Le Royaume-Uni du 21ème siècle.  

Chad (Chris Henriksen) a un mal de vivre féroce chevillé au corps. A 17 ans, il ne sait pas trop quoi faire et glande. Déscolarisé, ses parents (pourtant socialement intégrés) ont abandonné l'idée qu'il ferait des études : son dossier de bourse, il ne l'a même pas renvoyé. Chad s'ennuie, comme beaucoup de jeunes de son âge.  

Alors il "zone", arbore des "fréquentations" peu scrupuleuses, et multiplie les nuisances sans gravité sur son entourage. Sans gravité apparentes mais qui, répétées quotidiennement et inlassablement, deviennent une vraie plaie pour le voisinage.  

Un soir, alors qu'il circule sur un scooter "prêté" qu'il a repeint et 'tuné' à sa manière, il est bousculé par un père de famille au regard fou qui en a marre de le voir rôder. Chad sait que la loi protège les mineurs et qu'un adulte n'osera pas…  

… Mais si, l'homme ose : visiblement, il n'a rien à perdre.  

"- SALOPERIE !! QU'EST-CE QUE TU AS FAIT À MA FILLE !??"  

Le mec a visiblement bu, il doit le confondre avec quelqu'un d'autre : Chad, la dernière fois qu'il a niqué, c'était dans une cave et il n'a pas vu le visage de la nana. Il n'a rien fait de mal, juste suivi le mouvement… Comme les autres.  

L'adulte fait tomber son scooter et sort un cran d'arrêt. Chad n'est pas armé. Uh-oh - il prend ses jambes à son cou.  

Mais celui qui le poursuit, on l'a dit, n'a rien à perdre, et une force plus puissante le transcende. Il le plaque violemment au sol, lui prend la tête entre les mains et commence à la lui fracasser sur l'asphalte.  

Au bout du second choc, il n'entend plus rien.  

Il se réveille dans une chambre blanche. Autour de lui, ses parents et un policier venu l'interroger. Un féroce mal de tête le lance. Sa mère pleure dans les bras de son père. Ca craint, il n'aime pas que les adultes se donnent en spectacle.  

Toujours dans le cirage, il n'entend que des bribes de ce que le flic lui annonce. Visiblement, il a du faire une grosse bourde. Enfin, pas lui : sûrement les autres.  

OK, peut-être deux-trois trucs ces derniers temps - mais bénins. A ses yeux en tout cas. Aux yeux de ses potes. D'ailleurs, où sont-ils ?  

Deux jours passent. Il se remet un peu mais l'autre l'a vraiment envoyé dans les choux. Le deuxième jour, on lui repasse son portable. Pas un message, pas un seul SMS de ses potes. Ses bons potes, ceux avec qui il aime trainer.  

Quelle bande de losers. Il passe deux-trois coups de fil et avoine leurs messageries d'insultes  

Le même jour, le flic revient : ses copains ont "parlé". "Parlé" ? Mais de quoi ?  

Ils ont tout lâché, le chargent à mort, font de lui leur leader influent : à présent, Chad est dealer de drogue (ouais, c'est vrai, de temps à autres - mais juste pour dépanner), un criminel ultraviolent (c'est pas pour les deux-trois vieux qu'il a "bousculés" pour leurs économie, faut pas exagérer) et un violeur récidiviste (toujours avec ses potes sur ces bons coups, mais il les connaissait même pas, ces meufs - d'ailleurs, elles en voulaient...).  

L'inspecteur termine en précisant qu'il risque 25 ans de taule pour tous ces chefs d'inculpation. Deux autres flics rentrent dans la pièce et le font se lever.  

Il est transféré dans un bloc pour mineurs du comté. Il reprend à peine ses esprits qu'on énonce les charges contre lui. 25 années de taule… Et encore, s'il plaide coupable.  

Mais il a rien fait, lui ! Enfin, il ne pense pas… Les Français appellent bien ça des "incivilités" ou des "excentricités", alors, quoi !!  

Il est jugé en comparution expresse, coupable idéal dont le système ne tarde pas à se débarrasser : malgré les pressions de son avocat, il refuse de reconnaître les faits. En 15 jours, sa vie a basculé dans les rouages d'une machinerie judiciaire implacable. Il rentre dans le monde des adultes de plein-pied.  

