qu'une personne vienne s'y perdre. Cette personne prendra le relais. Et ainsi de suite. La Comtesse devenue donc la fée de l'île et hérita des pouvoirs de sa prédécesseur, qui put enfin sortir de l'île et reprendre une vie normale.  

Quand Jessica releva les yeux, le livre se trouvait toujours devant elle, mais elle avait changé de pièce. Une atmosphère douce mais pesante pesait dans ce lieu enchanté. Elle se retourna et aperçut ses trois amis. Damien était là aussi.  

- Ne dis rien. J'ai été aspiré par un trou dans le sol tout à l'heure, dans la forêt, dit Damien.  

- Et vous? demanda Jessica aux deux autres.  

- Envoutés jusqu'ici par un chant mélodieux, dans la petite maison. On s'inquiétait pour toi!  

- Mais où sommes-nous? se demandèrent-ils en chœur.  

A ce moment, une personne resplendissante apparu dans la pièce. Elle irradiait tout ce qu'il y avait à proximité par sa beauté.  

- Je suis la Comtesse devenue fée. Comme dans la légende que tu as lue, Jessica. Tu te doutes de la suite? L'un de vous va devoir rester jusqu'à ce que quelqu'un d'autre se perde.  

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Scénario : Delmax  

Musique : Erik Badalamenti  

A noter que la fée est jouée par Juliette Strawberry, qui fait son apparition dans l'ultime scène.