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MMP présente
Zero Hour

12 mars 2011, New-York City, USA.  

Les images défilent en boucle sur les écrans HD du centre commercial. Toshiro Kanamuza (Vivian Wryn) les regarde, comme hypnotisé. Il a bloqué les programmes sur les chaines d'information continue. Ici, il dirige le rayon Hifi-Vidéo du magasin de cette grande chaîne commerciale. Sendai. Ses parents vivent à Sendai. Ils ont 94 et 98 ans. Deux ans qu'il ne les a pas revus, se contentant de temps à autre d'un mél à leur attention.  

Tremblement de terre - magnitude 9 sur l'échelle de Richter.  

Tsumani - une vague de 15 mètres de hauteur sur 300 kilomètres de côtes.  

Le risque nucléaire : la région de Sendai dispose de nombreuses centrales le long du littoral.  

La neige à venir.  

 

Un frisson traverse le commercial. Autour de lui, les employés, gênés, aimeraient bien passer sur E! ou Nickelodeon mais Toshiro - ici, tout le monde l'appelle "Tom", même son badge - se noie dans l'apocalypse des images et des chiffres qui parviennent en direct sur les networks. Malgré l'angoisse, il est resté travailler. Les passants et clients détournent le regard - Tom est seul dans son rayon, silhouette solitaire au milieu des écrans 120 cm.  

 

Le même jour, Tokyo, Japon  

Seiji Yamatomo (Kristen Ciani) essaye de joindre son frère à Sendai mais les portables ne passent plus et les lignes terrestres sont complètement saturées, l'internet rame.. Comme tous les habitants de Tokyo, elle est restée de marbre aux annonces de la catastrophe : le pays est habitué et Seiji, même si elle doute de son gouvernement, pense que ce dernier saura gérer la crise - une de plus.  

 

Tout à l'heure, la terre a tremblé. Deux minutes. Deux fois plus que d'habitude. Seiji a été éduquée dans l'optique du Big One, cette catastrophe qui emporterait à nouveau la capitale comme en 1925. Mais ce n'était pas le Big One : l'immeuble de son entreprise n'a pas subi de dégâts structurels, les armoires ont tremblé et les tasses de café sont tombées, rien de plus. Elle a pris les transports en commun comme d'habitude et rien n'aurait pu distinguer un changement sur le visage glabre de ses concitoyens.  

 

Les murs de son appartement à 25 minutes du centre se sont un peu fendillés mais rien de grave : dans son 20 mètres carrés loué à vil prix, Seiji se prépare à manger. Elle s'inquiète tout de même un peu pour son frère, pompier dans la région du séisme. Elle voudrait l'entendre, être sûr qu'il va bien.  

Que faire en attendant ? L'absence et le silence sont insupportables.  

 

11 mars 2011, Korube - point zéro du tsunami, Japon  

Yoshihiro (William Merzi) a vu la vague. C'était pour lui comme un message. Un message venu du ciel qui lui disait que le temps était venu.  

 

Yoshihiro a vu les gens se noyer dans leur véhicule, perdre pied dans leur appartement du 4ème étage où ils croyaient être à l'abri. Il observe à présent de pauvres hères impuissants et désespérés sur le toit de leur maison emportée par la vague. Yoshihiro voit tout cela du 15ème étage de l'immeuble abandonné qu'il squatte depuis des mois, depuis son évasion de l'hôpital psychiatrique où il résidait. Les fondations ont tenu, probable que les squatters des étages inférieurs aient fait les frais de leur imprudence. Il ne les voyait plus trop ces derniers temps. Peut-être avaient-ils compris le danger que lui, ce modeste ex-maçon, représentait.  

 

Où qu'il porte son regard à l'horizon, il ne voit qu'une masse liquide ayant déferlé, des bateaux démembrés flottant à plusieurs kilomètres de leur port d'attache, des toits de maisons, des immeubles éventrés.  

Le chaos.  

Le message.  

Yoshihiro savait que les Dieux lui apporteraient un jour le terrain favorable à sa folie. Lui, emprisonné puis traité pour sa tendance au cannibalisme (un atavisme familial disait-on, comme s'il s'agissait de le comprendre) trouvait dans ces nouvelles conditions un terrain de jeu parfait pour accomplir la volonté que ceux avec lesquels il croyait être en contact.  

Une lueur malsaine brillait dans ses yeux : plus rien ne serait jamais pareil.  

 

Le même jour, Sendai, Japon  

L'entreprise n'avait probablement pas prévu ça. Les procédures de sécurité ont été respectées - et maintenant ?  

William Harper (Mickael Glau) regarde son réfrigérateur avec inquiétude. Inutile d'aller dans une des supérettes du coin, elles auront probablement déjà été vidées. Il consulte sa montre - son épouse Mai (Anastasia Buffett) est en retard. Elle et lui travaillent pour la même entreprise de composants électroniques mais pas sur le même site. L'encadrement a fait rentrer plus tôt chez eux les expatriés mais on ne parle pas encore de rapatriement. Mai, elle, est japonaise - sûrement pas soumise aux mêmes règles.  

 

Il jette un coup d'oeil par la baie vitrées de leur luxueux appartement du centre-ville. Des rues moins animées que d'habitude : la vague n'est pas arrivée jusqu'ici et si les gens sont inquiets, ils n'en laissent rien paraître.  

"- Pourquoi avoir l'air sombre si ce n'est pour stresser le voisin ?" Voilà ce que son supérieur lui a sorti tout-à-l'heure. Le bon vieux confucianisme du respect de l'autorité et le bouddhisme de la relation à la vie, voilà ce qui fait tout le calme apparent du japonais : ils ne sont pas détachés, juste attachés à ne pas ajouter la peur à la peur.  

Ca ne se serait pas passé comme ça au Canada, pense Will. D'ailleurs, il préfère éviter de penser ce que de tels événements pourraient générer au coeur de l'Occident : la "fin du monde", des millénaristes en pagaille et des écologistes qui profiteraient impudiquement de l'occasion pour faire la morale à tout le monde.  

 

Le réseau mouline mais l'internet continue de fonctionner. Les chaines japonaises tiennent au courant la population minute par minute, se basant sur la parole gouvernementale mais les américains n'hésitent pas à en rajouter dans le catastrophisme - et sur les réseaux sociaux et de partage vidéo, c'est toute l'ampleur cataclysmique qui se révèle à lui.  

Et maintenant, que faire ? Et pourquoi Mai ne donne-t'elle pas de nouvelles ? Où est-elle ?  

 

Son usine est à 40 kilomètres d'ici. Il commence à envisager très sérieusement de prendre le vélo pour aller la retrouver.  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une série A historique (Drame) de Charles Freeman

William Merzi

Kristen Ciani

Mickael Glau

Anastasia Buffett
Avec la participation exceptionnelle de Vivian Wryn, Kaoru Emilie Liam
Musique par Nicolas Reviglio
Sorti le 14 novembre 2020 (Semaine 828)
Entrées : 24 778 648
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