Au même instant, quelque part dans un bureau du Ministère de la Justice, son nom et sa photo apparaissent sur une liste.  

Trois semaines après le début de la procédure, surprise : la peine est commuée en 5 ans d'internat à Hildelborrow.  

Hildelborrow, un internat pour mineurs situé dans l'île du même nom dans les eaux internationales au large de l'Irlande. Son avocat a réussi in extremis à convaincre les juges. On ne dit jamais assez de bien des avocats commis d'office.  

Ses parents n'étaient pas à l'audience le soir du jugement. Eux sont convaincus que Chad a toujours été coupable de ce dont on l'accuse. Ils pleurent le deuil de leur fils perdu.  

Une fois le jugement rendu, Chad a à peine le temps de remercier l'avocat qu'il est enfermé dans un bus en compagnie d'une vingtaine d'autres jeunes délinquants, direction l'aéroport. Ils sont pris en charge dans une aile spéciale réservée aux reconduites à la frontière. Les formalités expédiées, ils se retrouvent à l'arrière d'un "coucou tape-cul" qui a du mal à décoller et dont le pilotage file la nausée à la moitié des passagers.  

Deux heures et demi de voyage aérien mouvementé plus tard, ils atterrissent enfin. Hildelborrow. Il est minuit.  

Le vent qui les accueille est glaciaire. Le comité d'accueil est constitué de colosses en armures anti-émeutes, chien-loups en laisse et une matraque électrique dans l'autre main. Chacun de ces gars arbore une lampe-torche sur la tête qui les éblouit. L'homme de tête aboie ses ordres...  

"- EN RANG PAR DEUX !!!"  

Les jeunes gens, qui ne se sont ni restaurés ni n'ont pu aller aux toilettes, commencent à protester vigoureusement. Chad la ferme : cette fois, il le sent mal.  

Son silence le sauve. Le premier qui a haussé le ton est sorti du rang, plaqué au sol et trois des brutes qui les ont accueillis commencent à le tabasser. Il ne se relève pas. Le 'chef' prend alors un revolver et l'abat d'une balle en pleine tête. Il se tourne alors vers les autres :  

"- AVANCEZ !" Les chiens grognent et commencent à se montrer menaçants. La petite troupe s'exécute.  

On leur désigne le seul chemin par lequel on arrive à l'aérodrome de Hildelborrow. Chad n'a pas le temps de se poser de questions (pourquoi, comment ?) et obtempère docilement.  

"- PLUS VITE !!!"  

Les hommes en armures commencent à trotter, poussant les adolescents à coups de matraque. Dans le froid, cette course devient particulièrement pénible, Chad n'est pas sportif pour deux sous et il était à l'hosto il y a encore un mois. Autour de lui, il capte des regards inquiets tandis qu'ils s'engouffrent dans une obscurité à peine percée par les Mag-Lite frontales de leur "comité d'accueil". Certains pleurent, d'autres se sont pissés dessus.  

La course dure un petit quart d'heure durant lequel Chad passe par tous les stades de l'angoisse. Quand les murs de l'institution se dessinent enfin dans l'éclat de la lune, il ne sait plus s'il doit prier pour son salut ou remercier le Seigneur. Sur cette île plate, le grand bâtiment a été édifié sur la seule colline. Ils n'ont pas croisé d'autres habitations, on peut donc en conclure qu'Hildelborrow est la seule trace de vie humaine ici, avec l'aérodrome.  

5 ans ici. Et dire qu'il a signé...  

Ils rentrent en silence dans la grande cour principale, à la fois essoufflés et complètement hagards au milieu des aboiements des chiens de guerre qui leur vrillent les tympans. Au balcon, une femme observe la scène.  

Cette femme est Catherine Lang (Eleanor Rasberry), dite "La Grande Catherine" pour ses pensionnaires. Grande par l'intelligence et le carnet d'adresses. Grande par sa capacité à convaincre, à éduquer, à discipliner l'insoumis, le farouche, le rebelle.  

Grande par son imagination sans limite… dans la cruauté.  

Au-dessus du portail qui s'est ouvert devant les pensionnaires à leur arrivée, la devise d'Hildelborrow : "Amour Respect Obéissance".  

(Script original)