Jaceb [Penrisik] (Max Jarre) est seul dans son salon de sa grande maison de Presov. Il est l'un des rares slovaques à avoir réussi à ce point. Il est en quelques sortes l'honneur de tout un pays, une idole pour certains. Car Jaceb est footballeur. L'attaquant slovaque, qui est aussi le capitaine, c'est lui. A 33 ans, sa carrière semble prendre fin. Mais avant cela, il lui reste un seul objectif, un seul défi: qualifier son équipe pour la coupe du monde 2022, au Canada. Et cela passe par une victoire dans une semaine face à l'Italie, à Bratislava. Ensuite, il pourra penser à raccrocher les crampons. Mais, chose étrange pour un tel joueur, sa page wikipédia est assez peu renseignée. Surtout sur son enfance et sa «jeunesse d'adulte». Personne ne connaît cette période de sa vie. Pas même Jaceb. Il est amnésique et le sait. Les seules choses qu'il ne sait plus, c'est ce qui c'est passé entre sa naissance et aujourd'hui. En fait, sa vie a commencé lorsqu'il avait 21 ans. Ou lorsqu'il croyait avoir 21 ans.  

Peu lui importait maintenant. Il avait réussi sa vie, en tous points. Et puis le mystère faisait aussi parti de la vie des grands hommes. Et de toute façon, il ne gardait aucune trace, aucun souvenir de sa vie d'avant.  

- Bonjour mon garçon, comment-appelles-tu ?  

- Je..Je ne sais pas monsieur.  

L'homme qui s'adressait à lui avait une bonne cinquantaine d'année. Malgré son ton qui se voulait rassurant, il n'avait pas confiance en lui. La faute à sa blouse blanche et immaculée ? Peut-être... L'homme recommençait avec ses questions.  

- Tu sais où tu habites ? Qui sont tes parents ? Si tu as des frères ? Des sœurs ? Des a...  

- ARRETEZ ! Je ne suis plus un enfant, ne me parlez pas sur ce ton comme si j'étais débile !  

- En attendant, moi je sais qui je suis... Et je ne me suis pas perdu sur le seul sentier d'une forêt, une nuit d'orage !  

Voilà. Pour Jaceb, voilà à quoi ressemblait sa naissance. Il ne se souvenait de rien avant. Et la vue de ce médecin n'était pas la meilleure chose qui pouvait arriver quand il avait repris ses esprits. Mes pas ses souvenirs. Aujourd'hui, il espérait les retrouver un jour. Mais le déclic tardait à venir...  

Le grand jour était arrivé. Son dernier grand jour en tant que joueur. Slovaquie-Italie, match décisif quant à la participation – ou non – à la prochaine coupe du monde, allait se jouer à guichet fermé. Jaceb était habitué à ces chaudes ambiances et il n'appréhendait pas plus le match que ça. Pourtant son dernier.  

[…] Le stade était totalement en délire, la foule hurlait son nom. Jaceb venait de marquer l'unique but du match dans le temps additionnel. L'arbitre sifflait la fin du match. Jaceb envoyait son équipe en phase finale. Une belle façon de faire ses adieux. Il se dirigea vers les tribunes pour donner son maillot - son dernier – à un heureux supporter. Quand ses yeux se posèrent sur une jeune femme (Yaelle Immel), à la fois joyeuse mais aussi empreinte d'une tristesse dérangeante. Jaceb, au lieu de jeter son maillot dans la tribune, le donna à la jeune femme en lui murmurant:  

- On s'est déjà rencontré ?  

- N...Non.  

Pourtant, Jaceb avait la troublante sensation de l'avoir déjà vu...avant. Dans son autre vie.  

Après s'être douché et avoir fêté la victoire comme il se doit, Jaceb quittait le stade avait un petit goût de nostalgie. Quand une voix l'appela.  

- M.Penrisik ! M.Penrisik ! Attendez !  

Il se retourna et vit la femme de tout à l'heure qui le rattrapait en courant.  

- M.Penrisik. Je crois que vous avez oublié ça!  

Elle lui tendit son maillot qu'il lui avait donné. Il rit.  

- Oh, mais je vous le donne ! Il est à vous ! Entre vos si jolies mains, il est encore plus beau !  

- M...Merci ! Moi c'est Maria. Maria Sedlacek.  

- Voulez-vous que je vous raccompagne, ma chère Maria ?  

Jaceb était rentré chez lui, après avoir ramené Maria chez elle. Maria...Elle lui faisait tourner la tête. A plus d'un sens. Déjà, elle était très belle, et lui n'était pas insensible à son charme, et inversement. Mais comme lui, elle semblait troublée en sa présence. Et il y avait cette constante marque de tristesse sur son beau visage. Un trouble dans son enfance ? Il ne savait pas. Ce qu'il savait, c'est que cette fille lui rappelait son passé jusqu'alors inconnu. Très vaguement, certes.  

Cette nuit, il dormit mal, malgré la victoire. Il n'avait pas arrêté de penser à Maria. Aussi, le jour-même, décida-t-il de l'appeler. Ils se donnèrent rendez-vous au café du coin (Jaceb restait encore quelques jours à Bratislava avant de repartir chez lui).  

- Bonjour Maria !  

- Bonjour Jaceb. Je peux vous appeler Jaceb?  

- Oui, oui. Maria, une chose m'intrigue chez toi. Je suis amnésique et...tu me rappelles ma vie...d'avant. Et aussi, à quoi est due ton apparente tristesse ?  

- Je...J'ai du mal à en parler...J'étais toute petite quand...un homme est entré chez nous. Il a tiré sur mon père, puis a...poignardé ma..ma mère. Je...Il m'a vue et...  

- ...Tu t'es enfuie.  

Jaceb revoyait la scène. Il avait enfin retrouver son histoire, sa vie d'avant. Il s'en serait bien passé vu quelle vie il menait. Ce soir là, le temps était à l'orage. Il marchait d'un pas soutenu vers la grande demeure isolée en pleine campagne des Sedlacek. Il poussa le lourd portail de fer forgé et pénétra dans le jardin. Il frappa deux coup à la porte et plongea sa main dans son ample manteau. L'on ouvrit.  

- Gregorz ! Que fais-...  

Puis le bruit d'une balle. Sedlacek père (Vincent Kellaway) s'écroule, une balle entre les deux yeux. Des voix où résident une inquiétude résonnent à l'étage. Il avance dans la maison et tombe nez-à-nez avec la mère (Morena Goodwin).  

- Salope !  

Un, deux, trois...vingt-sept coups de couteau. La femme tombe à son tour, dans une marre de sang. Son sang. Un cris résonne. Il lève les yeux à l'étage et aperçoit la petite fille du couple, Maria. Il la regarde puis va la chercher. Elle ne doit pas avoir plus de 5 ans. Il lui montre les cadavres sanguinolents de ses deux parents, en riant comme un démon.  

- Tu vois Maria, il faut toujours m'écouter. Toujours. Tes parents n'ont pas compris. Tant pis. Je leur avait dis de ne rien dire à la police quand à mes actes. Ils m'ont trahis, eux, mes amis. Mes anciens amis.  

Il s'éloigna, laissant la fillette à genoux devant les corps sans vie de ses parents, avant d'ajouter:  

Si tu à soif, tu peux toujours boire leur sang...  

Puis il s'en alla, pour de bon cette fois, laissant derrière lui deux cadavres et une jeune âme déchirée. Pas autant que la sienne. Dans la forêt, un coup de folie le prenait. Il voyait le Diable qui l'accueillait en Enfer. Il délirait totalement en fait. Son cerveau n'en pouvait plus, il «s'éteignit» et Gregorz s'affaissa dans la boue. Quand il se réveilla, il ne se souvenait plus de rien.  

- Maria, je suis désolé.  

Maria comprenait. A ce moment, elle...